Jusqu’au 9 mai, à la galerie Escape, l’artiste Laura Taleb présente sa première exposition personnelle, « Life Weave », une immersion poétique dans un univers textile où l’héritage artisanal oriental dialogue avec les aspirations contemporaines. Un bel hommage au savoir-faire ancestral de la région, mais aussi une invitation à la rêverie, à la redécouverte de la matière, de la couleur et du geste.
Réinventer le familier
Formée à l’art du tissage, Laura Taleb s’inscrit dans la pratique du « kilim » – une technique de tissage à plat, sans nœud – dont elle reprend les codes : motifs géométriques, fils de laine et de coton, trames traditionnelles. Bien plus qu’un artisanat, le « kilim » fait partie intégrante de la mémoire du Proche-Orient. Ses tapisseries ornent les sols, les murs, se retrouvent à l’entrée des mosquées et des lieux saints. Ils habillent nos foyers comme nos espaces collectifs.
Cet héritage, auquel l’exposition rend hommage, dialogue ici avec une recherche plus contemporaine sur les formes et les couleurs. Dans l’œuvre de Laura Taleb, les lignes droites des motifs géométriques se brisent, les angles se courbent, les formes se libèrent. Les éléments arrondis tissés par l’artiste deviennent l’écriture d’un nouveau langage symbolique.
Dans sa série « The Fabric of life », consacrée à l’univers, l’artiste évoque l’entrelacement entre les éléments naturels – ciel, eau, terre et air – qui forment, tel un tissage, un tout harmonieux. Les dégradés de couleurs et les jeux des textures donnent vie à un globe terrestre vibrant, d’où émergent des fils métalliques, semblables aux minéraux enfouis dans les couches des sols.
Dans une seconde série, dédiée à l’architecture traditionnelle, Laura Taleb envisage la tapisserie comme un moyen d’inventer une nouvelle réalité. Elle remodèle les maisons beyrouthines en habitats contemporains et poétiques. Mais derrière cette vision réinventée se cache une réalité plus sombre : celle de la disparition progressive de ces anciennes bâtisses, s’effaçant peu à peu du paysage urbain.
Une première exposition tout en maîtrise
Jusqu’au 9 mai à la galerie Escape, « Life Weave » marque les premiers pas réussis de l’artiste sur la scène artistique. L’exposition retranscrit son parcours singulier, à cheval entre artisanat et art contemporain. D’abord formée au tissage de tapis, dont elle développe peu à peu une approche esthétique, Laura Taleb intègre le College of Fine Arts, où elle décide de se consacrer pleinement à sa pratique artistique. Elle expose à la galerie Escape sa première série d’œuvres, dans laquelle se reflètent tant le savoir-faire de l’artisan que la sensibilité de l’artiste.
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