Micheline Nohra traduit nos peurs en Art à l’Atelier de Maher Attar
17/04/2024|Garance Fontenette
« Chuchotements d’obsessions », l’exposition de Micheline Nohra organisée par Muriel Asmar, est à découvrir à l’Atelier de Maher Attar du 19 au 23 avril. Ses peintures, joyeuses et captivantes à son image, sont également teintées de doutes et de peurs. Rencontre avec l’artiste libanaise lors de l’accrochage de son exposition.
Micheline Nohra signe ici sa deuxième exposition solo. Elle affirme que « ma peinture vient du cœur et constitue le moteur de ma vie », ajoutant qu'elle se sent « très chanceuse d’avoir cette passion et ce don ». Véritable passionnée, elle confie « peindre tous les jours sauf le dimanche », précisant qu'en moyenne, depuis 2009, elle consacre trois à quatre heures par jour à la peinture.
« Micheline Nohra parvient toujours à surprendre à chaque tableau et sait attiser la curiosité
des gens en mélangeant l'esprit et la beauté dans son art souvent figuratif
reflétant le chaos de notre vie moderne »
Muriel Asmar
Comment peindre les peurs chroniques et les phobies à travers un art joyeux ? C’est le défi, pour le moins réussi, que l’artiste s’est lancé il y a quelques temps. La genèse de cette idée, elle la tient sûrement de sa phobie personnelle envers les cafards. Une peur qu’elle n’a « toujours pas réussi à peindre ». Face à ces toiles abstraites, nous sommes obligés de nous rendre à l’évidence : les peurs peuvent être artistiques, sources de bonheur et de création. Pour le prouver, elle dépeint ces émotions négatives en équilibrant des couleurs vives, une touche d’humour et de joie.
Sans Pantalon, 120x90 cm
Ces peurs chroniques et ces petites (ou grandes) phobies sont des thèmes universels et infinis. « Je pourrais ne peindre que ça tellement la liste est énorme », s’exclame-t-elle. De la traditionnelle peur de l’araignée à la peur méconnue du personnage de Minnie Mouse en passant par la peur de grossir, elle les retranscrit merveilleusement, au travers de ses pinceaux. Toutefois, l’artiste précise que "les peurs psychiques, contrairement à celles physiques, sont plus difficiles à peindre". En effet, intangibles et inévitables, ces sentiments intrinsèques semblent compliqués à traduire à travers l’art. Pourtant, Micheline y parvient, et avec brio !
Papillon, 60x60 cm
Célèbre pour ses portraits distinctifs, elle expose 25 nouvelles œuvres abstraites, mettant l'accent sur les couleurs. En effet, « je voulais rester dans le thème des phobies et de l’obsession mais de manière amusante », explique-t-elle. Ainsi, Micheline déploie son talent et sa connaissance pour assembler les couleurs dans le but de « rendre ces peurs colorées et agréables ». Car pour elle, « rigoler » et « s’amuser » sont des éléments essentiels de sa vie. Son art prouve alors que « les peurs n’empêchent pas de vivre ». En sortant de son exposition, on ne peut qu’être d’accord avec elle. Micheline réussit à capturer l’essence des peurs qui nous traversent tous, sans exception. Mais c’est aussi la dimension de nos peurs qu’elle réussit à mettre en lumière. « Souvent, la dimension de la peur est minuscule et la raison est minime, pourtant cela nous gâche la vie », dit-elle.
Les Manfichistes II, 90x90 cm
Son processus de création est spontané et passionné. Dans son atelier qu’elle qualifie de « petite maison », elle peint « selon son humeur », parfois « sortant du thème si elle en ressent l’envie ». Après avoir visualisé ses idées, elle les applique directement sur la toile « sans trop penser », cherchant la spontanéité. Une liberté illimitée que nous percevons dès notre premier regard sur ses toiles. Son art nous anime de bonheur et nous donne l’espoir de croire en l’avenir avec optimisme et légèreté. Une bouffée de bonheur sous forme d’acrylique.
« Je veux que ma peinture transmette de la bonne humeur », conclut-elle. Avec son exposition « Chuchotements d’obsessions », dont on ressort inévitablement avec un sourire aux lèvres, c’est chose faite !
Crédit portrait de Micheline Nohra : ©️ 2024 Maher Attar. Tous droits réservés
Instagram : @mi.nohra
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