Parti vivre en Grèce après les derniers bouleversements vécus au Liban Karim Ghattas n’a pas chômé. Au cours de ces deux années, il a monté un nouveau festival de musique sur l’île de Spetses, en Grèce, pays où il réside désormais. Intitulé « Zenith Music Festival », cet évènement est dédié aux musiques méditerranéennes. Il prépare actuellement la deuxième édition, qui aura lieu cet été.
Tout comme le lancement de Liban Jazz à l’époque, entreprendre l’organisation du Zenith Music Festival a été périlleux : pas de repère, barrière de la langue, public et équipe encore inconnue. « Chaque personne qui a participé au Zénith est en fait une rencontre particulière, fortuite : Je fais confiance aux rencontres plus qu’aux plans… », commente-t-il.
Pourquoi passer du jazz aux musiques méditerranéennes ? Son travail évolue avec ses goûts, raconte-t-il, avec ce qu’il écoute. Ce sont des choix en adhésion avec son identité et avec les rencontres qu’il fait : « J’ai choisi des gens [en parlant des artistes], et ils m’ont choisi parce que je les ai aimés : plus que produire des concerts, l’idée a toujours été de bâtir des identités fortes auxquelles le public et moi nous identifiions ».
Aujourd’hui l’appel de Beyrouth se fait entendre ainsi que les notes de jazz.
« Je n’arrive pas à me débarrasser de ce pays » affirme-t-il, souriant : « Je regarde par ma fenêtre et je vois Beyrouth ». Une partie de lui est restée ici, dévoile-t-il. C’est ce qui l’a fait revenir aussi : à Beyrouth, il n’y a pas un jour passé sans pester, certes, mais il éprouve un grand attachement pour son pays, le type d’attache qui vous mange de l’intérieur. C’était, pour lui, raisonnable de partir à ce moment-là, mais « c’est aussi en partant que l’on réalise tout ce qu’on laisse derrière soi ». C’est un attachement de cœur, non pas du patriotisme.
Il y a aussi une histoire derrière ce retour de Liban Jazz : il a invité son ami de longue date, le trompettiste Paolo Fresu, à venir performer sur l’île de Spetses. L’artiste ouvre la première édition du festival et devient le parrain de Zenith Music Festival. Ensemble, ils partagent leurs doutes quant à la faisabilité de donner un concert cette année à Beyrouth. Mais ils décident de l’organiser et bénéficieront du soutien et de la collaboration étroite de l’Institut Culturel Italien et du ministère des affaires étrangères italien.
Michel Elefteriades a, de son côté, immédiatement accepté de rouvrir exceptionnellement le MusicHall, où se tiendra le concert : « Nous travaillons ensemble depuis près de 20 ans. On se comprend en un regard. Tout se fait dans un naturel absolu. »
Paolo Fresu était le dernier artiste à avoir performé dans Liban Jazz en 2020 avant sa clôture et il en sera le premier pour 2022 : la boucle est bouclée.
« On organise ce concert avec une joie très intense », me confie-t-il, « et j’espère que l’on saura partager ce bonheur avec le public. Je dois avouer que dès que l’on a annoncé le retour de Liban Jazz, la réaction du public a été extrêmement chaleureuse et touchante. J’espère que cela va continuer jusqu’au concert, et même après ! »
Est-ce que c’est un risque que de faire ce concert ? Bien sûr, mais c’est surtout une raison d’être : « Parfois on se perd pour mieux se retrouver » dit-il.
Le premier concert est celui de Paolo Fresu, samedi 12 mars prochain. Mais Liban Jazz ne compte pas en rester là… « Nous travaillons sur de très beaux concerts à venir » : affaire à suivre !
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