De père canadien et de mère libanaise Katia Makdissi-Warren tient absolument à porter le nom de sa mère, Makdissi, afin d’afficher son ascendance libanaise dont elle est très fière. Dès son plus jeune âge, Katia se sent très attirée par la musique moyen-orientale, mais hélas, c’est un enseignement qui n’est pas proposé au conservatoire de Québec où elle suit ses études musicales : « On ne fait pas ça au conservatoire », s’entend-elle répliquer quand, vers l’âge de 15 ans, elle essaye déjà d’incorporer de la musique arabe dans certains morceaux occidentaux. Cependant, un de ses professeurs comprend son besoin et lui conseille de « donner au conservatoire ce qu’il demande » tout en continuant, en parallèle, sa démarche de découverte et d’approfondissement de cette autre musique qui l’attire tant.
Après de très solides études de composition, notamment à la Musikhochschulede Hambourg, Katia Makdissi-Warren peut enfin se diriger vers la musique orientale. À Paris, elle rencontre le père Louis Hage (1938-2010), lui-même grand compositeur et musicologue, fondateur du premier institut de musicologie au Moyen-Orient, qui deviendra la faculté de musicologie de l’Université Saint-Esprit de Kaslik. Le père Hage sera son principal maître dans ce domaine. « Il m’a ouvert tout le monde oriental », dit Katia de ce grand musicien et pédagogue.
Le catalogue de Katia Makdissi-Warren est très étendu. C’est sa musique qui, en 2009, est choisie pour être jouée dans les salles d’exposition de la plus haute tour du monde à Dubaï. Pour cette occasion, et comme il est important « d’intégrer des éléments de la musique émiratie dans une modernité ouverte au monde », Katia base ses compositions principalement sur les rythmes « khaliji ».
Les œuvres de cette artiste sont interprétées par des ensembles tels l’Orchestre symphonique de Québec, l’Ensemble intercontemporain de Montréal ou l’Orchestre national oriental de Beyrouth, et certaines de ses compositions pour le oud ont été portées par des interprètes tels que Marcel Khalifé.
Katia Makdissi-Warren est la fondatrice d’Oktoécho. Cet ensemble instrumental à géométrie variable (il compte de 3 à 24 musiciens selon les productions) basé à Montréal, a pour ambition, sous la direction artistique de sa fondatrice, de « plonger l’auditeur dans un univers sonore empreint d’espoir et de lyrisme ». L’expérience et les influences culturelles de chacun des musiciens qui viennent d’horizons aussi divers que le classique, le jazz ou la musique du monde participent à l’alliance multiculturelle d’un nouveau type de langage musical.
La presse canadienne et internationale salue avec beaucoup d’enthousiasme la sortie des disques et les tournées d’Oktoécho, parlant de « fascinante symbiose de couleurs musicales et de contrastes », de « mariage parfaitement consommé entre les deux mondes », ou de « démarche qui consiste à sentir profondément les deux cultures musicales et, ainsi, à développer une autre façon de les percevoir ».
Katia Makdissi-Warren a intériorisé ses racines libanaises et les a retransmises avec tout son talent à travers sa musique, bien que la loi ne lui en octroie même pas la nationalité ! Avec son ensemble Oktoécho, elle porte cette culture dont on ne peut, encore une fois, que constater l’universalité et le rayonnement. En 2019, la Société de musique contemporaine du Québec choisit Katia Makdissi-Warren comme compositrice en résidence et lui consacre une Série hommage à travers plus d’une quarantaine de concerts pendant toute une année. Une saison durant laquelle elle présente notamment sa version à elle des Quatre saisons de Vivaldi. Elle a d’ailleurs reçu une vingtaine de commandes pendant cette Série hommage, un véritable record. « Plutôt que le violon, ce sont des instruments du Moyen-Orient qui font les solos », explique-t-elle. C’est ainsi que Katia Makdissi Warren fait dialoguer les cultures.
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