Le jeune et talentueux compositeur libanais, Mansour Aoun, qui poursuit son cycle d’étude de composition instrumentale et électroacoustique au Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR) de Boulogne Billancourt à côté de Paris, voyait une de ses pièces présentées dans le cadre d’un concert très original organisé par le Conservatoire.
Le projet, initié par le professeur de luth, Miguel Henry, consistait à créer une collaboration entre les étudiants en composition et ceux du département de musique ancienne. Choc des époques et dialogue des genres. Aller fouiller dans les racines de la musique ancienne et lui adjoindre le bouillonnement artistique des compositeurs d’aujourd’hui, est une expérience fascinante et fort originale. Réinventer une vie à des instruments qui sont confinés à leur époque, leur permettre d’exister autrement qu’à travers des partitions écrites pour eux il y a quatre cents ans, leur donne une existence nouvelle, en les régénérant.
Pour relever ce défi, Mansour Aoun a décidé d’écrire dans un style mélodique. Sa pièce, intitulée 1.52 am, est selon lui « un essai qui part d’une simple mélodie à l’unisson qui se complexifie progressivement et qui ramène finalement l’auditeur à un nouvel espace, complètement différent de celui du départ ». Les instruments utilisés sont le théorbe (luth à long manche), le traverso (flûte traversière) et la viole de gambe (violoncelle).
La musique de Mansour Aoun prend tout de suite aux tripes et au cœur, lancinante. Le mystère s’installe et le mélange s’avère étonnant et détonnant. Construire, déconstruire, reconstruire pourrait en être le maître mot. Bel élan créateur qui efface le temps, pouvoir infini de la musique qui nous fait traverser les siècles.
Mais n’y a-t-il pas un risque qu’à vouloir rencontrer un amour passé on le renvoie vers les limbes, comme dans le mythe d’Orphée ? Que l’on en renforce la disparition en voulant à tout prix le retrouver ? A cela Miguel Henry répond : ''Tant qu’il y a pensée musicale, il y a vie''.
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