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Le pari du Bon de Stéphanie Nseir Gédéon

30/04/2024|Noha BAZ

Je l’avais rencontrée la première fois un dimanche d’automne à Paris. Intriguée par un parfum de fleurs d’oranger qui flottait sur les pavés, j’avais poussé la porte du 71 rue de Sèvres situé face à l’entrée principale de la grande épicerie du Bon Marché.

 

À l’origine de la délicieuse senteur, je me retrouvais nez à nez avec un kneffeh royal qui trônait sur un piédestal en cuivre, distribuant généreusement ses effluves, entouré comme le veut la tradition de petits kaaks au sésame avec plus loin de larges plateaux de karabiges et de baklavas.

Une glacière offrant des parfums totalement exotiques complétait le tableau : Meskeh, Haleweh, Maward (eau de rose), pistaches et loukoums.

Pas de doute nous étions de plein pied à Beyrouth !



Au fond du magasin, un petit coin cafétéria encore en construction invitait à la confidence et je faisais ce jour-là connaissance avec une belle Miss Liban France 2017, tête bien faite et bien pleine.

 

C’est à cette même table que je choisis de la retrouver aujourd’hui après avoir pris le temps de tester tous ses produits et de l’en féliciter à chaque fois. Nous bavardons autour de simples sablés maison qui vous ramènent en une bouchée à tous les anniversaires de votre enfance.

 

Stéphanie Nseir Gédéon a dans son regard azur la douceur de miel et de lait de ses origines. Son sourire ensoleille en deux secondes la grisaille matinale sans laquelle Paris ne serait pas Paris.

 


« Ce lieu, Maison Sibon Paris commence t- elle est avant tout l’histoire du rêve d’une petite fille passionnée par la pâtisserie. Il y a celles qui rêvent de devenir princesses ou comédiennes. Pour ma part c’est la pâtisserie qui m’a toujours fascinée. La précision des gestes, la minutie des préparations sont indispensables en pâtisserie, travail patient auquel je m’identifie totalement.

Après l’obtention de mon diplôme de diététicienne et six années d’expérience dans ce domaine, je décide en 2023 avec mon mari Fawzi Gédéon d’allier mes deux passions, de tenter l’aventure et d’ouvrir à Paris, une pâtisserie avec des glaces aux goûts libanais en partenariat avec la Maison Si bon au Liban dont les propriétaires sont des amis de la famille. Il me tenait à cœur de faire découvrir aux parisiens les saveurs et textures des glaces et des pâtisseries de mes étés au Liban. Mon pari était d’allier les savoirs faire traditionnels des recettes retravaillées, diminuant diététique oblige, de 30% le sucre tout en gardant l’authenticité de la recette d’origine. Je voulais, à l’instar des pâtissiers français qui essayent de diminuer le sucre dans leurs gâteaux proposer pour la première fois à Paris, une nouvelle offre de baklawas. Les traditionnels sont souvent associés à l’image d’une pâtisserie très grasse, très sucrée. ”

 

Il est vrai qu’un vent « de moins gras moins sucré » souffle en ce moment sur les classiques de la pâtisserie française. Pour en avoir testé plusieurs j’avoue ne pas en avoir personnellement été convaincue et préfère en manger moins mais avec le goût d’origine. Pour ce qui est des baklavas de Sibon j’ai constaté avec plaisir que la diminution du sucre passe sans problème et qu’elle permet au goût de la pistache et des noix de cajous de tenir la vedette. Bien vu !



À ma question du lien qu’elle entretient avec la cuisine libanaise la réponse fuse immédiate pleine d’enthousiasme :

 

« J’ai eu la chance de grandir dans une famille passionnée de cuisine. Mes parents, traiteurs libanais sont installés en France depuis plus de 20 ans. C’est avec ma grand-mère que j’ai pu apprendre la cuisine et la pâtisserie. Elle m’a, avec une patience infinie, appris les gestes et les tours de main “

 

Son plat préféré ?

 

”le taboulé, l’indispensable du déjeuner familial du dimanche qui accompagne pour moi tous les plats libanais. ”

 

Sa pâtisserie préférée ?

 

”Le Halewet el jeben, qui porte bien son nom de douceur au fromage, une harmonie parfaite entre une pâte de fromage et de la crème de lait, une touche de sirop à la fleur d’oranger, une pâtisserie qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Définitivement ma préférée.”


Délicieux de l’écouter reprendre mes propres mots pour décrire cette merveille d’équilibre de goûts.

 

Délicieux également de partager et de faire largement découvrir à beaucoup d’amis son kneffeh, qui est ma pâtisserie préférée chez elle, devenue le hit des brunchs des dimanches parisiens.

 

Le jour de notre rencontre j’avais offert à Charbel le kiosquier débonnaire du carrefour Sèvres babylone, adorable fournisseur de la presse du week-end, une kaakeh kneffeh de chez Sibon pour accompagner son café. Son émotion fut telle qu’il abandonna ses journaux à un copain pendant une dizaine de minutes le temps de foncer en courant à la pâtisserie située à quelques mètres et dont il ne connaissait pas encore l’existence, pour en redemander illico trois autres ; heureux comme un patriarche en France de retrouver le goût de son keserwan natal.

 

Aujourd’hui à côté des pâtisseries Stéphanie Nseir Gédéon propose une petite gamme de mezzes tous diététiquement corrects et surveillés de très près côté qualité.

À deux pas de Notre dame du Bac c’est un miracle de plus du savoir-faire libanais à découvrir. Pèlerinage fortement conseillé. C’est Sibon !


A savoir
Si Bon Paris

71, rue de Sèvres

75006 Paris

@maisonsibon_paris

Sibon France +33 7 50 40 67 00



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