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Musique de chez nous, mémoire de nos émois - 5

23/12/2024|Jocelyne Dagher Hayek

''La Musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée''. Platon


Pour apprécier et saisir la portée de cet article, il est fortement recommandé d'ouvrir les liens proposés.

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La mort véritable est dans l’oubli. Effacer la mémoire est le plus grand préjudice que l’on puisse porter à l’avenir. Sans histoire, nous sommes réduits à des électrons libres à la merci de forces contraires. Bâtir sur du vide n’est pas porteur par définition. Alors, malgré les guerres, l’oppression, les exodes, la politique de la terre brûlée, gardons au fond de notre cœur, dans les replis de nos souvenirs, des lieux, des images, des mélodies que personne ne peut atteindre et détruire, un ancrage fort, une source profonde et intarissable, d’où pourront rejaillir tous les possibles.



Des musiciens remarquables, amoureux de leur pays, imbibés jusqu’au plus profond d’eux-mêmes d’une créativité et de sonorités que seule peut engendrer la sensibilité exacerbée des artistes véritables, ont donné au Liban ses lettres de noblesse.


Halim El Roumi



Né en 1919 à Tyr au Liban et décédé le 1er novembre 1983 à Beyrouth, Halim El Roumi est un artiste qui a marqué de sa créativité et de son professionnalisme la scène musicale libanaise.

« Qui écoute aujourd’hui l’œuvre de Halim El Roumi se retrouve face à un compositeur brillant, un interprète touchant et une voix remarquable. Ceci lui confère une place particulière parmi les compositeurs et interprètes arabes du 20eme siècle ». C’est en ces termes que le père Badih El Hajj, éminent musicologie introduit Halim El Roumi dans le livre qu’il lui a consacré.


De son vrai nom Hana Awad Baradei, il prend le surnom de Al Roumi en référence à sa famille de confession catholique.

En 1922, ses parents quittent Tyr pour Haïfa en Palestine. L’enfant y est inscrit au conservatoire de la ville où il se forme à la musique et participe aux nombreux concerts et festivals qui y sont donnés.

Sa carrière musicale débute en 1935 à Haïfa où il prend part à des représentations théâtrales, des soirées privées et des festivals.

En 1936, il se produit au Liban aux côtés d’artistes connus comme Wadih El Safi. Il est remarqué par Mounir Dallah, compositeur égyptien qui, impressionné par sa performance, l’aide à intégrer l’Institut Fouad 1er de Musique Arabe du Caire. Il y complètera sa formation en 2 ans au lieu des 6 ans normalement nécessaires réalisant un exploit jamais vu auparavant dans l’histoire de cet important institut.

C’est à la radio égyptienne qu’il donne ses premiers concerts en 1938. Par crainte de l’échec, il se faisait appeler « l’artiste ignoré ». Le succès ne tarda pas à venir. C’est alors qu’il dévoila son nom et commença à se produire à une large échelle englobant la radio, le théâtre, et des shows en qualité de compositeur et de chanteur.

Ayant bénéficié de la renaissance de la fin du 19e siècle et de celle du début du 20e, il fut d’abord formé par Sayed Darwich, puis Mohamad Abdel Wahab, Zakaria Ahmad et Ryad Al Soumbati. Il se créa une personnalité propre et appréciée.

Des circonstances familiales le forcèrent à rentrer en Palestine en 1941 pour rester avec sa famille. Il fut alors engagé à Radio Proche- Orient comme chanteur, compositeur et joueur de Oud devenant le premier artiste à participer à toutes les manifestations musicales quelles que soient les occasions.

Parallèlement à son activité à Radio Proche-Orient, il compose l’hymne de l’armée jordanienne. Puis, il est nommé à la présidence du département de musique de Radio Proche-Orient qu’il restructure et organise tant et si bien que ce dernier deviendra l’une des plus importantes stations radio du Moyen-Orient.

Lorsque Radio Proche-Orient est transféré à Chypre début 1948, Halim El Roumi, déjà sous pression à cause de son travail, quitte son travail et retourne en Égypte. Il y compose des chansons pour films et y joue également.

Il épouse en 1949 Mary Lotfy. Ensemble, ils auront 4 enfants dont Magida, talentueuse interprète et digne fille e son père.



En 1950, il rentre au Liban où il réorganise le département de musique de Radio Liban.

Halim El Roumi travailla d’arrache-pied à relever le niveau de la chanson libanaise et lui conférer un caractère particulier. Caractérisée par la profondeur et l’originalité artistique, son œuvre porte en elle les diverses couleurs lyriques et musicales du chant arabe s’épanouissant aussi bien dans les poèmes, l’opéra que les mouwachahats.

Cet artiste, hors du commun était multiple. Mari modèle, père aimant, musicien créatif, raffiné, visionnaire, courageux, il a su donner une ouverture et une impulsion nouvelles à la musique arabe, en général, et libanaise, en particulier. Il compte parmi les pères fondateurs de l’école de l’opérette libanaise. Il fut le découvreur et le support de nombreux talents libanais dont Nouhad Haddad, alias Fairuz, n’est pas des moindres. C’est d’ailleurs lui qui lui donna son nom de scène.

Son empreinte est évidente dans le choix des meilleurs musiciens pour l’orchestre de Radio-Liban et l’imposition de techniques scientifiques d’interprétation et d’écriture musicales. Il a enrichi la bibliothèque de la radio non seulement par l’instauration de méthodes scientifiques d’archivage mais aussi par l’acquisition d’œuvres musicales.

Halim El Roumi laisse à la postérité un héritage remarquable d’environ 2000 œuvres dont autour de 550 mélodies pour Radio-Liban.



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