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Lara Jokhadar entre chant lyrique et composition

18/07/2022|Zeina Saleh Kayali

Comment êtes-vous « tombée » dans la musique ? 

Par le biais de la danse ! Enfant, je pratiquais le ballet classique dans une académie de danse à Montréal où nous vivions. J’ai, donc été « exposée » très jeune à l’écoute de la musique classique. Dans ma famille, personne ne pratiquait vraiment la musique hormis mon grand-père qui chantait très bien. Je n’ai pas été franchement encouragée dans cette voie.

 

A l’adolescence vous rentrez au Liban ? 

Oui et je me mets à interpréter des chansons dans des occasions familiales et amicales, très inspirée par les chanteuses canadiennes et américaines telles que Whitney Houston ou Céline Dion. Mais la musique n’est pas considérée comme une carrière possible chez nous (et surtout pas à Zghorta dont je suis originaire !) et je m’inscris donc à l’Université libanaise où j’obtiens un diplôme en chimie. 

 

Comment arrivez-vous au chant lyrique ?

Assez tard, grâce à mon mari qui m’a énormément encouragée. C’est donc après mon mariage que je m’inscris au Conservatoire en classe de chant lyrique. Mon professeur d’alors, Ghada Ghanem, me pousse à continuer. Je tombe alors littéralement amoureuse de l’opéra. 

 

Vous suivez alors, en parallèle à vos études, des cycles de masterclass ?

J’ai en effet eu cette chance et notamment avec la grande artiste lyrique espagnole Montserrat Caballe, qui, grâce à ses commentaires sur mon interprétation, me conforte dans ma décision de poursuivre dans cette voie. Après mon diplôme au Conservatoire, je pars me spécialiser en chant lyrique à l’Université de Tor Vergata à Rome. 

 

Dans quel rôle avez-vous fait vos débuts lyriques ? 

Dans le rôle de Lola dans Cavalleria Rusticana de Mascagni lors de la saison de l’Orchestre philharmonique du Liban sous la direction de Maestro Harout Fazlian. 

 

Vous avez également donné des récitals avec d’autres chanteurs lyriques libanais ? 

Oui notamment avec le baryton Fady Jeanbart. Nous avons essayé de trouver un répertoire accessible au public, qui va du comique au très dramatique, en favorisant le côté théâtral qui est si important en chant lyrique. J’ai beaucoup travaillé cet aspect avec des metteurs en scène italiens et libanais. A Beiteddine, récemment je me suis produite avec les Cordes résonnantes et la jeune mezzo-soprano Natasha Nassar qui à mon avis ira très loin. 

 

Vous vous intéressez au patrimoine musical libanais ? 

Enormément et j’ai fait récemment de très belles découvertes. Nous avons de grands compositeurs comme Wadia Sabra, Iyad Kanaan, Georges Farah, Elie Chahoud ou Wajdi Abou Diab. J’encourage les jeunes compositeurs libanais à publier leurs œuvres et à inviter les chanteurs à les interpréter. 

 

Vous avez récemment enregistré un disque d’œuvres de Wajdi Abou Diab ? 

C’était une expérience très intense. Sur des poèmes très émouvants de Zanoubia Zaher, la musique d’Abou Diab rend le chant beaucoup plus intéressant grâce à une recherche identitaire par le biais des modes et des rythmes arabes.

 

Quels sont vos projets ? 

Je m’aventure dans la composition ! Dans le style lyrique en langue arabe. C’est un répertoire encore relativement inexploré. Je me prépare également à passer des auditions pour des rôles à l’étranger. 

 

Que faut-il vous souhaiter ?

De la chance ! 

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