Elle est toute petite et frêle, mais chante comme une diva. En quittant son Liban natal il y a juste 4 ans, elle a pris dans ses bagages sa voix et son amour de la musique. Montréal y a décelé un potentiel exceptionnel. Le chanteur Corneille la prend sous son aile. Le public lui donne 74 % de ses votes. Du haut de ses 20 ans, Christa est déjà une star.
À l’heure de la plus forte audience, sa dernière prestation dimanche soir 26 mars, a fait le tour de la métropole. Et c’est à l’honneur de tout le Liban puisque c’est la première participante à La Voix au Québec qui chante en arabe. Elle s’impose aux sélections à l’aveugle avec Li Beyrouth de Fayrouz puis au quart de finale aussi avec Raje3ni ila bladi, avec projections des images emblématiques du Liban (colonnes de Baalbeck) à l’arrière-plan. Elle rafle surtout le plus haut taux total des quarts de finale canadiens jusqu’à maintenant.
Que cache cette consécration applaudie par tous les spectateurs de l’émission musicale phare du petit écran québécois qui fait émerger les talents en les confiant à un ou une chanteuse vedette des podiums canadiens ?
Un réel talent et... une féroce confiance de sa mère en les capacités de sa fille. Tout de go, elle me dit en entrevue : « Au début, je n’y croyais pas. Je voulais laisser tomber. Mais ma mère m’a poussée et encouragée à persévérer. Je lui dois ça. J’ai appris que ma mère a toujours raison ! »
La « gamine » sait pourtant depuis son jeune âge que c’est ÇA qu’elle aime, malgré ses succès en mathématiques et la pression sociale et familiale pour entreprendre des études plus sérieuses. « Juste ma mère voulait absolument que je fasse de la musique ».
Arrivée au Québec, étudiante en musique, elle auditionne pour Star Academy, mais c’est La Voix qui la relance. Une seule audition (plutôt que trois), elle est appelée en entrevue, puis invitée à choisir 10 chansons (françaises, québécoises.) et à proposer son premier choix. Elle opte pour la chanson de Li-Beyrouth dont elle a elle-même fait les arrangements.
Parce que Christa Maria n’est pas seulement une chanteuse. Elle fredonne sous la douche, dans le métro, ses oreillettes bien enfoncées, mais c’est surtout avec son piano qu’elle laisse aller son bel instrument qui la porte aux planches du succès.
Là aussi, la chance, le destin, la foi trace le chemin pour elle. « J’avais appliqué pour une école de musique, mais c’est l’Université de Montréal elle-même qui m’a appelée alors que j’avais trop peur d’y auditionner. Un concours de circonstance, ma prof qui me recommande, le hasard, et là je termine un bac en interprétation avec une spécialisation en jazz. »
Il faut dire qu’en fait ce qui a enchanté les organisateurs, c’est que la jeune libano-québécoise compose elle-même les arrangements pour interpréter les chansons qu’elle choisit et qui ont tant séduit: « Le directeur musical a aimé, il a pris les droits et a accepté que je les interprète à ma façon. Parce qu’il n’était pas question de faire ‘la competition’ avec Fayrouz » qu’elle avoue en toute simplicité et modestie.
C’est d’ailleurs son côté un peu timide, sincère, heureux qui a aussi ravi les cœurs. « Participer à la Voix est très stressant. On est continuellement jugé. Puis il faut passer à la télé et faire face à toutes les opinions qui vous évaluent. Monter sur scène est très dur. Il faut déjà porter des talons hauts ! Il faut montrer son talent, mais aussi gérer ses émotions quand vient le moment où l’un (ou plus) des quatre coachs va se retourner ou pas. L’appréhension de se voir rejeter. Nous étions 8, puis 6, puis 3, avant que je ne sois seule face à mon concurrent pour la demi-finale.
Nous n’en saurons pas plus. Ni de sa relation avec son coach Corneille, ni des séances de tournage ou de pratique. La Voix est une grosse machine et tout ne peut pas être raconté.
« La compétition est elle-même dure. Avec La Voix, c’est encore plus intense ».
Mais Christa Maria Abou Akl est habituée à être appréciée depuis l’âge de 6 ans quand lors d’un récital à l’école, le public a applaudi sa prestation en plein medley et que son professeur a fait savoir à ses parents qu’elle avait réellement un vrai talent. Jeune adolescente, durant ses 10 années de Conservatoire à Beyrouth, elle a senti cette véritable connexion avec la musique. C’est peut-être pour ça que son micro à la main, ce qu’elle éprouve devant les millions de spectateurs rivés à leur télévision c’est d’être, là, à sa place et surtout de ressentir beaucoup de joie. « Je suis heureuse de chanter » ... Et nous de l’écouter et d’en être fiers.
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