Je vous écris de Kaboul, Khatera Amine, Maurine Bajac, Albin Michel, 2023
Pas besoin de plus d’explication, la couverture en dit suffisamment. La burqa bleue est assez explicite. On croit savoir de quoi il s’agit, mais on ne peut imaginer l’ampleur de ce qu’on s’apprête à lire.
On se rappelle tous les images effroyables des Afghans courant après les avions et s’accrochant à leurs ailes pour fuir leur pays. Nous sommes en août 2021. Les États-Unis ont retiré leur dernier homme en poste en Afghanistan et les Talibans ont repris le pouvoir. C’est le sauve-qui-peut pour tous ceux qui, durant 20 ans, ont essayé d’établir un État démocratique. Les médias sont pourchassés, les missions étrangères renvoyées, la répression est totale et les femmes sont littéralement mises en cage. Le terme n’est pas trop fort et c’est ce que ce livre raconte.
Une jeune (ex) militante pour les droits des femmes en Afghanistan rentre en contact avec une journaliste pour TF1/LCI. Une amitié s’installe entre elles via WhatsApp. Khatera (28 ans), « vivant chacune de ces injustices comme une lacération de (ses) idées », raconte par bribes la situation du pays et comment le monde a basculé surtout pour les femmes. Peu à peu, la jeune Maurine, âgée de 27 ans, s’implique dans cette guerre lointaine et décide de venir en aide à cette indomptable résistante afghane. Elle l’encourage à raconter son histoire.
De leurs conversations est né un livre unique, très difficile à écrire quand on sait combien est forte la violence du régime fermé des Talibans et la terreur des femmes de se faire prendre si elles osent s’y rebiffer.
Traquée, vivant dans la clandestinité, célibataire, éduquée, consultante pour l’ancien gouvernement de son pays, Khatera relate ce qu’est devenu son quotidien fait de peurs, d’anxiétés, de menaces, de rêves piétinés, d’humiliations et de combats pour défendre une liberté pour laquelle elle est prête à mourir.
Un témoignage poignant qui vous prend aux tripes tant la traque contre les femmes est intense, injuste, révoltante, inimaginable. « Au village, les femmes ne vont pas chez le médecin. Ce sont leurs pères ou leurs époux qui s’y rendent pour elles, décrivent leurs symptômes et repartent avec une ordonnance. Se faire ausculter par un homme n’es pas autorisé, il pourrait abuser d’elle. C’est ce qu’on leur apprend. Elles n’ont pas plus accès aux soins seules que le droit de travailler », ni d’aller à l’école; elles n’ont plus le droit de faire du sport, plus d’accès aux endroits publics…
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