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‘Et au bout, le tunnel’ de Mona Azzam

27/02/2025

De Montpellier aux rues tourmentées de Beyrouth, des archives d’un couvent aux secrets enfouis des milices, et au bout, le tunnel nous entraîne dans les méandres d’une quête haletante, où l’amour, le danger et les cicatrices du passé se mêlent. Mona Azzam est professeur de lettres modernes. Elle est auteur d’une dizaine de romans, notamment 'Camus, L'espoir du monde' qui a obtenu la Médaille de Bronze de l'Académie des Sciences, Lettres et Arts de Paris et est finaliste du Prix Mon's Livre 2024. Mona Azzam nous en dit plus sur son nouveau roman.


Après Camus, L’Espoir du monde paru aux Éditions Avallon, votre nouveau roman, ET AU BOUT, LE TUNNEL en deux tomes (Beyrouth, un jour - Beyrouth, toujours) paraît le 21 mars aux Éditions Avallon. Pourquoi Beyrouth ?

Ce roman est pour moi, une nécessité. J’ai connu Beyrouth aux heures les plus sombres de la guerre civile. Une ville scindée en deux, Beyrouth Ouest et Beyrouth Est, séparées par le Ring, un tunnel. Une ligne de démarcation…

Une ville devenue la scène de guerres civiles interminables avec tout ce que cela induit.

C’était la guerre. De manière contradictoire, c’était une époque “heureuse”. Une époque que la jeune génération n’a pas connue. Où l’on détruisait un jour et reconstruisait le lendemain. C’était l’époque où l’on évoquait le centre-ville, le cœur de Beyrouth, en parlant de la ville-fantôme. Dire Beyrouth équivaut à dire une ville où l’on puise, dans les décombres, le souffle de la vie.

 

Conçu en deux tomes intitulés respectivement Beyrouth, un jour (T1) et Beyrouth, toujours (T2), ce roman, de par ses sous-titres, nous interpelle. Pouvez-vous nous en dire plus ? Pourquoi ce choix ?

J’ai quitté le Liban il y a une vingtaine d’années. En une volonté de tourner la page de la guerre, des occupations, des bombardements, des attentats, des pertes d’amis…

Je pensais tourner la page définitivement.

Avec le temps, j’ai réalisé et admis que Beyrouth est la première et mon unique dé-route. On croit quitter Beyrouth. On se réconforte à l’idée d’avoir franchi le pas. Mais il s’agit d’un leurre. Une question de survie.

En réalité, Beyrouth ne nous quitte jamais. Cette ville nous habite, nous tourmente parce qu’elle est à la fois une malédiction et une bénédiction. J’irai même plus loin. C’est de cette malédiction que naît la bénédiction. Comme le disait très justement Nadia Tuéni, “ Beyrouth est en orient le dernier sanctuaire où l’homme peut toujours s’habiller de lumière”.

Qui a connu Beyrouth un jour, sait que c’est pour toujours.

 

Ce roman est un roman d’investigation (sur fond historique) avec, pour point de départ, la disparition de Nina, une libraire franco-libanaise résidant à Montpellier, que son époux, ancien correspondant de guerre au Liban va tenter de retrouver. Il replonge dès lors dans les méandres de la guerre libanaise et se retrouve en plein cœur de Beyrouth, pendant la Révolution des Cèdres. Hormis cette grande ligne directrice de votre fiction, les personnages si attachants, l’amour qui fait fi de la guerre, d’autres messages sont à trouver, entre les lignes ?

ET AU BOUT, LE TUNNEL… est aussi le roman de la Disparition à tous les niveaux. Des disparus dont l’on n’a jamais retrouvé la trace ; disparition aussi bien de l’histoire que de l’Histoire.

La guerre libanaise n’aura pas eu pour seules conséquences la destruction, la ruine et la mort de nombreuses victimes, sans compter l’impact psychologique. L’une des conséquences est aussi la disparition d’une identité que tant de Libanaises et de Libanais ont, parfois au prix de leur vie, tenté de préserver, face aux appétits de certains pays qui n’ont eu aucun scrupule à occuper ou à vouloir s’approprier cette terre.

 

Et donc la disparition est au cœur de votre roman. D’où le tunnel ?

C’est une lecture possible. Lorsque l’on s’engage dans un tunnel en vue de le traverser, sait-on ce qui nous y attend, tout au bout ?

Non. C’est l’inconnu.
C’est aussi ce que l’on ressentait naguère en franchissant cette ligne de démarcation pour aller d’Est en Ouest et vice-versa. Cette crainte de ne pas savoir ce qui nous attendait, au bout du tunnel. Mais, une certitude. D’un bout à l’autre du tunnel, il y a Beyrouth. Toujours Beyrouth.

 

Mona Azzam, avez-vous fini de parler du Liban, à travers ce nouveau roman ?

Finit-on jamais de parler du Liban ? Certainement pas. Le Liban m’a tant apporté. Tant appris. Et plus que tout, j’y ai appris le courage, en plus de cette capacité de ne jamais baisser les bras.

Du courage, il m’en a fallu pour écrire ce roman. Beaucoup de courage car, tandis que j’étais en relecture de mon écrit, Beyrouth était de nouveau violentée, avec une rage indicible. Comme si c’était cela, son destin. Un destin funeste…

 

Avez-vous d’autres projets ?

Tout à fait. Je viens d’achever l’écriture d’un roman “libanais” et qui est une tentative de dire le Liban autrement que par le biais de la guerre. Un roman qui a pour ambition de raconter “mon” pays des Cèdres, une terre bénie, terre de Cadmos et d’Europa où naquit l’écriture. Et où a germé mon écriture. Parce que le Liban, c’est ce pays où "le sable a des couleurs de tendresse” ; un pays “doux comme une épaule” ; "un pays blanc comme un secret” (Nadia Tuéni).

 

ET AU BOUT, LE TUNNEL… paraît le 21 mars aux Éditions Avallon.

Et, si vous êtes dans le Berry, au cœur de la France, Rendez-vous pour un Week-end spécial Liban chez Tante Agatha (4, Place du Pavé, 18200 MEILLANT)* sur une idée originale de Squirelito.

Et à Paris, le 12 juin, pour une soirée libanaise organisée par la Librairie Valentin (Paris) et le restaurant SARDÉ (58, Rue La Fayette, 75009 Paris, réservation obligatoire)

Et qui sait ? Rendez-vous à Beyrouth, bientôt ? Je l’espère.





 

 


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