« C’est ma première participation à Beirut Chants » affirme la blonde Lise s’adressant à l’assistance et « j’ai voulu être parmi vous ce soir sachant toutes les difficultés et épreuves que connaît votre beau pays. Ce matin j’ai fait un tour du coté du port et j’ai vu les dégâts immenses produits par l’explosion du 4 août ». Elle ajoute avec émotion, « Je vous remercie d’être venus si nombreux à ce récital et je félicite les organisateurs de Beirut Chants d’avoir maintenu ce festival dans la situation que vit le Liban ».
La pianiste qui se produit un peu partout dans le monde et qui a des affinités pour la musique russe, poursuit, « j’ai choisi de vous présenter un programme qui met de la joie dans vos cœurs. Des morceaux puisés chez différents compositeurs des cents dernières années et qui portent tous essentiellement sur la valse et des rythmes vifs ».
De fait le programme s’inscrivait sous quatre thèmes : la touche française, le soul slave, l’influence espagnole, et le rêve américain.
Lise s’installe devant un très beau piano à queue, et nous offre un récital d’exception. Elle l’entame, sous le thème de la touche française avec « valses nobles et sentimentales » de Ravel, et le public est immédiatement conquis. Suit « Etude en forme de valse » de Saint-Saëns. Elle passe au Soul Slave avec quatre grands compositeurs, Bartok, « Danses roumaines », Stravinsky, « Tango », Scriabia, « Valse », et Rachmaninov, « Polka italienne ». Un enchantement ! La touche espagnole fut remarquable et entrainante, avec Ginastera, « Danses argentines », et Piazzolla, « Libertango ». Quant au rêve américain avec Fats waller, « Visper’s drag », et Art Tatum, « Tea for two », ce fut la magie du véritable jazz merveilleusement bien interprété. Superbe !
Certes chaque morceau était parfaitement bien choisi, selon le thème d’ensemble de ce récital de 70 minutes sans interruption, mais la vraie valeur ajoutée était due à l’exceptionnelle interprétation de cette pianiste plusieurs fois primée, qui avait offert ce soir-là toute son âme, sa sensibilité, la souplesse de ses doigts qui glissaient sur les touches et sa maitrise du jeu.
Oui, Lise de la Salle a mis de la joie dans nos cœurs, et sublimé nos épreuves quotidiennes, par la valse. Ovationnée debout, elle a offert en bis, un très beau morceau de Bach y mettant toute son émotion.
La détermination de Beirut Chants
Cette belle soirée a une fois de plus mis en évidence la juste détermination de Beirut chants, de sa présidente Micheline Abi Samra et de toute l’équipe du festival à ne pas baisser les bras face à la situation dramatique que nous vivons et d’organiser la 13e édition du festival.
Les deux premières semaines écoulées ont été marquées par des concerts exceptionnels. Une ouverture le premier décembre à Saint Joseph avec le grand pianiste de renommée internationale, Abdel Rahman el Bacha qui a glissé ses doigts magiques sur les touches avec rien que du Chopin en un véritable hommage à Beyrouth. Le requiem de Mozart qui a suivi le 3 fut telle une prière pour les victimes innocentes et une population meurtrie. Il en fut de même pour chaque soirée et il en sera ainsi jusqu’au 23 décembre toujours avec un programme select en l’Eglise Saint Marron ou plusieurs soirées ont déjà eu lieu, et au Centre-ville ou Ibrahim Maalouf s’est produit avec toute sa fougue.
Le public a suivi, respectant les règles de distanciation et le port du masque, pour dire non à toutes les épreuves que nous vivons et confirmer l’importance de la culture sous toutes ses formes dans ce Liban confronté au pire mais qui renaitra grâce à ses fils.
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