Festival al Bustan : Le défi par la musique l’art et la culture
13/01/2020|Nelly Helou
Face aux heures graves et difficiles que vit le Liban sur tous les plans, le festival international du Bustan de musique et d'art refuse de baisser les bras et a maintenu sa 27eme édition consacrée au grand Ludwig van Beethoven. Du 18 février au 22 mars 2020, 15 performances musicales vont englober ses principales œuvres et nous transporter dans la féerie de sa musique.
Lors de la présentation de cette édition aux médias et aux amis du Bustan, la fondatrice et présidente de ce festival Mirna Bustani affirme dans son mot de bienvenue: « Cette année est étrange et ne ressemble à nulle autre », dit-elle. « Mais en dépit de la situation difficile que traverse le pays vous êtes cette année encore plus nombreux que d'habitude pour célébrer ensemble le lancement de l’édition 2020 consacrée à Beethoven pour le 250eme anniversaire de sa naissance, comme c'est le cas d’ailleurs un peu partout dans le monde en Amérique, en Europe... » Elle souligne par ailleurs que tout au long de l’année écoulée tous les contacts et efforts ont été déployés pour offrir le meilleur au public du Bustan et que la vraie performance a été de grouper pour chaque soirée la symphonie et le concerto qui lui correspond.
Laura Lahoud digne fille de sa mère évoque de son coté « l’importance de la musique dans la vie, car par elle l’espoir se renouvelle, elle est symbole du rêve, de la liberté et du changement. La culture est une partie de la vie et la vie est plus forte que la défaite » dit-elle. « Beyrouth résiste aujourd'hui et sera la capitale de la créativité telle que l'Unesco l'a décrété ». Laura ajoute : « Quelle belle coïncidence d'avoir choisi Beethoven pour cette année car il est un héros et ses armes sont le courage, la volonté et le positivisme. Il ne s'est pas soumis aux multiples épreuves de la vie qu’il a dû affronter notamment la surdité et a décidé de surmonter cet handicap en composant sans entendre, il a été résistant comme nous le faisons au Bustan à travers la culture ».
En réponse à la question à Laura Lahoud de savoir si l’un ou l’autre des artistes invités au Festival s’est désisté ou a exprimé son hésitation à venir, elle répond spontanément « Bien au contraire, tous ont exprimé le même enthousiasme à participer à ce Festival, que ce soient ceux qui ont l’habitude de venir ou ceux qui viennent pour la première fois ».
Par ailleurs, face à l’ensemble des difficultés financières, économiques, sociales et politiques auxquelles sont confrontés aujourd’hui les Libanais, le Festival a décidé de fixer le prix du billet à 30.000 LL pour tous les spectacles et pour toutes les places.
De même, le comité du Bustan a décidé d’inviter des associations de malentendants à deux soirées musicales avec la présence d’un spécialiste du langage par les signes. Une belle initiative.
UNE VISION COMPLETE DE L’OEUVRE
De son côté le directeur artistique du Festival Gianluca Marciano évoque l'importance de cette édition par laquelle « nous rendons hommage dit-il au grand Ludwig qui a préparé l’évolution vers le romantisme en musique et dont l’art s’est exprimé à travers différents genre musicaux. Notre objectif est de donner une vision complète de son œuvre. Dans le programme des cinq semaines, chacune des 15 soirées est unique, symphonie et concerto s’harmonisent, pour célébrer Beethoven avec notre public en ces temps si particuliers ».
Pour les concertos le Festival a fait appel à des pianistes, des violonistes et violoncellistes de renommée internationale. Quant aux symphonies elles sont interprétées surtout par l’orchestre philharmonique libanais sous la direction de Gianluca Marciano et une participation du conducteur Michel Khairallah. On note aussi la présence de l’orchestre national de Chambre d’Arménie.
