L’église est pleine. Les places réservées chez Virgin, (gratuites, bien entendu) et le port du masque sont respectés. Pandémie exige ! Dans son mot d’accueil, Mme Micheline Abi Samra remercie le soutien de la Société Wardé qui s’investit dans la culture et la musique. Elle remercie en particulier la famille Khabbaz, « ma famille dit-elle, et nous dédions cette soirée à la mémoire de leur père Georges Khabbaz. A travers l’engagement de sa famille envers la communauté libanaise, ils assurent la continuité de son héritage ». La fondatrice de Beirut Chants poursuit, « je profite également de cette soirée, pour vous dire que nous affrontons d’immenses défis. C’est une vraie bataille que nous avons menée cette année en particulier, pour préserver notre droit à la musique. Nous sommes inquiets pour l’avenir du festival ». Elle souligne le manque de musiciens libanais au sein de l’orchestre national et ajoute « Cette crise que nous traversons est une expérience d’apprentissage. Elle teste nos compétences, et nos valeurs. Nous sommes tous appelé à relever le plus grand défi existentiel, auquel notre pays est confronté, du fait de la nonchalance, de la corruption et du silence. Travaillons ensemble en tant que communauté pour sauver ce festival et tous les festivals ».
L’ambassadeur Khalil Karam adresse de son côté un message aux noms de la Société de la Légion d’Honneur qui fête cette année son centenaire. « Un moment exceptionnel, dit-il qui malgré la pandémie a été marqué par des cérémonies et des manifestations, et le concert de ce soir en est l’un des fleurons. Cette association réunit des dignitaires de la plus haute décoration française, pour récompenser des citoyens ayant accompli des actes exceptionnels, au bénéfice du rayonnement de la France et de la francophonie. Et quand on voit le nombre de dignitaires libanais qui en sont les titulaires, on ne peut s’empêcher de constater qu’eux aussi ont accompli des actes exceptionnels au bénéfice du même rayonnement. Pour illustrer cette indéfectible amitié entre les deux pays, Karam cite André Gide lors de son passage au Liban en 1946 qui écrivait « je sens de toute part ici combien le Liban participe à notre culture. Rien de plus naturel car notre culture a pris l’élan sur votre passé, et comme il advient dans cette sorte d’échange mystique, on ne distingue plus ce que la France doit au Liban et ce que le Liban doit à la France ».
L’harmonie de la musique et des voix
Devant l’autel, les chœurs de l’Université Antonine et de l'Université Notre Dame NDU, l’orchestre symphonique libanais et quatre voix d’opéra de renommée internationale sous la direction du Maestro Toufic Maatouk. Ce fut une heure de pur enchantement. Un long « Kyrie » de 7 minutes ouvre la Messe et la belle voix de la Soprano Ana Maria Labin accompagne cette invocation dans ses multiples fluctuations musicales.
Née en Roumanie, la soprano a grandi en Suisse, y poursuit ses études et fut la première lauréate du Concours Ernest Haefliger. Elle fait ses débuts à la Scala de Milan dans la veuve Joyeuse de Lehár dans le rôle de Valencienne, et compte parmi ses différents rôles, "Comtessa" dans les Noces de Figaro, "Donna Anna" dans Don Giovanni et en en 2017, "Fiordiligi " Cosi Fan Tutti, à Versailles.... Une vraie soprano mozartienne. Elle aime aussi le répertoire baroque, où elle s’est produite dans plusieurs œuvres et multiples rôles. On la retrouve aussi en musique contemporaine. Ses engagements l’ont amenée dans des festivals et concerts de par le monde.
Le « Gloria », vif et rapide est chanté par les chœurs à la gloire du très haut. Le « Laudamus te », musique pleine de tonalites, révèle la seconde soprano Caterina di Tonno, qui accompagne de sa voix et ses vocalises les fluctuations de ce morceau.
Née à Naples elle a grandi à Rome et a commencé très jeune ses études musicales comme pianiste et violoniste. Elle rentre au conservatoire pour perfectionner sa voix et obtient de nombreux prix à des compétitions internationales qui vont lancer sa carrière comme chanteuse d’opéra où elle brille dans des rôles de Mozart. Elle s’implique de même dans le baroque, la musique de chambre et l’oratorio.
Le « gratias agimus tibi » aux notes paisibles est suivi de l’intensité musicale du « Dominos Deus » chanté par les deux sopranos, du « Qui Tolis » chœurs et orchestre. Avec le « Quoniam tu solus » le ténor Anicio Zorzi rejoint les deux sopranos dans une belle harmonie de voix, de chœurs et de musique.
Né à Florence, violoniste dès son plus jeune âge, pendant de nombreuses années, son intérêt s’est tourné par la suite vers le chant. Il fait alors ses études au Conservatoire à Florence et il est reconnu dans de nombreux concours. Anicio Zorzi a interprètés de multiples rôles principaux dans de grands Opéras internationaux, et a travaillé avec des chefs d’orchestres importants tels que Ricardo Muti.
Le « Jesu Christe » chorales et orchestre, est un vibrant hommage à la nativité. Le « Credo in unum dominum » est un vrai acte de foi auquel on ne peut qu’adhérer sous l’impact de l’intensité de la musique et des chœurs. J’avoue que c’est un de mes morceaux préférés.
« Et Incarnatus Est » est un merveilleux morceau musical de 8 minutes où l’on retrouve la soprano Anna Maria Labin et les belles nuances de ses vocalises.
Le « Sanctus » est aussi un temps fort qui transporte l’auditoire.
La Grande Messe en C mineur de W.A. Mozart s’achève en apothéose avec le « Benedictus » où les quatre voix d’opéra se retrouvent dont celle de Cesar Naassy Basse Baryton, un chanteur d’opéra international. Il débute sa carrière à l’âge de 7 ans dans des séries à Télé Liban. La séduction de sa voix, de sa diction, de son élocution le poussent à s’inscrire à la faculté de musique à Kaslik où il décroche un master. Il rentre au conservatoire national de musique et père Toufic Maatouk remarquant son talent, devient son coach.
Il faut rendre un vibrant hommage à l’excellence des chœurs des deux universités, de l’orchestre national et de la direction du maestro. Ce fut une soirée mémorable, et comme le dit Françoise Sagan « la musique de Mozart est un éclatant mépris de la mort ».
Cette Grande Messe a mis dans nos cœurs une éclatante Espérance pour confronter les jours à venir ».
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