Après le succès de ‘Sar waket el hake’ la pièce autobiographique de Philippe Aractingi à Beyrouth, le metteur en scène devenu acteur, se produit à Paris. La pièce à présent baptisée « Parlons il est temps » connait un retentissement important et de nouvelles dates ont été programmées pour les mois de janvier et de février au théâtre de l’Essaïon à Paris et dans le courant 2025 au Canada.

Rencontre avec Philippe Aractingi.

Vous êtes connu pour vos films de cinéma et vos nombreux documentaires, mais qu'est-ce qui vous a poussé à passer au théâtre ?

Je suis tombé dans le théâtre un peu par hasard, poussé par un mélange de circonstances. D’un côté, les crises récentes m’ont rendu la poursuite du cinéma presque impossible, et de l’autre, ce besoin incessant, presque vital pour moi, de continuer à raconter des histoires. À cela s’ajoute l’encouragement précieux de ma metteure en scène Lina Abyad et de mon amie Josyane Boulos, qui m’ont proposé d’explorer une autre manière de continuer à m’exprimer.

S’exprimer, c’est résister. C’est, en quelque sorte, sortir de la dépression.

La pièce raconte justement les différentes manières dont j’ai cherché à m’exprimer depuis mon plus jeune âge : à travers l’oralité, l’écriture, la photographie, la musique, et le cinéma.

Comment votre pièce a-t-elle été accueillie par le public ?
Cette expérience n'a cessé de me surprendre. J’avoue qu’au départ, j’avais une certaine appréhension à l’idée de monter seul sur scène. C’est d’ailleurs pour cette raison je me suis appuyé sur ce que je maîtrise le mieux : une vingtaine de films, des effets sonores, de la musique, et de la danse, qui donnent vie à mon seul-en-scène.

Le succès m’a agréablement surpris. D’abord au Liban, au théâtre Monnot, puis à Tunis, devant un public qui n’est pas très familier avec notre culture. Ensuite, en France, où je l’ai joué une première fois en arabe, avant de le présenter en français au Théâtre de l’Essaïon. Ce qui m’a le plus touché, au-delà des salles combles, c’est de constater que la pièce a été appréciée non seulement par des Libanais, mais aussi par des Français, qui ont su en saisir toute la portée.

La pièce reprend en janvier au théâtre de L’Essaïon, comment expliquez-vous cet engouement des gens ?

Lina Abyad me dit toujours : « Quand on fait les choses avec sincérité et honnêteté, les portes s’ouvrent. » Et c’est vrai qu’il y a, dans cette pièce, beaucoup de simplicité et d’humilité.

Je ne raconte pas comment j’ai réussi, mais plutôt combien de fois j’ai failli, combien de fois je suis tombé, j’ai changé de vie, à cause de la guerre ou des difficultés liées à mon métier.

Je pense que mes propos ont touché les gens parce qu'ils se sont retrouvés dans ce que je raconte. Ils ont eux-mêmes traversé des échecs, des défis, et ont pu s’identifier à mes propos. Et puis les thèmes abordés ont touché des spectateurs d’horizons variés, car ils parlent à l’humain, au-delà des origines ou des frontières.

La preuve que les histoires personnelles peuvent devenir universelles, lorsqu’elles sont racontées avec vérité et cœur.

Quelles sont vos prochaines actualités ?

Une tournée au Canada, inshallah ! Je travaille encore à réunir les fonds nécessaires pour mon prochain film de cinéma. Par ailleurs, j’ai réalisé un documentaire sur la ville de Byblos, qui met en lumière le travail minutieux des archéologues Tania Zaven, de la Direction des antiquités du Liban, et Julien Chanteau, du musée du Louvre. Ensemble, ils explorent une nécropole de l’âge du bronze, restée intacte jusqu’à aujourd’hui.

Ce documentaire a récemment été primé au Festival du cinéma archéologique de Bidassoa, en Espagne, et sera diffusé sur Arte le 11 janvier 2025.

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