La troisième édition du festival Musicales du Liban s’est achevée. Trois concerts, sur trois dimanches consécutifs dans la cathédrale Notre-Dame du Liban dans le 5e arrondissement de Paris, tous consacrés au patrimoine musical libanais de musique savante encore méconnu, tous différents mais avec quand même un fil conducteur : le Liban.
Premiers concert, Sonates libanaises par Mario Rahi au violon et Georges Daccache au piano. L’homogénéité entre les deux interprètes est complète, leur dialogue intense. Ils se comprennent d’un regard et sont aujourd’hui les principaux porte-paroles de ce répertoire. Le programme comporte des œuvres de Boghos Gelalian, Iyad Kanaan, Claude Chalhoub, Bechara El Khoury et Naji Hakim, dont une création mondiale, Lettre à Marie-Carmen, dédié à la petite-fille du compositeur.
Deuxième concert Beyrouth mon amour par Wassim Soubra, spectacle en quatre tableaux, conçu par le compositeur qui est au piano, tantôt en solo ou accompagnant Jeanne Ghanem, jeune chanteuse à la voix pure et cristalline. Autour de ses pièces dont le langage musical varie entre musique savante et jazz oriental, des textes de Nadia Tueini, remarquablement dits par Livia Arditti. Le maître de Wassim Soubra, Jean-Sebastien Bach, n’est jamais loin et fait même une incursion dans le programme, se fondant parfaitement dans l’ensemble, tant sa musique est universelle et intemporelle.
Troisième concert, le trio Correspondances. Trois jeunes instrumentistes français, Louis Dugué au piano, Laura Daniel au violon et Aurore Daniel au violoncelle ont joué le jeu de défricher un répertoire qui leur était totalement inconnu et l’ont porté avec brio et sensibilité devant un public heureux de découvrir ces œuvres nouvelles. Pièces de Violaine Prince (création mondiale de ses deux trios), Iyad Kanaan, Abdel Rahman El Bacha et Sevag Derghougassian avec deux « intrus » Arvo Pärt et Arthur Honegger, dont l’esthétique s’harmonisait parfaitement avec le reste du programme.
Cette année encore les Musicales du Liban sont solidaires avec le Liban. Ayant pu couvrir les frais des concerts grâce à ses partenaires, le festival a restitué l’intégralité de la recette au Collège Saint Jean de Okaibé qui fait partie des des nombreux établissements scolaires victimes de la crise financière traversée par le pays.
Avec beaucoup d’imagination et peu de tapage, le festival Musicales du Liban ambitionne d’inscrire, lentement mais sûrement, la musique savante libanaise dans le paysage musical du grand répertoire en lui créant un espace de création et en fidélisant petit à petit son public. Souhaitons-lui chance, courage et opiniâtreté.
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