Randa Nehmé expose du 25 juillet au 8 aout à la galerie Maya Art Space des sculptures poétiques rendant hommage à plus de trente années d’expérience dans le métier.
Randa Nehmé est une sculptrice expérimentée, pourtant c’est la première fois qu’elle expose dans une galerie de ville, car « je suis attachée à la Nature, la pierre est bien là où elle est ». Elle travaille directement les pierres sur place et aménage l’espace qui les entoure, ainsi il s’agit d’une véritable osmose entre la pierre et l’espace où elles se trouvent.
C’est avec les pierres exposées qu’elle a codécidé de venir à Beyrouth pour la présente exposition. Car, pour l’artiste, les pierres sont vivantes et sont des habitantes du lieu où elles résident.
Le travail qu’elle élabore depuis des années est avant tout un rituel de dialogue avec le matériau, marque de son respect pour ce dernier.
L’idée du thème « Honné et Tatémaé », expression japonaise signifiant « être et paraître » s’inspire de petites sculptures intitulées « bijoux mensonges » qui sont comme « des petits mensonges qui peuvent s’effriter quand on les titille, car le mensonge est fragile comme un bijou » et des sculptures « Ojâs » faites avec différentes patines, pour montrer que la même tête peut donner diverses expressions.
« (…) un œil souriant, rempli d’éclats d’incertitude… et l’autre si lointain… larmoyant peut-être… au goût du n’importe quoi (…) » - Extrait d’un des poèmes de Randa Nehmé « … ojâs ... »
Le thème est avant tout une sensibilité d’expression que l’artiste cultive dans ses créations et les poèmes qui les accompagnent.
« (…) L’être et le paraître… désir du véritable sentiment sur un lit fabriqué de vent (…) Le bien-être d’une société prime sur l’opinion de l’individu. Honné et Tatémaé… Une vertu que j’ai voulu montrer » - Extrait d’un des poèmes de Randa Nehmé sur le thème Honné et Tatémaé.
Les petites sculptures se présentent comme des écrins de bijoux. Ainsi en est-il de « l’idole aux yeux », sculpture en albâtre millénaire, à l’origine une offrande sur laquelle l’artiste a taillé deux portraits.
Pièces uniques ou à édition très limitée, l’artiste est intime avec chaque création dont elle présente le matériau et son histoire.
Ainsi en est-il de la sculpture réalisée avec une pierre de Bourgogne qui provient d’une ancienne carrière historique ayant servi les constructions du Trocadéro ou encore du Louvres. « C’est une pierre robuste, non capricieuse, elle est nette et compacte à travailler. »
L’artiste dessine directement sur la pierre et s’amuse à travailler aussi au couteau. « Je pense que l’outil est la main » la confiance dans le geste est prépondérante, mais également s’écouter pour savoir quand reposer l’outil.
Elle aime travailler les métiers du feu et la pierre car la Nature la laisse travailler. Les deux commencent sur un pied d’égalité, « ça donne une assise au travail où il faut savoir s’arrêter ».
En constant travail, Randa Nehmé aime son ouvrage et la constante de ce dialogue fin et net
Comme elle l’écrit « (…) jour après jour, j’ai appris la beauté de la taille directe et de la sculpture… une beauté qui ne cesse de me ravir. Rendre à la nature ce qu’elle a de plus beau me laisse vivre en âme libre… insolemment libre… ».
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