C’est extrêmement touchant cette série de concerts que vous donnez « pour le peuple du Liban ». Quelle en est la genèse ?
L’amour que je porte à l’humain en général et au Liban en particulier. Au fond, la nature de nos motivations réside dans le bagage humain que l’on a. On peut très bien faire une carrière sans être humain et, parce que l’on est humain, on peut parfaitement ne pas faire de carrière.
Pour vous musique et humanité se confondent ?
Bien sûr ! Vous savez, j’ai commencé à faire de la musique à l’âge de six ans, d’abord pour consoler mon père qui pleurait. Ses parents et sa sœur avaient été déportés à Auschwitz en 1942 et n’en étaient jamais revenus. Donc ce métier n’était pas pour moi un métier mais une vocation. Je crois fortement dans la vertu consolatrice de la musique. Pour moi, la consolation consiste à reprendre pied pour être fort et retrouver le fil conducteur de votre propre vie.
Donc la musique c’est le discernement ?
Absolument.C’est la polyphonie c’est plusieurs notes en même temps c’est l’art d’écouter les autres c’est l’art d’être collectivement intelligent, d’accepter l’autre qui chante une tierce plus bas une tierce plus haut, c’est l’art des différences qui s’harmonisent, l’art de générer de la consonance là où les discordances pourraient prospérer. Et les discordances c’est la guerre.
La musique peut être un facteur de paix ?
La musique devrait être prix Nobel de la paix, en tant que telle. C’est le langage international. Vous pouvez être d’une langue, d’une culture, d’une intelligence d’une émotion, d’un âge totalement différents, vous êtes dans la vibration de la musique. Vous pouvez communiquer autour de la musique. C’est notre première et dernière religion celle qui peut nous libérer sans contrainte.
Vous envisagez la musique comme une forme de résistance ?
Oui, à la technocratie, à l’inhumanité, à la robotisation des gens. Je ne suis pas chef d’orchestre pour voir mon nom au haut de l’affiche mais pour essayer de faire du bien autour de moi. Comme une jurisprudence de bonheur.
Quel est le propos et l’objectif de votre manifeste ?
Aider l’ ONU à remplir sa mission. Il est destiné à tous les citoyens qui souffrent. Il est intitulé « Du désordre des nations à une terre des citoyens responsables ». Parce que la souffrance c’est le vrai ferment de la démocratie. De la souffrance peut se dégager une connaissance. Une forme d’ONU 3e génération, axée sur l’humain et non sur la spéculation des richesses et le sur-armement comme c’est le cas aujourd’hui.
Comment lui donner une visibilité ?
Tout d’abord le diffuser le plus largement possible. Il a pour vocation d’être complété, amendé, amélioré par quiconque pourrait le faire. Je voudrais réhabiliter la vertu.
Vous tablez sur une nature humaine bonne
Non je table plutôt sur la contagion. On peut mettre le virus de l’empathie c’est contagieux la gentillesse, c’est beaucoup plus durable que la méchanceté. Si on montre qu’on est heureux dans son exercice de citoyenneté ça donne l’exemple du bonheur. S’intéresser aux autres. Lâcher un peu prise. Lâcher la compétition, le machisme ordinaire qui consiste à vouloir dominer. Intégrer quelques notions de féminisme ! A force de vouloir dominer on tombe dans des délires militaro industriels.
Votre manifeste est long ?
Il est de 15 pages à lire sans préjugés. J’ai travaillé avec l’écrivain et politologue Maurice Bertrand. Mais comprenez-moi bien il ne s’agit pas de renverser les gouvernements, je m’en moque ! Mais amener à mieux comprendre qu’il y a une alternative. Ce manifeste est tout à fait perfectible et peut s’adapter à la réalité de chaque pays.
Pour en revenir à vos concerts mensuels en faveur du Liban, ils vont durer combien de temps ?
Le temps qu’il faudra je ne me mets aucune limite. Et cette ONU de troisième génération que je prône dans mon manifeste devrait avoir Beyrouth comme siège….
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