Nous connaissions Joëlle Khoury pianiste, compositrice de Jazz et de musique contemporaine, docteur d’état en philosophie et professeure à l’AUB. Nous devons désormais compter avec l’autrice de BEYROUTH VA ET VIENT. 3 questions à Joëlle Khoury.
Vous êtes polyvalente et votre livre inclassable. Il vous ressemble ?
Beaucoup. Je ne sais si je devrais dire heureusement ou malheureusement. Lorsque je le relis, je m’entends moi-même. Ma voix. Cela dit, j’ai parfois l’impression qu’il s’est écrit tout seul. Il m’était impossible de ne pas l’écrire. On dirait qu’il a poussé, violemment parfois, hors de moi. Je traversais une période particulièrement pénible, et les mots ont simplement surgi.
Bien que certains des faits racontés soient vrais, les relater n’était pas une fin en soi. Ce livre me ressemble aussi parce que j’y mène, comme je le fais souvent, une discussion avec mes auteurs, mes œuvres et mes compositeurs préférés, ceux que j’appelle mes amis imaginaires, et auxquels je fais appel lorsque le reste ne répond plus.
“Amis imaginaires” parmi lesquels figurent Antonin Artaud, Gilles Deleuze, Marguerite Duras, Samuel Beckett, Virginia Woolf, pour ne citer que quelques-uns ! Votre recueil relève à la fois de confessions et de cris sauvages…Y aura-t-il une suite ?
Pour le moment, aucune idée. On ne peut pas décider d’écrire comme on ne peut pas décider de composer d’ailleurs. Comme disait Deleuze, au risque de paraître docte, on ne pose pas la question, c’est elle qui nous pose. J’aimerais un jour écrire de nouveau, lorsque, si jamais, je ré-entends la voix. Cela dit, je la redoute, la voix !
La couverture reproduit un dessin d’enfance de Loulwa Khoury, votre fille. Est-ce que cette provocation est un clin d’oeil à l’auteur de « Pour en finir avec le jugement de Dieu » ?
Lorsque l’on sent que le monde bascule et que rien ne semble pouvoir arrêter sa chute, que dire? “Caca” (la couverture) est sûrement plus adéquat que “Merde” dans ce cas, ou plus précisément dans le mien, puisque je n’aime pas trop les gémissements, et qu’il faut savoir surmonter les difficultés avec le sourire. Je suppose que c’est mon style — vaut mieux rire que pleurer. Il faut dire que les deux mots reviennent souvent dans mon recueil. Est-ce une façon, aussi, de renforcer le fait que je n’aime pas les artistes hautains et pseudo-intellectuels, qui se prennent trop au sérieux ? Peut-être. Maintenant, est-ce un clin d’œil à Artaud ? Ça pourrait l’être. En fait, je n’y avais pas pensé avant que vous ne me posiez la question.
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