Malgré la concurrence déloyale du match de football et de la terrible vague de froid qui sévit à Paris, la chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière était presque pleine pour le récital de chant et orgue de Marie-José Matar et Elie Sawma.
Ce moment musical éclectique de grande qualité était constitué d’œuvres de différentes époques, toutes tournant autour du thème de la nativité et de la Vierge Marie, certaines très connues et d’autres plus confidentielles mais gagnant à être connues.
Le récital s’ouvre ave le célébrissime Ave Maria de Charles Gounod, sur le Prélude n° 1 du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach. D’emblée la voix de Marie-José Matar emplit l’espace et l’on est immédiatement séduit par un sens de la nuance et une justesse de ton qui s’appuient sur une formidable malléabilité du matériau vocal. Au fur et à mesure que les œuvres se déroulent, la voix s’affirme encore et la foi de la chanteuse irradie et incarne la musique. Un extrait du Gloria de Vivaldi, puis du Magnificat de Jean-Sébastien Bach et un bouquet de musique française (César Frank, Jules Massenet, Francis Poulenc …).
Le patrimoine musical libanais que Marie-José Matar défend avec passion était également présent avec Assalamu Aalayki de Khalil Rahmé, Tubaki ya Mariam d’Iyad Kanaan et Ya susanatan de R. Sakr, trois œuvres touchant au cœur et magnifiées par la superbe diction arabe de Marie-José pour qui le dialogue des cultures n’est pas un vain mot.
Juste avant que n’éclate avec brio l’Alleluia de l'Exultate Jubilate de Mozart, voici que résonne une œuvre totalement originale et intéressante, au langage musical contemporain mais qui n’exclut absolument la sensibilité et le recueillement, Haiku n° 1 de Didier Matry, compositeur et titulaire du grand orgue Cavaillé-Coll de l’église St-Augustin à Paris.
Et à propos d’orgue, qu’en est-il d’Elie Sawma ? Eh bien, ce fut l’excellente surprise du récital. Ce remarquable musicien dont la carrière est en pleine affirmation et que l’on connaît comme pianiste et chambriste, s’avère être un organiste de haut niveau, s’adaptant à tous les répertoires, au soutien qui sait se faire discret quand la partition l’impose, mais qui est également tout à fait présent quand c’est à l’orgue de prendre la parole. Ecoute, sensibilité et virtuosité sont les maitres mots qui s’appliquent à Elie Sawma l’organiste.
A en juger par la haute tenue de ce concert qui a indéniablement tenu ses promesses, il est réconfortant de constater que nos jeunes interprètes libanais portent haut les couleurs de leur pauvre petit pays, par leur travail acharné ainsi que par la qualité et la diversité des répertoires qu’ils défendent.
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