L’OPÉRA DE PARIS FÊTE SES 150 ANS
UNE SOIRÉE ÉCLECTIQUE SOUS LE SIGNE DE L’EXCELLENCE
S’il est une langue universelle de paix c’est bien la musique.
En ces temps chahutés mettre le temps sur pause pour la célébrer pendant quelques heures est un sas indispensable pour continuer à regarder le monde avec émerveillement.
L’AROP (Association pour le rayonnement de l’Opéra de Paris) fédère une communauté de passionnés d’opéra et de musique dont je fais modestement partie depuis des années. Son but ? Soutenir les missions et les projets et permettre à de jeunes talents d’où qu’ils soient et d’où qu’ils viennent de vivre leur passion.
L’Opéra Garnier a été inauguré il y a donc 150 ans, le 5 janvier 1875. Ce palais parisien considéréré comme l’un des plus beaux opéras du monde enchaîne depuis les spectacles de renommée mondiale, mis en valeur par un décor raffiné en rouges et ors, dans lequel le plafond peint par Marc Chagall sur 220 mètres carrés et dévoilé en septembre 1964 est une ode à la musique et à la vie.
150 ans après son ouverture, cette institution artistique conçue par Charles Garnier, qui lui donna son nom, inspire encore et toujours les amoureux d’art du spectacle. Ce chef d’œuvre de l’architecture théâtrale du XIXe siècle, porte en lui une histoire fascinante et d’innombrables anecdotes.
C’est en 1858 lorsque Napoléon III échappe de peu à un attentat à la bombe perpétré par l’anarchiste italien Orsini en se rendant à une représentation de l’Opéra de la salle Le Peletier qu’il décide de lancer un concours pour trouver l’architecte qui aura la charge d’élaborer un nouveau bâtiment de 10 000m2 entre le boulevard des Capucines et la rue de la Chaussée-d’Antin dans le 9ème arrondissement. 171 candidats y participent. Parmi eux, de grands noms du secteur comme Eugène Viollet-le-Duc. Ce sera pourtant le jeune Charles Garnier, encore inconnu à l’époque qui sera retenu parce qu’il a l’idée de proposer une structure métallique afin de contrer le risque d’incendie, véritable fléau de l’époque. Il doit toutefois tout enrober, en dissimulant le matériau phare de l’ère industrielle par des pierres nobles comme le marbre de carrare et le stuc. A l’arrivee une splendeur dans laquelle
350000 spectateurs viennent goûter chaque année récitals de musique, ballets et opéras.
La cérémonie de gala qui s’y est tenue il y a quelques jours orchestrée par Thomas Hengelbrock et mise en scène par Victoria Sitja était à la hauteur et au tempo de l’histoire.
Cerise sur le gâteau : Elle était intégralement retransmise en léger différé sur France tv et vous pouvez encore la revoir en replay gratuitement pendant un mois
Pour cette soirée éclectique cravates et robes longues étaient forcément de mise pour un moment qui accueillit entre autres invités prestigieux la reine Sophie d’Espagne qui avait fait spécialement le déplacement et que Rachida Dati infatigable ministre de la culture accueillit aux côtés d’Alexander Neef directeur général de l’Opera de Paris.
Côté mise en scène Victoria Sitjà a voulu bousculer le format classique d’un concert qu’elle ne pouvait pas envisager comme une pure et simple suite de « pièces musicales et d’applaudissements ». Et surtout « mettre à l’honneur toutes les forces de la Maison ».
Les invités ont été ainsi plongés deux heures durant dans l’atmosphère historique du lieu, avec décors, effets spéciaux et une scénographie totalement innovatrice, rappelant les 150 ans de l'Opéra et son rôle central dans le développement de la musique classique et du ballet.
Nous avons assisté donc à un conte dans lequel airs d’opéra, musique et danse se sont relayés pour raconter l’aventure de deux enfants tombés dans une boîte à rêves…
Sous la direction de Daniel François, la Muette de Portici, se prêtait à merveille à ce périple imaginaire dans lequel apparaît le fantôme de l’Opéra, menant les deux gamins sur le devant de la scène, pendant que défilent en arrière plan Colombe et de jolies silhouettes animées.
Juan Diego Flórez habillé en magicien attaqua ensuite le” je veux encore ta voix” de l’Acte II de Jérusalem de Verdi. Un moment divin dans lequel le velours du timbre de sa voix, la douceur de son accent associé à ce supplément d’âme qu’il met dans les aigus, transporte totalement un public déjà conquis.
C’est surtout la performance d’Hugo Marchand danseur étoile de l’Opéra de Paris, entouré du corps de ballet masculin de l’Opéra de Paris qui clôturera la première partie dans une exécution remarquable du Boléro de Ravel, sur une chorégraphie de Maurice Béjart qui constitua le moment clé de la soirée et restera dans toutes les mémoires.
La deuxième partie de l’histoire nous montre les deux enfants dansant à leur tour avant de laisser la place à quatre couples qui occupent le plateau en valsant. En corsage pailleté et grande robe rouge, Lea Desandre égrène les quelques notes de la deuxième des Études latines de Reynaldo Hahn, avant que le Quatuor n° 4 du chevalier de Saint-George ne serve de bande-son à la projection d’images évoquant le Palais Garnier depuis sa construction aux années 1960 environ.
Un programme éclectique suivi d’un dîner remarquablement orchestré par Yannick Alleno.
Un moment de grâce et de beauté comme le murmura ma voisine Claire Chazal l’élégance faite femme.
En plus de cette soirée et afin de marquer ce 150ème anniversaire, une série de manifestations est programmée tout au long de l’année 2025 faite de visites guidées, de rencontres et d’expositions notamment des bijoux de scènes et de costumes
des opéras qui s’y sont tenus .
Retransmission sur France 5 tv en replay disponible à travers le lien suivant
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