Le Liban dans la chanson : Une déclaration d’amour au pays du Cèdre
05/03/2025|Nelly Helou
Le concert du dimanche 2 mars au Festival international Al Bustan intitulé « le Liban dans la chanson » (et repris le lundi 3) fut une soirée d’intenses émotions, de nostalgies et d’espoirs. Un véritable hommage au Liban. Les voix de la chorale de la NDU sous la direction du père Khalil Rahme, la musique de l’orchestre philarmonique libanais sous la baquette de Lubnan Baalbaki avec deux invitées de marque Soumaya Baalbaki et Georges Khabbaz ont fait revivre à travers de multiples chansons de notre terroir aux textes poétiques la beauté du Liban, de ses montagnes et plaines, l’amour de la terre, des villages et le désir du retour.
La soirée s’ouvre sur une belle composition musicale de Ziad Rahbani intitulée : « Des empruntes sur le sable ». Le ton est donné.
Le Maestro Lubnan Baalbaki s’adresse alors au public pour évoquer la réalisation de ce concert, qui avait été décidé par Mme Laura Lahoud vice- présidente du Festival et actuelle ministre du Tourisme avant même le retour au calme, fin novembre. « Ce concert souligne-t-il est un hommage au Liban à tout ce qu’il a souffert et enduré au fil des temps, un hommage au peuple libanais, à la chanson libanaise à nos grands compositeurs, à l’art libanais ».
L’orchestre et la chorale enchainent avec une chanson d’amour de Zaki Nassif à sa patrie : « Mon pays bien aimé » (baladi habibi). Puis sans crier gare l’hymne national libanais se fait entendre, le public se lève spontanément et se joint au chœur et à l’orchestre. Lubnan Baalbaki explique ensuite : “nous avons voulu jouer l’hymne national parmi les chansons et non à titre officiel pour l’ouverture de la soirée car nous considérons que cet hymne fait partie de l’ensemble de notre héritage musical”.
Un medley de chansons populaires aux refrains bien connus anime la salle. Le public chante et tape des mains avec “ala dalouna” “mijana” et “yagzayel”.
« La musique de la danse de la mariée » de Marcel Khalife avec un bel accompagnement à l’accordéon termine cette première partie de la soirée.
L’émotion de Soumaya Baalbaki
Le Maestro quitte la scène disant je reviens avec notre première invitée de marque et entre accompagné de Soumaya Baalbaki qui n’est autre que sa sœur. De vifs applaudissement accueillent la vedette de la chanson libanaise. Elle porte une longue robe dans le ton du jaune avec un large nœud noir autour de la taille les cheveux flous et entame la première chanson à la gloire du Liban « A ismak rah ghani ». Sa belle voix remplit l’espace et elle lui donne toute sa force et puissance.
Dans la deuxième chanson de Feyrouz « ramènes-moi à la terre qui m’a nourrie » « Ghidni ala el Ard yalle rabbitne » Soumaya arrive mal à retenir son émotion et son frère lui essuie tendrement deux larmes qui coulent de ses yeux. Surmontant son emoi elle s’adresse à l’assistance disant « je remercie les circonstances qui m’ont permises d’être là ce soir et ce que je dis viens du profond de mon être car il exprime à la fois toute la tristesse et la douleur mais aussi l’espoir » Elle remercie le prestigieux festival du Bustan où « j’ai l’honneur d’être parmi vous ce soir » ainsi que l’orchestre et son maestro, la merveilleuse chorale de la NDU, et son directeur et le public ajoutant : « merci à tous pour votre présence. Aujourd’hui je suis plus émue que d’habitude, je pense que vous connaissez tous notre histoire nous venons du sud et nous portons toute la douleur mais aussi tout l’espoir pour chanter rêver et croire en ce Liban d’avenir le Liban de la culture ». Ses mots vos droits à nos cœurs.
Dans la troisième chanson de son répertoire pour ce concert, Soumaya Baalbaki est accompagnée d’un excellent joueur au Kanoun, et elle interprète « Balabi Ya Baladi » Ô mon pays, chanson très sensible de Wadih el Safi qui exprime l’amour de la patrie.
Cette seconde partie de la soirée s’achève avec une chanson à la gloire du Liban de Majida al Roumi, sur les paroles du grand poète Said Akl et une remarquable musique d’Elias Rahbani « Am bihlamak ya hilm ya loubnan ».
GEORGES Khabbaz l’art du texte poetique
Le maestro quitte le podium pour revenir accompagné cette fois du second invité d’honneur de la soirée Georges Khabbaz le directeur de ce concert avec qui il a réalisé le scénario. Les applaudissements accueillent Khabbaz acteur, scénariste, paroliers, producteurs et Prof d’université et qui vient d’avoir une nouvelle reconnaissance internationale avec le fim Yunan où il a joué un rôle principal et qui a été récemment présenté à la Berlinale.
« Cette soirée est liée à deux événements avait- il confié avant le spectacle : en premier la guerre que nous avons vécue récemment et en même temps le besoin de renforcer notre patriotisme. Certes on ne peut pas oublier la guerre avec tous les drames qu’elle a engendrés, mais ce concert est lié à l’espoir d’une nouvelle aube avec un nouveau président de la République, un nouveau premier ministre, un nouveau gouvernement et des perspectives d’avenir prometteuses ».
Sur scène khabbaz s’interroge « Pourquoi est-ce qu’on aime tant ce pays? Il y a en lui une magie non seulement par sa beauté géographique naturelle, par son peuple, les gens que nous aimons nos parents et proches nos amis et nos défunts. Nous l’aimons, parce qu’il y a des artistes qui nous l’ont fait aimer qui ont renforcé notre patriotisme qui nous ont rattaché à sa terre comme Zaki Nassif, Sabah, Feyrouz, Wadih el Safi, Nasri Chamseddine, Saïd Akl, Assi et Mansour Rahbani, Gibran Khalil Gibran, Mikhaïl Naiime et tant d’autres »
Avec cette aisance naturelle qui le caractérise, Georges Khabbaz déclame en libanais sous forme de prose poétique son texte intitulé: “Baladi” (mon pays) où il s’inspire des noms de ceux qui ont marqué la vie culturelle et artistique du pays pour les associer à des situations et des sites. Il exalte la beauté du Liban puis sa décadence et la triste et déplorable situation qu’il a atteint pour s’achever sur une belle note d’espoir. “Le pays va revivre” clame-t - il, et entonne la chanson “Bhebak ya loubnan” je t’aime ô Liban invitant l’assistance à chanter en chœur alors que les paroles de cette déclaration d’amour au Liban s’inscrivent au haut du chapiteau de la scène. Ce fut un des temps forts de ce concert d’une heure trente.
Le programme s’achève avec la superbe chanson de Feyrouz “Imani Sateh bi bahr eleyl” ma foi s’étend dans la profondeur de la nuit interprétée par la chorale aux belles et justes voix en harmonie avec le thème de chaque chanson et avec l’orchestre sous la dynamique direction de Baalbaki.
Cette belle soirée musicale a renforcé et consolidé notre attachement au Liban et l’espoir d’une nouvelle aube tel que le souligne le thème de l’édition 2025 du Festival Al-Bustan.
Consultez le programme du festival Al Bustan
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