Depuis le 10 avril et jusqu’à la fin du mois la pièce se joue au théâtre Monnot à 19h souvent à guichet fermé avec possibilités de prolongations.

Le scénario se déroule à Barcelone d’où le titre « Bi Barcelona ».

Un couple de libanais vient de passer un agréable séjour dans cette belle ville espagnole et décide juste avant de rentrer au Liban de vivre une expérience particulière celle de « l’échangisme », de la relation sexuelle avec un autre couple. Une expérience qu’il ne pourrait sans doute pas vivre au Liban. Un thème audacieux.

La scène s’ouvre sur un salon coquet avec quelques tableaux de peintures assez évocateurs. L’épouse fait la valise et emballe plein de beaux vêtements fraîchement achetés. Le mari est encore en robe de chambre et elle lui demande sans cesse de s’habiller car le couple attendu est sur point d d’arriver. Il hésite se demande s’il ne voudrait pas mieux annuler ce rendez-vous. Par contre son épouse est enthousiaste et voudrait vivre l’expérience. Le spectateur met un petit laps de temps, avant de comprendre de quoi il s’agit. Le mari reproche à son épouse d’avoir choisi en naviguant sur le net, un jeune homme au beau physique alors que lui n’a pas pu voir encore le visage de sa partenaire. D’où sa frustration.

La porte sonne et le nouveau couple arrive.

Un hors normes qui peut choquer certains par son thème mais qui le transcende par ses multiples éléments de surprises et de messages dont la chute finale.

Je ne vous en dis pas plus.

La pièce d’une heure de temps respecte les normes du théâtre classique unité de temps, de lieu et d’action. Quatre acteurs sur scène : Abdelrahim Al Awji et Farah Shaer excellents dans le rôle du couple libanais et Majd Al Masri et Alice Ezzeddine un bon jeu dynamique dans le rôle du couple “echangiste”.

La pièce est une forme de comédie ponctuée d’humour, de piques, de situations drôles et amusantes, on rit on s’interroge sur le déroulement de l’expérience. Le dialogue porte de multiples messages de vie. Il met en relief l’importance du comportement humain et des relations sociales, dévoile les problèmes du couple, les petits secrets de la trahison conjugale etc. On parle aussi philosophie le mari étant prof de philo, et on fait même appel à Socrate ...

Pour en savoir, plus, sur cette pièce j’ai posé deux questions à son auteur et metteur en scène Lucien Bourjeily.

Qu’est-ce qui vous a inspiré ce sujet assez audacieux ?

Ce qui m’intéresse avant tout affirme-t- il, c’est la capacité du théâtre à interroger ce qu’on prend trop souvent pour acquis.

Bi Barcelona part d’un moment de pause dans la vie d’un couple, mais devient très vite un terrain fertile pour remettre en question nos automatismes, nos habitudes, nos limites. Ce n’est pas tant l’histoire qui compte, mais ce qu’elle déclenche comme réflexion chez chacun.

Je crois profondément que tout peut être repensé : nos choix, nos rôles, nos liens, nos façons de vivre ensemble. Et plus encore : cette forme de pensée critique peut, à plus grande échelle, nous aider à repenser notre société, notre pays, et même nos systèmes politiques. Une société où l’on ose tout questionner est une société en mouvement, capable de se transformer.

Quels sont les messages de la pièce ?

Je n’ai pas voulu transmettre un “message” figé ou imposé. Je préfère poser des questions, ouvrir des pistes, créer un espace où chacun peut se reconnaître… ou se confronter.

Chaque spectateur entre avec son propre vécu, ses propres repères, et la pièce est là pour stimuler un dialogue intérieur. Le théâtre, pour moi, est un miroir, il amplifie, il dérange parfois, mais surtout il invite à penser.

 Et si, en reconsidérant les petites choses, on arrivait à imaginer de grands changements ? Et si cette capacité à tout remettre en question devenait une clé pour réinventer notre avenir commun ? 

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