Du 10 mai au 26 juillet dans les jardins de l’ESA Business School, dix-sept sculptures Beyrouthines de l’artiste Nadim Karam dialoguent avec l’espace et le citoyen.
Architecte de formation, Nadim Karam a plus de trente années d’expérience dans l’art public et a réalisé de nombreuses sculptures pour différentes villes du Monde. Il est le créateur de ‘The Gesture’, cette sculpture temporaire gigantesque de 25 mètres de hauteur faite des débris de métal à la suite de l’explosion du Port de Beyrouth.
Dans « Vie sur Vie », il dévoile pour la première fois deux séries de sculptures de métal : « To Be or Not to Be » et « Bouquets Urbains ».
Dans le magnifique jardin de l’ESA, ces sculptures dialoguent avec le promeneur dans un échange « face à face » sur la tragédie humaine de notre région du Monde.
Nadim Karam nous confie l’importance du dialogue avec l’espace et le promeneur, le positionnement des œuvres « (…) se rapporte beaucoup à un jeu, une découverte et une promenade. ».
Signe de résistance et de soutien à Beyrouth, ces œuvres ont toutes été faites avec des artisans, un savoir-faire et des matériaux locaux. Ces sculptures Beyrouthines ont été réalisées pour témoigner de la tragédie née de l’explosion du Port de Beyrouth et qui se poursuit jusqu’à maintenant avec le drame Palestinien.
Planches de fer roulées, soudées, dépliées, tout a été fait de façon que le poids des sculptures, comme la tragédie que nous vivons, se transforme également en une légèreté de la vie et du mouvement.
Quand on regarde ces sculptures on sent les différentes superpositions de destinées humaines. Ainsi la légèreté dans le mouvement, les courbes, notamment dans les sculptures en couleur, représentent pour Nadim Karam la jeunesse, l’effervescence de la vie, mais il y a également la lourdeur de la masse, de la tragédie dans l’acier rouillé de la série « To Be or Not to Be ».
C’est une histoire qui se déroule à chaque pas du promeneur ; l’histoire de personnages en lutte, oppressés par des drames tragiques, mais également des bouquets de fleurs, d’animaux, des têtes dans les nuages, car le rêve n’est jamais loin.
Le rêve non pas en tant qu’idéal inatteignable, mais comme le dit l’artiste ; le rêve comme une réalisation concrète, une exécution dans les villes pour enchanter la jeunesse. Un rêve présent.
Dans la série « Bouquets Urbains » trois bouquets pleins de couleurs, faits de modules (pièces séparées mises ensemble) sont offerts aux villes et aux citoyens. Pour l’artiste « c’est offrir à chaque ville un bouquet formé de fleurs, d’oiseaux, autres objets et animaux qui créent des histoires qui font rêver les villes. Ceci, pour compenser la situation tragique dans laquelle on se trouve. »
Ces bouquets colorés côtoient le fer rouillé de la tragédie transformée dans un geste de création. Il en est ainsi pour la sculpture « CryBabyCry », créée avant Gaza, mais qui fait tragiquement écho à ce qui se passe.
Chaque œuvre crée un dialogue, une communication vivante mais ne cherche pas à donner des réponses. A travers elles, l’artiste exprime une réflexion, des questions formées de courbures, de tragique ou de joie, sur le paradoxe dans lequel on vit.
Acte de résistance artistique, les sculptures de Nadim Karam témoignent à partir de Beyrouth d’une tragédie qui s’étend à toute notre région et au-delà. Elles portent en elles une réflexion sur la condition humaine avec ses graines d’espoir et de couleurs propres aux résistants créateurs.
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