Alors qu’ils se produisent pour la première fois dans ce festival, Sary (violoncelle) et Ayad (piano) Khalifé répondent aux questions de l’Agenda Culturel.
C’est un programme assez inhabituel que vous allez interpréter ?
Oui c’est la première fois que l’on nous demande un programme de musique classique libanaise, en miroir avec de la musique occidentale et nous avons trouvé cela très intéressant.
De quoi est-il constitué ?
Un répertoire consacré au violoncelle et piano. Une Sonate de Boghos Gelalian (1922-2011), une Romance de Toufic El Bacha (1924-2005), deux mouvements de la Sonate en la mineur d’Edvard Grieg (1843-1907) et des œuvres de notre composition.
Quel est le point commun en ces différents compositeurs ?
Ils ont été influencés par la musique européenne classique et ont distillé des éléments du folklore de leur pays natal dans leur écriture musicale occidentale. Ainsi dans l’œuvre de Grieg l’on retrouve des résonances du folklore norvégien, dans la sonate de Gelalian l’influence arménienne est très présente et dans la Romance d’El Bacha, bien que l’écriture en soit totalement occidentale (il était lui-même violoncelliste), l’on ressent sur certains intervalles ou modulations, l’influence orientale. Pour cette dernière œuvre il serait plus juste de parler de « sensibilité » orientale plutôt que d’influence, car cela reste très discret.
La Sonate de Grieg est une pièce majeure du grand répertoire de musique de chambre ?
Absolument. Grieg a beaucoup écrit pour le piano et pour l’orchestre, mais très peu de musique de chambre. Il a composé cette sonate en 1883 pour un ami violoncelliste et l’a créée lui-même au piano avec le dédicataire au violoncelle, mais il n’était absolument pas satisfait de sa prestation pianistique, ayant eu des problèmes de santé à cette époque. L’œuvre est extrêmement exigeante et virtuose. Les deux instruments dialoguent à part égale et elle est considérée comme l’un des chefs d’œuvre du répertoire romantique de musique de chambre, très représentative de l’identité norvégienne du compositeur.
Le festival Musicales du Liban à Paris vous a commandé une œuvre pour ce récital ?
Oui et nous en sommes très heureux. C’est cela le mécénat moderne aujourd’hui, commander des pièces à des compositeurs, encourager la création surtout dans un contexte si tendu. La pièce que nous allons créer en toute fin de concert s’intitule Danse levantine et nous l’avons voulue pétillante et joyeuse malgré tout. Il est vrai que le reste du programme est émotionnellement chargé ! Nous interpréterons également une autre pièce de notre composition.
Quels sont vos projets ?
Nous devions nous produire au Liban au mois de décembre dans le cadre des festivals de Dar El Milad et de Beirut chants. Hélas tout cela semble compromis. Nous donnons toutefois un concert au début du mois de décembre en l’église Saint-Julien le Pauvre à Paris au profit de bourses scolaires pour des étudiants libanais.
Propos recueillis par Zeina Saleh Kayali
Dimanche 24 novembre à 16h en la Cathédrale Notre-Dame du Liban, 17 rue d’Ulm, 75005 Paris.
Pour en savoir plus et pour le programme, cliquez ici
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