@Nochef.inthekitchen, situé à Saifi, Beyrouth, n’est pas juste un compte Instagram mais un espace vibrant de création et de résistance. Réparti sur deux étages, ce lieu unique abrite une cuisine dédiée à des événements privés, incluant un rooftop offrant une vue imprenable. En bas, un espace polyvalent accueille des expositions et des événements artistiques et culturels, tels que des performances de danse et des expositions de photographie. Entretien avec Christine Abi Azar, la fondatrice.

Christine, la visionnaire derrière ce projet, a créé un espace de cinq pièces où chaque salle évolue dans son ambiance, inspirant ainsi les artistes à sortir des sentiers battus. « L'idée est de réveiller et d'ouvrir les sens de manière expérimentale, en offrant une expérience différente, » explique-t-elle. No chef in the kitchen n'est pas seulement un espace physique, mais un terreau fertile pour la collaboration entre artistes de divers horizons. L'intégration d'une installation culinaire permanente enrichit les expositions artistiques et musicales, ajoutant une dimension sensorielle unique.

Pour Christine Abi Azar, cet espace n'est pas seulement un lieu de création, mais une forme de résistance face aux défis et aux conflits qui touchent Beyrouth. « Nous sommes constamment attaqués par des guerres psychologiques et des problèmes qui fragilisent la société. Créer ensemble une forme d'art est un mouvement de résistance, » affirme-t-elle. En unissant leurs forces, les artistes et les membres de la communauté de No chef in the kitchen défient les énergies sombres et négatives par l'expression artistique.

Avec une carrière de 20 ans en journalisme et en écriture, Christine a ressenti le besoin de créer avec ses mains. Après l'explosion du 4 août à Beyrouth, elle a trouvé refuge et sens dans la plantation d'herbes et de légumes, découvrant un profond sentiment d'accomplissement. « J'essaye de raconter une histoire à travers mes créations culinaires et événements, » dit-elle, utilisant ses compétences en storytelling pour enrichir chaque expérience gastronomique.

Le projet No chef in the kitchen, bien qu'il ait « commencé de rien », a rapidement gagné en succès grâce au soutien d'une communauté soudée. « Pour moi, le projet est déjà un grand succès car il a été créé avec une communauté qui a eu confiance en moi et en cet espace, » partage Christine. Cette solidarité donne l'énergie nécessaire pour affronter les défis et continuer à croître.

La fondatrice envisage son concept comme un espace en constante évolution, où la communauté continue de se rassembler, de réfléchir, de créer et de trouver des moyens d'expression artistique. « Nous vivons le moment ensemble, sans peur, avec la tête haute, utilisant notre énergie pour créer quelque chose de réel et protecteur » dit-elle.

Elle insiste sur l'importance de rester unis et de se battre. « Chacun de nous a un rôle à jouer dans cette société. Restons ensemble et battons-nous pour notre pays. » L'inspiration de Christine puise ses racines dans l'héritage de ses parents et son profond attachement à la terre du Liban.

No chef in the kitchen n'est pas seulement un espace artistique à Beyrouth. Christine, à travers ce projet, a créé un sanctuaire où l'art devient un acte de résistance, un moyen de surmonter les défis et de célébrer la vie. Cet espace continue d'inspirer et d'unir une communauté déterminée à transformer les adversités en œuvres d'art et en expériences sensorielles profondes.