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Sary et Ayad Khalifé sur tous les fronts musicaux

15/04/2023|Zeina Saleh Kayali

Les deux jumeaux, instrumentistes et compositeurs, occupent une place particulière dans le paysage musical européen. Ils racontent (ensemble !) leur parcours à l’Agenda culturel. 

 

Vous êtes issus d’une prestigieuse dynastie musicale. La musique s’est imposée à vous dès la petite enfance ? 

Absolument. Nous avons commencé tous les deux l’étude du piano à l’âge de cinq ans avec un professeur du Conservatoire. Notre père, violoniste issu de l’école soviétique, ne badinait pas avec les études musicales et nous étions astreints à plusieurs heures par jour, en plus du travail scolaire. Il avait une extraordinaire et très éclectique collection de disques classiques (Tchaïkovski, Bach, Gershwin etc.). Nous avons donc baigné dans la musique d’une façon absolument naturelle. 

 

Comment se déroulait une journée-type dans votre enfance ?

Nous arrivions de l’école vers 16h et travaillions la musique jusqu’à 20h puis nous dinions et nous mettions à nos devoirs de l’école. Il était clair, pour nos parents, que la musique serait notre métier. Et comme nous avions d’excellentes notes au Conservatoire, il n’y avait pas de raison de ne pas nous pousser davantage ! 

 

A l’âge de sept ans, Sary, vous commencez l’étude du violoncelle ?

Oui, notre père voulait nous pousser à nous différencier, afin d’une part d’éviter la concurrence et d’autre part que nous puissions former un duo. Sary s’y est donc mis tout en continuant l’étude du piano, ce qui lui a donné l’inestimable richesse de pouvoir maîtriser les deux instruments.  

 

A l’âge de 15 ans, nous sommes en 2005, vous vous retrouvez ayant brillamment terminé le cursus du Conservatoire à Beyrouth, ayant déjà donné des concerts avec l’Orchestre philharmonique libanais, et alors maintenant que faire ? 

Voilà c’est exactement cela. Nous étions encore très jeunes et le Liban ne nous offrait hélas plus d’opportunité d’évolution. Donc, l’expatriation s’imposait. Nous sommes partis pour la France où nous avons intégré le Conservatoire à Rayonnement régional de Boulogne Billancourt. Et puis Sary est entré au Conservatoire national supérieur de musique de Paris et Ayad s’est dirigé vers le pôle supérieur Paris Boulogne Billancourt pour le Diplôme national supérieur professionnel de musicien (DNSPM) couplé d’une licence en musicologie et du Diplôme d’état d’enseignement en piano quelques années après. A l’âge de 25 ans, nous avions suivi dix ans de formation au Liban et dix ans de formation en France ! 

 

Cette formation très classique et rigoureuse vous a-t-elle servi dans votre démarche de compositeurs ?

Oui bien sûr. C’est quand on est très solide sur ses bases que l’on peut s’en affranchir. Nous avons commencé à nous intéresser à notre musique traditionnelle orientale et à vouloir développer un langage musical bien à nous. Une nouvelle voie qui ne soit ni trop savante ni trop commerciale mais qui puisse parler en même temps aux personnes non initiées comme aux connaisseurs. Qu’il y ait plusieurs niveaux de lecture d’une pièce musicale et que chacun puisse y trouver son compte. 

 

Vos compositions peuvent être interprétées à la façon de la musique de chambre tout à fait « classique » et par ailleurs de façon disons plus « débridée » ? 

En effet ! la même pièce peut être jouée sous forme d’un duo piano-violoncelle et puis être revisitée de façon très différente en quatuor avec une batterie et une contrebasse. En somme, une musique à géométrie variable qui, à partir d’un noyau commun, peut se décliner différemment, ce qui en complique l’écriture, car nous composons à la table. C’est une musique savante à part entière. 

 

Vous faites la part belle à l’improvisation ? 

Oui, nous avons baigné dedans depuis très jeunes. C’est un genre musical qui fait peur aux musiciens classiques. Il n’est pas facile de se jeter à l’eau quand on a reçu une éducation musicale stricte. C’est une liberté qu’il faut pouvoir prendre et qui ouvre d’infinies possibilités. 

 

Cela vous éloigne-t-il du milieu musical occidental classique ?

D’une certaine façon. Ce mélange des genres et le fait de produire nos propres compositions n’est pas toujours très bien reçu. Le risque est en effet de déplaire à certains mais en même temps cela nous ouvre à d’autres publics.

 

Peut-on dire que vous mettez votre connaissance des outils occidentaux au service de votre âme orientale ? 

La maîtrise de la technique occidentale est essentielle. Elle est la base qui nous permet de nous propulser vers autre chose. Et n’oubliez pas que nous, Libanais, naviguons sans cesse entre les différentes cultures, sans jamais avoir à choisir ou en exclure l’une ou l’autre ! 

 

 

Quelques extraits du  catalogue de Sary et Ayad Khalifé

 

Formation duo :

SOOBIA : https://youtu.be/YAEwgxugzD4

PRAYER : https://youtu.be/SPpPH7mFiuQ

 

Formation Quartet :

Monomania : https://youtu.be/t-iQXwgm-MA

Wind Rider :  https://youtu.be/Yy2uwlovdqA

 

Formation avec chant : 

Salat Taghour : https://youtu.be/u1yY-gzadcA

Naseej : https://youtu.be/S9CksMBt-fA

 

Quelques compositions d’Ayad : 

Fantaisie sur l’hymne National Libanais : 

https://youtu.be/QR2texoMYow

Fantaisie sur Aatini Al Nay : https://youtu.be/8eIn-ceXnNM

 

Quelques compositions de Sary : 

Till we meet again : https://youtu.be/Z9suKNSbdLw

طلعت يا محلى نورها https://youtu.be/rk7lCcrATGw

 

 

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