On a souvent tendance, quand on regarde un film à se focaliser sur l’image, et que la musique qui l’accompagne soit un peu reléguée au second plan. D’où l’intérêt d’un récital comme Cinéphonia, proposé par le pianiste Gabriel Boutros au cinéma Arlequin à Paris. Le jeune et brillant interprète d’origine libanaise y présentait une série de musiques de films sans aucune image, de façon à ce que l’auditeur puisse vraiment se concentrer sur la partition, quitte à se faire son propre cinéma ! 

Tout d’abord, il faudrait préciser que l’Arlequin est un haut lieu de la vie culturelle parisienne et notamment musicale, car non seulement il projette régulièrement des retransmissions d’opéra, mais organise également des concerts en « live » ce qui n’est pas chose courante pour une salle de cinéma. 

Le récital commence très fort avec les célébrissimes Demoiselles de Rochefort, film de Jacques Demy, dont la musique est composée par Michel Legrand. Compositeur que l’on retrouvera d’ailleurs plus loin avec l’Affaire Thomas Crown et les mythiques Moulins de mon cœur. Le pianiste prend la parole entre chaque pièce pour en expliquer le contexte, raconter avec humour et finesse la relation qui s’installe entre le réalisateur et le compositeur, qui parfois forment des « couples ». Parmi les plus célèbres d’entre eux, le tandem Alfred Hitchcock / Bernard Hermann dont on entendra Scène d’amour, extraite de Vertigo et Thème, extrait de La mort aux trousses. L’on peut également entendre Le thème de Camille de Georges Delerue, extrait du film Le Mépris, mais aussi Je cherche après Titine de Leo Danideff, extrait des Temps modernes de Charlie Chaplin, le thème de Mon Oncle de Jacques Tatie, composé par Franck Barcellini, le thème des 400 coupsde François Truffaut par Jean Constantin, de Batman de Tim Burton par Danny Elfmann et pour clôturer en beauté, celui de James Bond, composé par John Barry. 

C’est donc un florilège éclectique mêlant intimement la musique et le cinéma et dont tous les arrangements sont signés de Gabriel Boutros. Car en plus d’être pianiste, Gabriel est compositeur et en bis, il offre à l’auditoire subjugué quelques extraits de ses propres compositions.