Le 25 janvier à la Philharmonie de Paris le violoniste Arnaud Nuvolone créera avec l’Orchestre Pasdeloup sous la direction de Christian Vasquez, Noir sur l’Horizon, œuvre du compositeur Bechara El Khoury écrite à la mémoire des victimes de l’explosion du 4 août 2020.

Vous connaissez le Liban ?

Oui j’y ai donné des masterclass de violon. La première en février 2023 en présentiel et la deuxième en avril 2024 en ligne, car mon avion pour Beyrouth avait été annulé le matin-même de mon départ pour raisons sécuritaires. J’avoue que c’est assez compliqué de voir les élèves à travers un écran et de ne pas avoir l’aspect physiologique qui est si important dans la musique. J’aimerais bien y retourner en tant qu’interprète !

Quelles sont vos impressions de Noir sur l’Horizon ?

C’est bien sûr une découverte totale, puisque l’on part juste d’une partition sans encore avoir le ressenti, comme pour toute création. Ce travail de découverte se fait en commun avec le chef d’orchestre et le compositeur. L’orchestre dont évidemment la participation est essentielle, vient en toute fin de ce processus. L’œuvre est lente, méditative, planante, avec des notes très longues et quelques moments de « climax ». La difficulté principale n’est pas ici d’ordre technique, mais plutôt dans le sens qu’il faut trouver à l’œuvre.

Comment procéder pour entrer dans l’esprit de l’œuvre ?

En parler avant de la travailler. Essayer de comprendre dans quel état d’esprit était le compositeur quand il l’a faite. On sait, par exemple, qu’il lui a fallu un an après les faits pour commencer à la composer tant le traumatisme était violent. Si les musiciens ont ces éléments, leur restitution de l’œuvre sera différente.

Connaissiez-vous l’œuvre de Bechara El Khoury avant ce projet ?

Non et je l’ai découverte en écoutant plusieurs œuvres de lui. Il y a un véritable discours chez ce compositeur. Nous avons souvent à l’Orchestre Pasdeloup l’occasion de créer des œuvres de compositeurs vivants et je peux vous dire que parfois le langage musical m’en semble ridicule. Ici c’est différent et si je n’avais pas adhéré à cette œuvre, j’aurais refusé le projet. Chez Bechara El Khoury la musique n’est jamais vaine. Elle nous dit quelque chose.

Le concert s’intitule Drame. Quelles sont les autres œuvres au programme ?

En effet comme son titre l’indique, le programme n’est pas joyeux ou festif ! Mais il est très beau. Il est constitué de la Danse rituelle du feu de Manuel de Falla, de La nuit et l’amour d’Augusta Holmès, de la Totentanz de Franz Liszt et de la suite Roméo et Juliette de Sergei Prokofiev. Je tiens à préciser que le pianiste, François Dumont qui interprète Totentanz est absolument extraordinaire.

Quels sont vos projets ?

Un concerto pour deux violons de Malcom Arnold (compositeur de la musique du film Le Pont de la rivière Kwai) avec l’orchestre Pasdeloup, le 5 avril. J’ai aussi un projet Salle Gaveau à Paris, avec une autre soliste de l’orchestre de l’opéra de Paris Cécile Brey et bien sûr j’aimerais beaucoup revenir au Liban !

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Drame | Philharmonie de Paris