L’exposition «Tales of a Cosmic Dream» organisée par Maya Turk et la plateforme Art.Form présente une vingtaine de toiles de l’artiste iranien Hemad Javadzade alliant les techniques et symboliques traditionnelles persanes à des thèmes très contemporains chez Maya Art Space du 05 au 28 juin.
La fondatrice Maya Turk confirme que la galerie poursuit sa volonté de présenter au public libanais des artistes confirmés ou émergents peu connus ici. Ainsi en est-il du peintre et illustrateur Hemad Javadzade, première fois exposé au Liban, mais déjà maintes fois représenté en Turquie où il vit. Il a exposé aux Etats-Unis et est connu également pour ses illustrations de livres.
Dans «Tales Of a Cosmic Dream» l’artiste nous fait voyager dans son imaginaire. Pour cela, nous suivons les aventures d’un homme traditionnel dans des contextes contemporains voire surréels. La démarche allie ainsi les symboliques et techniques de la peinture miniature persane avec un art de l’illustration contemporaine et ses symboliques occidentales.
Les chaussures de la marque Converse et le skateboard rencontrent ainsi le turban et les miniatures dorées traditionnelles. L’humour est présent dans une exagération contextuelle recherchée.
Nous voyageons avec le personnage de tableau en tableau. Dans des portraits avec des lunettes colorées et multiformes tout droit sorties de Woodstock, cet homme arraché d’un autre temps, nous regarde le regarder. Chaque portrait, proposé aussi en NFT, accentue la sensation de réalité hybride dans laquelle les œuvres nous plongent.
Dans le tableau « Social Gathering », nous nous retrouvons avec trois hommes habillés, coiffés et assis de manière traditionnelle, tout à coup DJ de leur propre réunion, avec les fameuses lunettes colorées, le vin et le cigare. Le fond du ciel est bleu-nuit comme un cosmos rêvé avec le reflet de la nature qui encercle les hommes.
Au-delà de l’humour et d’une marque adaptative de l’homme d’Orient aux marqueurs contemporains, nous pourrions déceler dans ces scènes une recherche du sublime perdu à travers un retour à la nature et au cosmos.
Ainsi, en est-il de ces deux hommes plongés dans la réalité virtuelle avec leurs chaussettes et le canapé « kitch », ils sont assis à côté l’un de l’autre mais enfermés dans leur propre jeu virtuel. Nous pourrions nous demander si nous-mêmes ne devenions-nous pas virtuels.
L’artiste semble délicatement nous questionner sur notre propre nature. Comme ce tableau sans titre qui figure le même personnage, cette fois-ci méditant en apesanteur. Un Rubik’s cube tourne autour de lui. Les yeux bandés, dans cet univers au-delà de notre perception sensorielle, il finit par résoudre l’énigme.
L’amour et l’enfance sont des thèmes récurrents. « Love » est tagué en plusieurs langues, il est représenté sous forme de ballons ou inscrit dans une structure flottant dans l’espace avec des nounours abandonnés. Est-ce la tradition qui a perdu le nord, ou bien la modernité virtuelle qui nous arrache le sens de la réalité ?
En tout cas, c’est justement pour nous perdre dans un monde de fantaisie que l’artiste bouscule notre propre compréhension du monde qui nous environne. Après tout, cet homme traditionnel, c’est peut-être nous-mêmes, avec des lunettes colorées biaisant le monde qui nous entoure.
L’exposition nous propose ainsi un voyage surréaliste dans chaque œuvre, voyage qui offre à l’observateur une parodie contemporaine de la mixité des cultures dont émane également l’artiste. Les détails et compositions riches, vivants et colorés permettent des lectures variées dont une seule certitude ressort ; le cosmos nous entoure et ceci est bien vrai.
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