Rap and beyond donne de la voix à des artistes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, au nom de l’inclusivité
29/05/2023|Sarah Coudert
Des artistes originaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont enflammé la scène du KED, dans le cadre du festival Rap and Beyond,ce week-end. Pour cette édition exceptionnelle, l’organisation de Beirut and Beyond offre une programmation 100% féminine, aux rythmiques rap, hip-hop, et trap.
Beirut and Beyond est le projet qui mise sur l’inclusivité. Amani Seeman, co-fondatrice et directrice du festival veut « combler le manque de plateformes qui font la promotion d’artistes indépendants ». Amani souhaite promouvoir les artistes à l’univers unique et propulser des talents indépendants en dehors du cadre national. Cette année, des rappeuses de plusieurs pays arabes ont été invitées au Liban pour performer au Rap and Beyond Festival. C’est le projet inédit, d’un festival qui ambiance la scène libanaise depuis 2013. Au-delà de deux jours de musique, c’est un projet d’une semaine qui a pris la forme d’une résidence. En effet, du 21 au 29 mai, Beirut and Beyond en partenariat l’Institut suédois, l’Ambassade suédoise et les Musées nationaux de la Culture mondiale basés en Suède, ont accueilli les artistes une semaine entière. Entre les ateliers, l’écriture collective de musiques, les discussions, le but était de faciliter le contact entre les artistes et les professionnels afin d’accroître la notoriété de jeunes rappeuses. « On travaille ensemble, on partage des astuces pour le trac, la gestion de notre souffle, l’inspiration » nous dit Frizzy, jeune rappeuse marocaine. Sur scène, elles proposent des musiques exclusives, écrites lors de la résidence, aux allures de sororité.
La programmation du festival est uniquement féminine et non-binaire. « On trouve injuste l’écart entre les hommes, les femmes, les non-binaires sur la scène musicale, l’objectif est de le réduire » affirme Rasha Shaaban, à l’initiative de Mind the Gap, le projet des Musées nationaux de la Culture. « La musique, et surtout le rap n’ont pas de genre » ajoute-t-elle. Le public l’a bien compris, les festivaliers dansent et scandent les paroles sur le toit du KED, entre les lumières roses et violettes. « Les femmes sont invisibilisées et ne réussissent pas à se faire écouter par le grand public si elles ne sont pas propulsées par un homme. L’objectif est de ne plus souligner le fait qu’on soit une femme, juste une rappeuse, chanteuse », confie l’artiste égyptienne Xena Alshazli. Sortir de l’ombre et toucher tous les publics, c’est aussi l’ambition de l’artiste Soudanaise Nadine El Roubi qui interpelle le public en criant « Nous ne sommes pas des femmes, ils ne sont pas des hommes, nous sommes tous des artistes ». « Le rap n’est pas un genre masculin » nous dit Nayomi, rappeuse irakienne. Effectivement, le public, majoritairement féminin dansait et acclamait chaque passage. « C’est super de voir une programmation qui n’a pas besoin d’un nom masculin connu pour interpeller et ramener du monde » nous dit Nina, une spectatrice.
La prestation de Nadine El Roubi conclut deux jours de musiques aux inspirations arabes, nord-africaines, aux paroles intimes comme populaires, et souvent politiques. BluFiefer avec son titre Sint el Ew, rap sur le Liban, sa crise, ses désillusions, ses défis. Medusa, trappeuse tunisienne enchaîne les couplets sur l’acceptation de son corps, les violences faites aux femmes et l’égalité des chances entre les genres. Nadine El Roubi demande au public de répéter en chœur « Love Soudan, Love Soudan » en hommage à son pays en guerre. Outre l’ambiance festive, l’évènement tend le micro à des artistes émergentes pour donner de la voix aux pays du MENA. « C’est important de briser les codes de ce milieu. Femme, noire, métisse, arabe, on s’en fiche, on rap ! » conclut Frizzy.
● Sabine Salamé (LEB)
● Laila Beshara (EGY)
● Minerva (MOR)
● Frizzy (MOR)
● Medusa (TUN)
● Xena Elshazli (EGY)
● Nadine El Roubi (SUD/US)
● Special guest - Perrie (EGY)
● Special appearance - Blu Fiefer (LEB)
● DJ set by kamẹra
Photo : @maureendecor
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