Menart Fair, fondée en 2021 par Laure d’Hauteville, organise sa 5ᵉ édition du 20 au 22 septembre courant à la galerie Joseph, à Paris, exclusivement dédiée aux artistes femmes de la région MENA. Dans ce cadre, Liane Mathes Rabbath présente, au stand Artists of Beirut, ses tableaux circulaires, Arty Bubbles, un subtil mélange de collage et de peinture.
Liane Mathes Rabbath fait partie de ces artistes lumineux dont les créations sont le prolongement naturel de leur énergie vitale. Les couleurs de ses bulles artistiques sont façonnées selon une technique fluide de collage et de peinture. Le papier, soigneusement roulé, épouse un mouvement circulaire pour créer une beauté qui semble s’étendre "à l’infini", selon ses propres mots.
Ses œuvres, intitulées Arty Bubbles, enveloppent les amateurs d’art dans une bulle d’énergie joyeuse ou apaisante, leur offrant une fenêtre ouverte sur la rêverie et la beauté. Ses tableaux, exclusivement composés de cercles de tailles variées, vibrent de couleurs vives et intenses. Les cercles, réalisés à l’acrylique, semblent se superposer, créant une illusion de profondeur. Chaque cercle, unique, décline des nuances allant du bleu au rouge, en passant par le jaune, le vert, et même des couleurs fluo. Les couleurs se fondent harmonieusement les unes dans les autres, comme des aquarelles qui se mêlent subtilement.
L’ensemble dégage une impression de mouvement perpétuel, comme si l’œuvre ne cessait de croître. Le fond des tableaux disparaît derrière la multitude de bulles, permettant aux couleurs de ressortir avec intensité et renforçant l’aspect dynamique de la composition. Les bulles, oscillant entre symétrie et asymétrie, évoquent des thèmes d’interconnexion et d’infini. Elles procurent à la fois sérénité et énergie, transportant le spectateur dans un monde abstrait où formes et couleurs dialoguent librement. "Les formes circulaires réalisées sur ces cercles dégagent une énergie particulière. Mon travail a beaucoup évolué; j’ai commencé par enduire le papier de peinture à l’huile, puis d’or, et maintenant j’utilise l’acrylique", explique l’artiste.
Évoquant ses débuts dans les années 90,Liane Mathes Rabbath, diplômée de la faculté des Beaux-Arts de la LAU, raconte: "J’ai débuté dans l’art assez jeune. Pendant mes cours, j’ai découvert la technique du collage et voulu l’expérimenter. Il m’a fallu deux ans pour maîtriser cette technique, notamment la manipulation des papiers. J’ai finalement trouvé un papier lié au Liban, un matériau que je cherchais depuis longtemps. Aujourd’hui, je récupère des chutes de papier de l’usine de mon mari, que je façonne et roule avec soin. Ce lien affectif a guidé mon travail." Elle explique également qu’elle roule de petits tubes de papier, qu’elle assemble ensuite pour créer des œuvres joyeuses et colorées. Travaillant toujours en série, elle mélange les couleurs de manière spontanée.
Depuis des années, l’artiste se consacre à son travail avec une patience infinie, puisant son inspiration dans l’art islamique et ses formes géométriques, ainsi que dans les motifs observés dans les églises, notamment sur les sols et dans les couloirs. Au fil du temps, son art a évolué: "Je réalise mes œuvres à plat. Chaque série de couleurs est harmonieusement agencée pour refléter mes émotions du moment. Les couleurs, qu’elles soient fluo, vives ou plus douces, dépendent de mon inspiration", confie-t-elle. Quant au mouvement en spirale, il symbolise pour elle "la vie, une énergie inépuisable qui ne s’arrête jamais. Ce tourbillon me permet de continuer d’avancer, même face aux difficultés, y compris celles que traverse le pays. Il est crucial de dépasser les lamentations et de se tourner vers l’avenir."
Pour Liane Mathes Rabbath, au-delà de la technique, l’art est avant tout un processus d’expression des sentiments, un moyen d’immortaliser le présent et de matérialiser les émotions. "Aujourd’hui, je veux que mes œuvres apportent de la joie à ceux qui les contemplent", conclut-elle.
En effet, l’art de Liane Mathes Rabbath nous transporte dans une bulle infinie où formes et couleurs s’unissent harmonieusement. Nous nous perdons alors dans la beauté, la joie et l’énergie de l’instant.
Yara Jahchan, cofondatrice de Artists of Beirut, revient sur les débuts de cette initiative: "Nous avons commencé, mus par l’énergie du 4 août, à promouvoir les artistes libanais et toute la création artistique. Peu à peu, le projet a pris forme avec des expositions physiques et une promotion active sur les réseaux sociaux. Depuis 2020, nous poursuivons ces efforts. En parallèle, nous avons une autre mission importante: contribuer à la réhabilitation du patrimoine et des anciennes maisons de Beyrouth."
Par Marie-Christine Tayah
Cet article a été originalement publié sur le site Ici Beyrouth
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