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Au festival de Baalbeck, une lettre d'amour au Liban

10/07/2023|Hoda Rizk

Sous les teintes du coucher de soleil de Baalbeck, la symphonie du concert de Nacho Arimany, « Roots in Our Hands », a résonné à travers les murs anciens du temple Bacchus le 7 juillet.

Cette œuvre musicale, conçue par l'artiste espagnol Nacho lui-même pour le festival de Baalbeck, a réuni une sélection exceptionnelle de chanteurs, de danseurs et de musiciens espagnols et arabes, ainsi qu'un chœur méticuleusement orchestré, mené par la talentueuse Yasmina Sabbah.

 

« Cette collaboration avec Nacho nous a permis de présenter en première mondiale de nouveaux morceaux de musique fusion arabo-espagnole. Nous sommes ravis d'être des pionniers à ce niveau », a déclaré Yasmina Sabbah à l'Agenda Culturel.

 

Dès les premières notes du concert, une fusion de mélodies flamenco et d'airs orientaux se mêle harmonieusement, captivant l'auditoire. Tout au long du spectacle, la voix de Nacho a chanté dans une langue qu'il a qualifiée de « verticale » - une langue née des profondeurs de ses émotions et de son cœur, à l'écart des conventions banales des dialectes existants.
 

Le spectacle en lui-même a été, du début à la fin, un voyage, une ballade musicale qui a transporté le public.

 

« L'essence de notre spectacle répond à une vérité profonde : quelles que soient nos origines culturelles, nos racines s'entremêlent, en particulier celles du riche héritage libanais et espagnol », explique Nacho Arimany à l'Agenda Culturel.

 

Il choisit une abondance de percussions et de voix mélodieuses afin de rappeler au public que la musique transcende toute frontière. « Nous respirons tous le même air. En plongeant dans nos origines, nous voyons que nous sommes tous connectés. Avec nos voix réunies, nous sommes imparables. Voilà le message que je transmets avec ma musique au monde entier » poursuit-il.
 

Dans l'un des moments les plus marquants du concert, Nacho Arimany s'est lancé dans un dialogue serein, mêlant l'anglais et l'espagnol. La chorale de l'Université Saint-Joseph l'a rejoint, leurs voix se fondant dans un chœur bouleversant. « Certaines choses ne peuvent jamais être cachées : le soleil, la lune et la vérité », lance l'artiste espagnol sur scène.
 


Selon Nacho, chaque pays possède un rythme qui définit son peuple, un rythme intimement tissé dans ses célébrations et ses danses. Ces rythmes agissent comme un pouls universel, reliant l'humanité. Dans chaque tradition, les gens trouvent du réconfort dans le rythme, priant pour l'espoir et célébrant leur existence commune. Il souhaite un avenir meilleur, non seulement pour le Liban, mais pour tous, ce qui constitue l'essence même de son art.
 

Pour l'une des premières pièces du spectacle, Karen Lugo, une danseuse de flamenco vêtue d'un ensemble rouge et noir vibrant et chaussée de claquettes, occupe le devant de la scène. Avec exubérance et grâce, ses pas s'entrelacent avec la musique qui s’accélère, culminant dans un crescendo vivace.

 

À mi-parcours, la chanteuse libanaise Fabienne Daher monte sur scène, mêlant parfaitement les chants arabes, dont le fameux « Ahwak », à l'essence du flamenco. Un moment de grâce se dessine avec l'ode mélodique de Fabienne à la Vierge Marie en arabe, tandis que la voix resplendissante de Nacho se joint à cette danse spirituelle, suivie du « Kyrie Eleison » avec le chœur de l'USJ.
 

Cependant, l'un des morceaux les plus émouvants de la soirée est celui intitulé « Blackout and Rise for Beirut ». Cet hommage émouvant, composé par Nacho en une heure à peine, incarne la désorientation et l'aliénation ressenties lors de l'explosion dévastatrice qui a frappé le Liban le 4 août. Dans cette symphonie, musiciens et instruments s’unissent, le rythme passant d’un murmure silencieux à une symphonie rapide, tissant un message d'élévation à travers toutes les épreuves.

 

Pour la grande finale, les artistes présentent leur version d'une lettre d'amour au Liban, emblème d'un mariage entre la musique espagnole et la musique libanaise, invitant la foule à se joindre aux chants. Les mélodies espagnoles se mêlent sans peine aux classiques arabes tels que « Li Beirut », alors que la danseuse de flamenco se balance gracieusement à l'unisson avec un Derwich tourbillonnant.

 

Le spectacle « Roots in Our Hands » a transcendé le simple divertissement, et transporté le public dans un monde de rêve où les cultures s'entrecroisent et où les cœurs battent à l'unisson. Grâce leur art, Nacho Arimany et les artistes présents avec lui ont insufflé un profond sentiment d'humanité partagée avec le public.

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