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Biennale di Venezia: le mythe de Mounira Al Solh

30/04/2024

Le pavillon du Liban a invité Mounira Al Solh, née à Beyrouth en 1978, à créer un pont entre mythe et réalité lors de la 60e Exposition Internationale d’Art – La Biennale di Venezia, qui se tient du 20 avril au 24 novembre 2024. Son installation multimédia, intitulée Danser avec son mythe, se compose de 41 œuvres – dessins, peintures, sculptures, broderies et vidéos – qui se déploient sur les 180 mètres carrés du pavillon à l’Arsenal. À travers une relecture du mythe du viol d’Europe, l’artiste propose une réflexion sur les aspirations et les défis contemporains des femmes.


Le processus créatif de Mounira Al Solh, qui s’exprime sur toile, papier et écran, allie récit allégorique et approche documentaire, appropriation et diversion, offrant ainsi des représentations à la fois réalistes, poétiques et résolument actuelles. Interrogée sur le choix du mot "danse", l’artiste explique: "Il s’agit de réinterpréter le mythe de manière ludique, comme si on dansait avec lui. Mais aussi, dans les œuvres, nous avons des mouvements, de la danse, ainsi que le mouvement d’Europe, et le fait qu’elle soit une étrangère qui danse partout."


Lorsqu’on lui demande quel medium lui tient le plus à cœur, Mounira Al Solh répond: "J’aime la peinture parce qu’elle me fait bouger, mais aussi le dessin. J’aime la broderie et j’aime filmer. J’aime tous les médiums que j’utilise. J’aime beaucoup l’argile aussi, car elle me rapproche de la nature, de notre terre et de notre histoire. Tout médium qui me ramène à la nature, ou à ma propre nature, est vraiment mon préféré. Concernant le bateau, j’aimerais en faire un jour un bateau/studio, pour y accueillir des gens lors de moments d’activité et d’échange, mais aussi pour y être seule parfois, et pour y jouer."


L’artiste confie que ce travail a débuté comme un processus de guérison, à la suite des événements récents vécus au Liban, avant de connaître une intensification à partir du 7 octobre 2023. Elle souligne que le chemin vers la guérison des guerres et des catastrophes dans la région pourrait être interminable. Mounira Al Solh partage également son ressenti quant à sa participation à la Biennale cette année: "Cette semaine d’ouverture m’a fait réaliser l’importance d’être présent à la Biennale. Les artistes viennent des quatre coins du monde pour montrer leurs œuvres. J’espère que d’autres éditions du pavillon libanais auront lieu, pour que le public se souvienne régulièrement de nous, et que ce projet ne soit pas un événement isolé. Il faudrait plus de soutien pour le maintenir tous les deux ans, ce qui donnerait la chance à une plus grande variété d’artistes du Liban, ou résidant au Liban, de participer."



Nada Ghandour, commissaire et curatrice du pavillon du Liban à la Biennale Arte 2024, partage ses convictions: "En tant que commissaire et curatrice du pavillon libanais, qui est une représentation nationale, je considère qu’il est important de montrer la richesse de l’histoire de notre pays et la profondeur de sa civilisation. Le sujet doit être lié au Liban tout en ayant une portée universelle, puisque nous exposons à Venise." Elle ajoute: "L’art transcende les frontières et les géographies, il rassemble les gens pour réfléchir aux défis de notre époque. Le pavillon du Liban aborde des thèmes d’une grande importance pour notre société actuelle, libanaise et internationale."


Nada Ghandour partage également ses réflexions sur le travail de Mounira Al Solh: "Dans son installation monumentale composée de 41 pièces, l’artiste aborde le thème de l’égalité des sexes. Aujourd’hui, malgré les efforts, la parité entre hommes et femmes n’est pas systématiquement appliquée et les femmes sont encore désavantagées en termes de salaire et d’emploi. Au Liban, cette situation est aggravée par le fait qu’une femme ne peut pas transmettre sa nationalité à ses enfants. Le pavillon du Liban offre cette exposition au public pour nourrir la conscience sociale et politique collective grâce à la puissance de l’art."



Évoquant ce que la participation à la Biennale apporte aux artistes et au Liban, Nada Ghandour souligne: "Malgré les défis et les difficultés auxquels le Liban a été confronté au fil des ans, la culture n’a jamais perdu de son importance pour nous. Nous sommes heureux de faire partie de cet événement prestigieux pour promouvoir nos artistes et mettre en valeur la scène artistique dynamique et fertile du Liban. La Biennale Arte est également une occasion pour nos artistes d’engager le dialogue avec un public mondial et de favoriser les échanges culturels."


Par Marie-Christine Tayah

Cet article a été originalement publié sur le site Ici Beyrouth




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