Bach, une musique qui transcende « les nasillements et les beuglements diaboliques »
27/07/2019|Alain E. Andrea
La musique baroque désigne une période d’environ 150 ans allant du début du XVIIe siècle jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Le développement final de l'esthétique baroque, connue sous le nom de haut baroque, était en cours vers 1680. Le nouveau système tonal, dans lequel la musique était construite à partir de notes de gammes majeure et mineure, était fixé à cette époque. Un contrepoint de plus en plus complexe, combinant des lignes mélodiques distinctes, l'une des caractéristiques déterminantes de la musique baroque, a été utilisé pour créer des effets dramatiques saisissants, et qui, couplé à des caractéristiques rythmiques incisives, a permis à la musique d’atteindre un pouvoir émotionnel sans précédent. À cette époque de réalisations musicales exceptionnelles, Bach demeure le plus grand des compositeurs baroque, « l’homme à travers lequel toute la sagesse musicale procédait », comme le disait si bien Joseph Haydn. Aujourd’hui, le 28 juillet, 269 ans après la mort du génie de la musique savante, le monde traverse une période de décadence et de dégénérescence culturelle, artistique, musicale et morale, sous prétexte de liberté d'expression, sans précédent.
Orphelin, autodidacte, Bach a manifesté très jeune une véritable boulimie de connaissances. Il a voulu tout savoir, et pas seulement en musique. Dans le domaine musical, il a lu, étudié, recopié tout ce qui lui passait entre les mains, d’œuvres anciennes ou récentes, et de tous les pays. Il y a passé des jours et des nuits recopiant aussi bien Couperin, Grigny, Buxtehude, Frescobaldi, Vivaldi et tant d’autres. Et il a étudié les grands traités, comme le Gradus ad Parnassum de Fux. Outre une immense culture théologique, sa culture générale n’était sans doute pas mince, notamment en astronomie. Et chaque fois qu’il l’a pu, il a voulu rencontrer les compositeurs et les instrumentistes de son temps, pour échanger et toujours approfondir ses connaissances. Il a ainsi acquis au fil du temps une culture musicale considérable, de toute la musique occidentale et ceci pour s’en imprégner et développer sa propre réflexion, en poussant le langage musical à un point d’élaboration et de complexité sans égal.
« Le but de la musique devrait n'être que la gloire de Dieu et le délassement des âmes. Si l'on ne tient pas compte de cela, il ne s'agit plus de musique mais de nasillements et beuglements diaboliques ». C’est ainsi que Bach nous laisse par sa musique l’emprunte d’une époque plus proche de la foi chrétienne où la présence de Dieu semblait être ancrée dans l’esprit et le cœur de tout le monde. Ses œuvres sacrées ou même profanes, laissent entrevoir cet esprit divin, qui semblait habiter la terre à cette époque-là. Quelle différence, quel contraste, quand on écoute la musique de Bach aux vociférations infernales des soi-disant artistes modernes, reflet de notre triste époque actuelle qui se rapproche ineffablement de l’abime du désordre. Messes, passions, cantates, oratorios, …etc, tout a été fait pour la gloire de Dieu et le salut des hommes, une véritable rencontre entre l’amour du Créateur et ses créatures rassasiées et réconfortées. Bach, le magicien de la mélodie, de l’harmonie et du contrepoint, a réussi à remodeler toutes les formes musicales auxquelles il a touché, en faisant déverser des flots de notes qui s’organisent dans un jeu polyphonique où les voix se répondent d’une façon inégalable. Quand une voix exprime la douleur et la mélancolie, l’autre vient apaiser ses souffrances en exprimant la joie et la volupté et la cadence picarde, à la fin, vient ajouter une lueur d’espoir à ce monde rongé par le mal, mettant en relief les paroles du Christ : « Votre tristesse se changera en joie ».
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