Les Jeunesses Musicales du Liban (JML), en partenariat avec le Centre du Patrimoine Musical Libanais (CPML), organisent, ce dimanche 10 février à 20h30 en l’église Saint-Joseph à Monnot, un concert dans lequel seront jouées, exclusivement, les œuvres de six compositeurs libanais de différentes générations.
« La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil », disait Friedrich Nietzsche. Cet art des muses qui a atteint le sommet de l’Olympe, avait un tel pouvoir que même Arès, dieu de la guerre, s’apaisait en entendant les mélodies harmonieuses surgir de la cithare d’Apollon, dieu de la lumière, de l’harmonie et de la musique. Platon avait, donc, raison : la musique a une influence sur l’âme. Et c’est en rendant, dans ‘La république’, son apprentissage obligatoire qu’il tend à inciter l’âme des hommes à être bonne et juste car, comme disait-il, « si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique ». Les Jeunesses Musicales du Liban, une association à but non lucratif fondée en 1956, en sont parfaitement conscients. En effet, très actives jusqu’au début de la guerre dite civile, les JML retournent sur scène en 2002 et fondent leur orchestre dix plus tard, dans le but de promouvoir la musique spécialement auprès des jeunes et de participer, de ce fait, à l’épanouissement de la société. Son président Zareh Tcheroyan invite tous « les mélomanes et les esprits curieux » à assister aux concerts organisés par les JML et à vivre, ainsi, l’expérience de la beauté de l’expression musicale : « La musique a toujours été une source d'inspiration essentielle pour moi et constitue une plate-forme merveilleuse pour découvrir des possibilités infinies de permutations sonores. Ces découvertes ont conduit à des aventures incroyables et à un trésor de leçons de vie pouvant être transposées dans tous les domaines professionnels », note-t-il.
C’est la magie de la musique, la magie d’évoquer l’ineffable infini, qui réside dans une phrase qu’on pourrait emprunter à Richard Wagner : « La musique commence là où s’arrête le pouvoir des mots ». En attendant le concert de dimanche, on aura toujours besoin « des mots, des mots, des mots », comme dirait Shakespeare, pour tenter de dérouler le tapis rouge en l’honneur des compositeurs libanais, tous les compositeurs libanais, dont quelques œuvres de six d’entre eux seront jouées ce soir-là : les deux compositeurs virtuoses Naji Hakim et Bechara el Khoury, Vartan Agopian, Iyad Kanaan, Khalil Chahine et Georges Tomb. Les compositions de ces derniers seront interprétées par l’orchestre des Jeunesses Musicales du Liban, sous la houlette de Yasmina Sabbah, et accompagné au piano par Vartan Agopian qui précise que l’orchestre des JML, formé de musiciens en herbe et de professionnels, encourage les étudiants à jouer la musique classique en leur donnant leur chance de vivre la passion du monde des harmonies au sein d’un orchestre et ajoute que Sabbah « est la seule chef d’orchestre femme libanaise vivant au Liban ». Il poursuit : « Pour ce concert, j’interpréterai, avec l’orchestre des jeunesses musicales, les différentes pièces des compositeurs libanais dont mon concerto pour piano et orchestre à cordes, composé spécialement pour les JML, et dédié à ma fille. Il est formé de quatre mouvements : le premier est influencé par la douleur ressentie dans la musique arménienne et par le son émanant du doudouk, instrument à vent arménien alors que le dernier mouvement est influencé par la danse folklorique libanaise ». Vartan Agopian encourage les libanais à venir assister à ce concert qui « montre que les compositeurs libanais savent également composer la musique classique de haute qualité tout comme les européens ».
A l’instar de Camille Saint-Saëns et de Dmitri Kabalevsky, qui ont été pendant de longues années les compositeurs des pièces imposées pour les concours d’entrée des plus prestigieux conservatoires (on retient notamment l’Allegro Appassionato, une célèbre pièce pour piano de Saint-Saëns qui a été composée spécialement pour le concours d’entrée au Conservatoire de Paris), Bechara el Khoury, à qui on rendra hommage ce dimanche, a été pendant deux décennies membre du jury de l’Ecole Normale de Musique de Paris et pour un bon nombre d’années le compositeur des pièces imposées des concours de piano de niveau concertiste, et notamment des redoutables études éditées chez Max Eschig. Le musicien et poète franco-libanais indique, à L’Agenda Culturel : « Je suis très touché à chaque fois que ma musique est jouée au Liban. C’est un honneur pour moi ».
Le lauréat du prix Goncourt 2002, Pascal Quignard écrit, en 1991, dans son roman ‘Tous les matins du monde’: « Que recherchez-vous, Monsieur, dans la musique? - Je cherche les regrets et les pleurs ». Et vous, que rechercherez-vous dans la musique de dimanche ?
Au programme :
Georges Tomb
- Emotion
- Serene Vienna
- If Only
Khalil Chahine
- Ave Maria
Iyad Kanaan
- Adagio Appassionato
- Danse Libanaise
- Departure
- Festive Violon
Naji Hakim
- Cantique Maronite no.1
- Cantique Maronite no.2
Bechara Khoury
- Paris, mélodie d’automne
Vartan Agopian
- Concerto pour piano & cordes
I. Moderato grazioso
II. Andante cantabile
III. Allegretto grazioso
IV. Presto energico
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