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Les réserves naturelles du Liban – 7

11/07/2024|Jocelyne Dagher Hayek

Dans ses dimensions restreintes, le Liban a trop d’originalité, trop de vie, trop de

couleur pour qu’on ait le droit de le dédaigner. C’est un monde en miniature ; mais un monde complet.

Gabriel Charmes (Journaliste 1850-1886)



La réserve des Cèdres de Jaj (Jbeil) -2014

Sur les terres antiques de Jbeil se trouvait la forêt primaire de Cèdres qui recouvrait les sommets du Mont Liban. Fortement exploitée par les monarques de Byblos au cours du 3e millénaire avant JC, pratiquement décimée pour répondre aux besoins des souverains égyptiens et perses, il n’en reste aujourd’hui qu’une forêt de 20 ha, à Jaj, village à la lisière de Jbeil.

Jaj veut dire « Le sommet » en langage phénicien.

Elle s’étale sur le versant Ouest du Mont Liban, entre 1650 et 2500 m au-dessus du niveau de la mer.

Les arbres y sont rares et espacés mais majestueux. Elle compte 173 vieux cèdres. 

Dans un effort de reboisement, vingt mille cèdres y ont été plantés récemment.

La réserve contient plus de 600 espèces d’arbres et de plantes dont 3 espèces de fleurs endémiques à Jaj. On peut aussi y voir 3 espèces de papillons également endémiques à Jaj.

En Juin 2019, il y a été découvert une variété d’orchidées non chlorophyllienne (albinos) poussant non loin de la même variété mais verte. Des études sont en cours à la Faculté des sciences de l’USJ pour comprendre comment la même plante opte pour différents modes de nutrition selon son emplacement (ensoleillé ou pas).

La réserve de Jaj abrite une ancienne chapelle, la Chapelle de Marie (Saydé). Basse, avec ses murs en pierre, sa petite croix en bois, ses fenêtres et portes exigües, ses quelques images saintes, elle est le témoin des temps difficiles que connut la chrétienté à l’époque des pachas ottomans.

Quatorze gouffres existent dans la réserve. L’un d’entre eux mène à une église dénommée « Houwet el Manchara » à une profondeur de 25m.

Formés il y a 150 à 200 millions d’années, les rochers de la haute montagne sont appelés « Rochers jurassiques ».

 



Le Mont Hermon ( Békaa Ouest) -2020

C’est le dernier site à avoir été qualifié de Réserve naturelle au Liban.

Terre de légende, havre de biodiversité, château d’eau, le Mont Hermon (Jabal el Cheikh) est un lieu à la limite du mythe.

Appelé Jabal el Cheikh à cause de la neige qui le couvre en quasi-permanence, cet espace de 1260 ha de la chaîne de montagnes de l’Anti-Liban est, selon la légende, le lieu de la Transfiguration de Jésus-Christ.

Dans l’épopée de Gilgamesh, il est écrit que le Mont Hermon se fendit lorsque Gilgamesh tua Humbaba, le gardien féroce de la forêt des cèdres.

Au cours de l’antiquité, plusieurs auteurs grecs et latins confondent le Mont -Liban, l’Anti-Liban et le Mont Hermon au sein d’une même entité qu’ils nomment Liban.

Situé dans la région de Rachaya, entre 800 et 2800 m d’altitude, il est recouvert de neige presque toute l’année. La fonte des neiges entraîne l’alimentation des nappes d’eau souterraines ce qui fait de cette zone l’un des plus grands réservoirs d’eau souterraine de la région.

Les versants au sud du mont sont l’objet de différends territoriaux entre le Liban, la Syrie et Israël, rendant les études et recherches difficiles dans la région.

Le Mont Hermon se prévaut d’une flore d’une grande diversité. 900 espèces ont déjà été recensées dont une centaine endémique au mont et au massif de l’Anti-Liban. 124 espèces végétales sont encore utilisées par les communautés autour du mont pour le traitement de maladies rhumatismales, cutanées, digestives, respiratoires, hépatiques, pour le diabète et d’autres maladies chroniques.

Les arbres y sont verts toute l’année. Selon l’altitude, on y trouve des chênes, des pistachiers, des jujubiers, des genévriers, des érables, des oliviers, des pruniers et des aubépines.

 C’est aussi un lieu de passage privilégié pour les oiseaux migrateurs et un lieu de présence pour des espèces animales en voie de disparition.



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