Le festival Les Moments Musicaux du Tarn a tenu sa 14e édition du 15 au 17 juillet 2022 . Son directeur artistique, le pianiste Antoine de Grolee a conçu pour cette année une programmation sur le thème du Voyage en Méditerranée, avec plusieurs artistes de renom, faisant découvrir toute la richesse des musiques du pourtour méditerranéen depuis la période baroque jusqu’au XXème siècle et ceci à la Halle de Rabastens, au Fortis de l’isle sur Tarn et au Château de Giroussens, suivant l’idée de faire connaître parallèlement le patrimoine régional .
Le Liban était bien sûr à l’honneur avec ses trois interprètes de prédilection, le trio Sieffert, composé de Marc Sieffert au saxophone, Christine Marchais au piano et Juliette Sieffert au violoncelle. Ces trois excellents instrumentistes sont les tous premiers interprètes français à avoir porté le patrimoine musical libanais, non seulement par le biais de concerts donnés un peu partout en France, en Hongrie, en Suisse et au Liban, mais aussi par La sève du cèdre, un enregistrement sorti en 2012 et entièrement consacré à la musique savante libanaise.
Le programme libanais était constitué d’œuvres de Bushra El Turk, compositrice libanaise établie au Royaume Uni, née en 1982 et dont le Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence vient de programmer l’opéra intitulé Woman at point zero. Sa pièce pour violoncelle solo, Taqsim aala taqsim, remarquablement servie par Juliette Sieffert reprend l’ancestrale tradition de l’improvisation tout en la déconstruisant avec créativité et talent. Puis viennent deux pièces pour piano et saxophone, Barcarolle, de Georges Baz (1926-2012), celui que l’on appelle le « Debussy libanais » et Habanera de Toufic Succar (1922-2017), le « Bartok libanais ». Deux compositeurs essentiels et qui ont fait évoluer le langage musical libanais ainsi que la vie musicale au Liban dans la période des années 1950-1970. Christine et Marc, toujours homogènes et complices offrent une interprétation qui allie virtuosité et sensibilité. Enfin Omaggio, pièce pour piano et bande sonore de Zad Moultaka (né en 1967). Pour Christine Marchais cette pièce pourrait s’intituler « M. Haydn en visite à Beyrouth « , tant elle mêle harmonieusement les genres. Dans la bande son de l’œuvre, des bruitages, des croissements de grenouilles et des roulements de tonnerre. Au même moment, dans la forêt attenante le chant des cigales vient rappeler que musique et nature font décidément bon ménage !
Beau moment de musique et de patrimoine. Voici un festival qui sait se réinventer et qu'il convient de suivre attentivement.
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