Vous venez de donner un récital avec d'autres artistes, en rapport avec le Liban, pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce concert a été organisé par « Mission & Authenticité » et « Association Lyrique Pro Voces » dans le but d’en reverser tous les bénéfices aux enfants libanais en difficulté.
Tout d’abord, étant un pianiste franco-libanais vivant à Paris, il très important pour moi de maintenir un lien humain avec le Liban à travers la musique. C’est aussi une manière d’être utile et de prendre part, à mon niveau, à l’entraide au sein du pays. D’ailleurs, dans mon programme figurait une transcription d’une chanson de Fairuz : « Addeysh Kan Fi Nas ». Puis j’ai aussi joué des œuvres du jeune Debussy et de Chopin.
J’ai eu également la chance de partager la scène avec des artistes de grand talent, ce qui renforce un tel événement et le rend d’autant plus dynamique. Il y avait la soprano Mihaela Mingheras, le ténor Antonel Boldan, le pianiste Denis Dubois et Christophe Giovaninetti au violon.
Ce concert était réellement un moment de communion entre les artistes et le public. De tels instants de partage sont précieux et mémorables pour un musicien.
Vous avez par ailleurs, ces derniers mois, donné des récitals de piano dans différents lieux.
En effet, un récital des œuvres de Chopin s’est tenu à l’église Saint-Julien-le-Pauvre, à Paris. J’y ai interprété des Nocturnes, des Valses, et deux Polonaises. Ce compositeur m’est très cher et il est le premier qui m’a touché lorsque j’étais enfant. Se plonger dans un récital entièrement dédié à Chopin était à la fois un défi et un véritable plaisir.
Ensuite, il y a eu un concert au magnifique Musée Rodin, toujours à Paris, où j’ai joué seul mais aussi en accompagnant la soprano Lili Aymonino. Nous avions un programme avec des airs d’opéra de Mozart, Gounot, Bizet… et même Edith Piaf.
Qu'est-ce que « Les Passages d'Agapanthes » ?
Il s’agit d’une composition que j’ai enregistré pour le Musée Yves Brayer, qui se trouve aux Baux-de-Provence. Elle est accompagnée d’une vidéo qui réagit en instantané aux ondes de la musique. Cette partie visuelle relève de la création digitale et est signée Tomek Jarolim. Nous avons travaillé en binôme pour cette création passionnante. Cette œuvre a été commandée par le peintre Michal Korman et le musée, où elle a été exposée et diffusée de mars à novembre 2022 au sein d’une exposition nommée « Laisser une trace » qui faisait écho aux toiles du grand peintre Yves Brayer et à la période artistique particulièrement féconde qu’il a vécue en peignant la nature de la Provence. « Les Passages d’Agapanthes » bénéficie du soutien exceptionnel de Edelweiss Film Production.
Cette composition intègre des murmures, des cymbales et des instruments électriques : synthétiseur, guitare, basse… J’ai souhaité évoquer la rêverie et la contemplation, mais aussi le passé. Tel un promeneur plongé dans les paysages sauvages peints par Brayer, la composition s’étire dans le temps et évoque tour à tour le vent, le bruit du silence, des rayons de lumières soudains, des souvenirs, des pensées, un passé…
L’Agapanthe est une fleur sauvage qui pousse à la lisière de la Provence et de la Côte d’Azur. Son nom est peu commode mais possède une sorte de musicalité qui m’attirait beaucoup, comme un mot « chantant ». C’est aussi une sorte de clin d’œil à Michal Korman qui peint les fleurs comme aucun autre.
Le « passage » peut avoir plusieurs sens dans ce contexte et contient une part de mystère qui m’intrigue. Tout d’abord, en regardant les tableaux d’Yves Brayer, on l’imagine volontiers s’éloigner des grands chemins pour rejoindre des endroits sauvages ou des promontoires.
Les « passages » se trouvent aussi dans la musique, par exemple quand on veut décrire un instant précis d’une œuvre, mais aussi pour parler littéralement d’un chemin où d’une transition d’une partie à une autre au sein de la même œuvre.
Votre seule source d'inspiration pour cette œuvre musicale a été la peinture ?
En grande partie. J’ai longtemps regardé les toiles de Brayer pour m’imprégner de ses couleurs et de cet état contemplatif devant une nature drue, chaude, sèche, solitaire, qui « nous nie sans colère », comme écrivait Albert Camus.
L’autre part de mon inspiration relève de la fiction. J’imaginais ce peintre, seul et à la rencontre de son destin, de son art, dans le silence assourdissant de l’été, foulant les roches de ces paysages presque vierges, et si peu peints avant lui.
Que faut-il vous souhaiter ?
Cela peut paraître utopique, mais pourquoi pas ? Que ma musique et celle des autres musiciens inspire plus de justice, de paix, et de tolérance envers notre prochain.
L’actualité de Gabriel Boutros
Instagram : https://instagram.com/gabrielboutros?igshid=NDA1YzNhOGU=
Facebook : https://m.facebook.com/gabriel.boutros.35
« Les Passages d’Agapanthes » : https://www.youtube.com/watch?v=hey0rKrt2c4&t=21s
« Les Passages d’Agapanthes », extrait : https://www.youtube.com/watch?v=GyuG9mJPLI0&t=18s
Le Musée Yves Brayer : https://www.yvesbrayer.com/fr/
ARTICLES SIMILAIRES
Petite messe solennelle de Rossini pour un grand concert réjouissant au Festival al Bustan
Gisèle Kayata Eid
20/03/2024
Laura Lahoud : « oui nous l’avons fait envers et contre tout »
Nelly Helou
20/03/2024
Riche saison hivernale à Beit Tabaris
Zeina Saleh Kayali
13/03/2024
Vernis Rouge : « Je suis fière de pouvoir représenter le Liban »
Garance Fontenette
07/03/2024
Abdel Rahman el Bacha en concert exceptionnel à Beyrouth
Gisèle Kayata Eid
03/03/2024
Mélodies françaises et libanaises par Marie-José Matar et Elie Sawma
Zeina Saleh Kayali
27/02/2024
De Kaslik à Erevan avec Betty Salkhanian et Georges Daccache
Zeina Saleh Kayali
25/02/2024
La musique : Un vecteur conducteur essentiel pour créer une véritable nation
Nelly Helou
20/02/2024
Orphée autrement avec La petite suite
Zeina Saleh Kayali
13/02/2024
Noémie Chemali et l’Opus 961
Zeina Saleh Kayali
07/02/2024