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"Mémoire(s) Vivante(s) : Quand le Théâtre Libère la Parole des Femmes"

18/02/2025

Depuis septembre dernier, le Théâtre Monnot accueille une série d’ateliers soutenus par l’Union Européenne sous l’intitulé "Théâtre et Résilience : Un Espace Sûr pour les Femmes Libanaises". Après Polo Anid et Giulio Vanzan, ce troisième volet explore une approche intime et collective de la mémoire, transformant les souvenirs en matière artistique. À travers l’improvisation, l’écriture et la mise en scène, cet atelier invite les participantes à s’approprier leurs récits et à les partager dans un cadre bienveillant. Aujourd’hui, nous rencontrons Clément Vieu* pour en savoir plus sur cette démarche et sur la manière dont le théâtre devient un outil puissant de résilience et de transmission.

 

La mémoire est un matériau intime et parfois sensible. Comment guidez-vous les participantes pour qu'elles transforment leurs souvenirs en une matière artistique partagée, sans se sentir exposées ou vulnérables ?

L'objectif de cet atelier est de libérer la parole dans un cadre bienveillant. Pour cela, l'aspect collectif est essentiel. Former un groupe, une troupe, pendant le temps de l'atelier. Une sorte de jardin dans lequel les participantes se sentent libres de s'exprimer autant à l'oral qu'à l'écrit. Je m'appuie également sur un premier travail effectué en janvier avec Giulio Vazan, spécialisé en théâtre et thérapie.

 

Votre atelier mêle improvisation, écriture et mise en scène. Comment ces trois disciplines se complètent-elles pour aider les participantes à s'approprier leur propre récit et à lui donner une voix collective ?

L'écriture de plateau permet de réunir ces trois moments. A la différence d'une pièce de théâtre habituelle, les actrices de Mémoire(s) Vivante(s) sont la "matière première" de leur propre spectacle. L'improvisation nous permet de trouver des thèmes et dégager des directions pour la phase d'écriture. Et à partir de cette partition, la forme du spectacle se dessine petit à petit.

 

Le spectacle final prend la forme d’une émission radiophonique en direct. Pourquoi avoir choisi ce format et en quoi pensez-vous qu’il sert particulièrement le thème de la mémoire ? 

Nos yeux reçoivent énormément d'images et via une multitude de canaux.  J'avais envie de travailler sur l'écoute et proposer une expérience sonore aux actrices et au public. Solliciter nos oreilles davantage que nos yeux. Convoquer une mémoire auditive autour de ces voix féminines et de leurs récits. Le travail au micro favorise aussi une certaine intimité qui est au cœur de l'atelier. Et puis il n'y aura qu'une seule représentation. Donc l'idée d'ajouter les aléas d'une émission en direct m'amusait aussi.

 

Vous avez une relation forte avec le Théâtre Monnot. Cette connexion avec la scène libanaise a-t-elle influencé votre approche de l’écriture ou du tournage de votre série "2 Tables" ?

Oui, c'est une relation qui dure depuis presque vingt ans ! J'ai découvert le Liban et le Théâtre Monnot grâce à Josyane Boulos qui m'a fait rencontrer des artistes et des lieux extraordinaires. Un grand souvenir de théâtre est ici : Incendies de Wajdi Mouawad en 2013. Des livres comme les Identités meurtrières d'Amin Maalouf ou les albums de Yasmine Hamdan ont aussi éclairé mon chemin.

Revenir à Beyrouth me remplit toujours de joie. Cette ville est fascinante. Elle m'inspire des histoires depuis le premier jour où j'ai posé le pied ici. Cela a, indiscutablement, influencé l'écriture de 2Tables dont un épisode se déroule ici.

 

« 2 Tables » raconte l’histoire d’un jeune champion de ping-pong qui renoue avec ses racines libanaises. Pourquoi ce sujet vous tenait-il à cœur, et en quoi le Liban joue-t-il un rôle central dans la narration ? 

La série suit le parcours d'un ado de 15 ans qui se cherche des repères. La découverte de son pays natal va l'aider à "devenir qui il est". Beyrouth va le réveiller et va lui donner confiance.

Le thème de l'héritage nous est cher avec Galaad HEMSI, le coréalisateur de la série.

Celui du déracinement aussi : Galaad est le fils d'un apatride égyptien et ma famille est immigrée italienne.

On ne se défait jamais de ces héritages-là. Nous avions envie de creuser la question de l'identité sur un territoire complexe et riche d'histoires. Le Liban était une évidence.  

 

Le tournage est prévu pour 2026. Quels défis logistiques et artistiques anticipez-vous pour filmer au Liban, et en quoi cela enrichira-t-il l’authenticité de la série ?

Beyrouth est un décor de cinéma. D'importants cinéastes comme Nadine Labaki, Philippe Artactingi ou Ziad Doueiri ont rendu cette ville immortelle. Il suffit de poser une caméra au coin d'une rue. Chaque façade exprime une émotion. Peu de villes dans le monde ont cette âme-là. Autant de douceur et de brutalité. Avec cette série, nous espérons aussi offrir un regard nouveau sur le Liban à travers le sport. La société Wild Cats qui nous accompagne est habituée des co-productions internationales. Nous nous appuierons sur une équipe libanaise sur place. Après avoir tourné deux courts métrages ici, je suis très enthousiaste à l'idée de remettre ça. En 2026 inch'allah !!

 

 

Dans un pays où les récits individuels se mêlent à une mémoire collective souvent tourmentée, cet atelier propose un espace de parole et de création essentiel. En clôturant ce cycle par une expérience “podcast sur scène” en direct, il rappelle que la voix est un vecteur puissant d’émotion et de transmission. Plus qu’un spectacle, c’est un témoignage vivant, une trace sonore d’histoires personnelles et universelles. Un pas de plus vers un théâtre libérateur, où chaque femme peut réinventer son histoire sans crainte d’être réduite au silence.

 

 

*Dans le cycle organisé avec le soutien de l’Union Européenne, le Monnot présente le 3ème et dernier volet des ateliers. Animé par Clément Vieu, comédien et auteur français, il aura pour thème MÉMOIRE(S) VIVANTE(S) et aura lieu du 25 février au 1 mars clôturé par un spectacle le dimanche 2 Mars à 16h00.

 

Mémoire (s) Vivante(s)

Entrée gratuite sur réservation au 70626200

Dimanche 2 mars à 16h00

 

 

 

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