La Renaissance française organise un « mini salon du livre » à Beit Tabaris
11/02/2025|Zeina Saleh Kayali
Quatre auteurs, Carmen Boustani, Sami Richa, Antoine Boustani et Farid Chehab, tous membres de l’association de la Renaissance française (Délégation du Liban), présentaient leurs ouvrages à Beit Tabaris, avant de se prêter à la traditionnelle séance de dédicace.
La présidente de la Renaissance française Nada Chaoul ouvre la séance en posant une question essentielle : « pourquoi écrire »? Et de citer L’écriture qui guérit ouvrage de la psychanalyste Nayla Chidiac qui vient de sortir et explique comment l’écriture peut se révéler thérapeutique, notamment en cas de traumatisme de guerre.
Nada Chaoul poursuit en détaillant les différentes motivations qui poussent les êtres humains à prendre la plume : exprimer par écrit ce qui est enfoui en nous, et là elle relève qu’il peut parfois être plus facile d’écrire que de dire, d’où le succès des journaux intimes et de la correspondance par messages sms. Une autre motivation qui pousserait à écrire serait celle de surmonter sa timidité et ses angoisses, de façon directe, à travers une autobiographie ou de façon détournée par le biais d’un roman. Il est également possible de s’exprimer en décrivant un personnage historique ou littéraire mais, poursuit-elle, citant Jean Cocteau « Quel que soit le portrait que l’on fait de quelqu’un, on finit toujours par se décrire soi-même ». Une autre motivation pour l’écriture peut être aussi celle d’exprimer des convictions, ou d’exposer une théorie dans un domaine précis. Enfin, l’on peut écrire en tant que professionnel sur un thème académique, scientifique ou technique déterminé. Et toutes ces motivations, conclut Nada Chaoul, se retrouvent dans la variété des quatre ouvrages présentés.
Les auteurs prennent alors la parole.
Le Professeur Antoine Boustani, médecin psychiatre, spécialiste des addictions et ancien président de l’Ordre des médecins, présente son roman Blanche pour le malheur et le bonheur. Il y évoque les ravages que peut faire la drogue, à travers le parcours de Leila qui travaille comme aide socio-médicale auprès de miliciens pendant la guerre du Liban et qui découvre que les héros qu’elle côtoie sont des êtres vulnérables qui utilisent la cocaïne (la blanche) pour se donner le courage de tuer ou tout simplement pour combattre leur mal de vivre.
Carmen Boustani, professeur de littérature française à l’Université Libanaise, récompensée par le prix d’excellence du CNRS en 2012 et spécialiste de Colette et d’Andrée Chédid, présente May Ziadé ou la passion d’écrire, biographie remarquablement documentée sur une femme de lettres et pionnière du féminisme, que le grand public connait surtout par sa correspondance amoureuse avec Gibran Khalil Gibran. Cet ouvrage jette un éclairage extrêmement complet sur l’exceptionnelle May Ziadé, qui comme beaucoup d’autres, a été mal comprise et même spoliée par une famille patriarcale qui ne tolérait pas qu’une femme sorte des sentiers battus du sacro-saint mariage et de celui de la maternité.
De l’intelligence, essai du talentueux et intrépide publicitaire Farid Chehab, traite de l’Intelligence artificielle, de ses dangers et de ses enjeux. L’auteur n’hésite pas à affirmer que le « nouvel homo numericus puisse supplanter l’homo sapiens en moins de deux siècles ». Son intervention suscite de nombreuses réactions, parfois passionnées et même ulcérées, d’un public venu nombreux et très attentif à ces quatre brillants intervenants.
La séance se conclut avec le professeur Sami Richa, ancien chef du département de psychiatrie à l’Hôtel Dieu de France et président de son Comité d’éthique, auteur de nombreux ouvrages de psychiatrie. Son ouvrage scientifique 12 cas cliniques en éthique psychiatrique est destiné à l’usage des psychiatres, psychologues, patients, familles et étudiants. Il y développe des situations cliniques qui ont pour particularité d’avoir causé un débat éthique.
Les présentations se concluent par la séance de dédicace et un verre de l’amitié qui permet au public de continuer la discussion de façon plus informelle, heureux d’avoir passé un moment riche en apprentissage et en émotion.
ARTICLES SIMILAIRES
"The Book" et les 40 créateurs
06/02/2025
Identités confessionnelles et nation libanaise
03/02/2025
Nayla Chidiac et l’écriture qui guérit
Zeina Saleh Kayali
26/01/2025
Requiem d’un après-midi
Nada Sattouf
26/01/2025
Présentation et distribution de l’ouvrage « Les jardins cachés de Beyrouth »
24/01/2025
Le pays de Bruno Tabbal
22/01/2025
La Poudre d’Escampette de Krystel Abimeri
21/01/2025
Le Pays amer de Georgia Makhlouf
Zeina Saleh Kayali
18/01/2025
Maroun Eddé finaliste du prix France-Liban
Zeina Saleh Kayali
17/01/2025
Le ciel rouge de Christel Fahd
13/01/2025