L’Ouverture du Festival aura lieu le 18 février avec la célèbre symphonie No 5, et le concerto No 5 connu sous le nom de « Concerto de l’Empereur » qui sera joué par la célèbre pianiste italienne Gloria Campaner, troisième passage au Bustan. Pour le concerto no1, on découvrira le pianiste italien Filippo Goini qui a dédié son année à Beethoven, et pour le concerto No 3, la pianiste Vanessa Benelli Mosell, star montante, revient à l’auditorium Emile Bustani
On aura la joie d’écouter les sonates complètes de Beethoven pour violon en deux parties avec Renaud Capuçon au violon (3eme participation au Festival) et le prodige Kit Armstrong au Piano. Quant à Gautier Capuçon qualifié d’ambassadeur du violoncelle du 21 siècle il revient pour la 4ème fois au Bustan accompagné au piano de Jérôme Ducros, pour interpréter la sonate complète pour violoncelle.
Autre performance du Bustan, la participation de la Camerata de Salzbourg sous la direction de Jérémie Rohrer avec la soprano Christina Gansch pour la symphonie no 6 « la Pastorale », et le violoniste Charlie Siem pour la 8eme. A noter aussi un concert intitulé « Beethoven dans le noir » avec le quatuor Sacconi
Deux temps forts du Festival : La célébré symphonie no 9 sera donnée en l’Eglise Saint Joseph de l’USJ, rue Monot avec des voix exceptionnelles et le chœur de l’USJ conduit par Yasmina Sabbah. Laura Lahoud confie qu’un hommage sera rendu à la femme ce soir et une courte symphonie composée par Beethoven pour la femme sera jouée au début du concert. La Missa Solemnis dans toute la grandeur et performance des chœurs sera donnée en l’Eglise Saint Elie à Kantari avec la participation de la soprano libanaise Joyce et Khouy. Le festival s’achève en beauté le 22 mars avec la Symphonie no 7 et la choral Fantasy avec le chœur de l’université antonine dirigée par Père Toufic Maatouk et l’orchestre d’Armenie sous la direction de Gianluca Marcianno
Le Festival consacre aussi une place aux lettres, au théâtre et à la musique avec « les confessions de Beethoven » un texte d’Alexandre Najjar qui sera déclamé par l’acteur Jean François Balmer accompagné au piano par Abdel Rahman el Bacha.
Georges Haddad donnera le 15 janvier une lecture sur Beethoven, le 22 Joe Letayf parlera de la 9eme Symphonie et une improvisation entre les deux aura lieu le 29.
De belles soirées musicales en perspective, arrachées à notre triste et déplorable quotidien, grâce à Ludwig Van Beethoven qui a magnifié l’amour, le romantisme et la joie.
Les billets sont en vente à la librairie Antoine comme au Bustan et il est recommandé d’acheter ses billets au plus vite. A signaler que même si toutes les places sont au même prix les billets sont numérotés.
ARTICLES SIMILAIRES
Petite messe solennelle de Rossini pour un grand concert réjouissant au Festival al Bustan
Gisèle Kayata Eid
20/03/2024
Laura Lahoud : « oui nous l’avons fait envers et contre tout »
Nelly Helou
20/03/2024
Riche saison hivernale à Beit Tabaris
Zeina Saleh Kayali
13/03/2024
Vernis Rouge : « Je suis fière de pouvoir représenter le Liban »
Garance Fontenette
07/03/2024
Abdel Rahman el Bacha en concert exceptionnel à Beyrouth
Gisèle Kayata Eid
03/03/2024
Mélodies françaises et libanaises par Marie-José Matar et Elie Sawma
Zeina Saleh Kayali
27/02/2024
De Kaslik à Erevan avec Betty Salkhanian et Georges Daccache
Zeina Saleh Kayali
25/02/2024
La musique : Un vecteur conducteur essentiel pour créer une véritable nation
Nelly Helou
20/02/2024
Orphée autrement avec La petite suite
Zeina Saleh Kayali
13/02/2024
Noémie Chemali et l’Opus 961
Zeina Saleh Kayali
07/02/2024