Beirut Chants envers et contre tout
24/11/2024|Zeina Saleh Kayali
Alors que la situation du Liban est plus tragique que jamais, le festival Beirut Chants, fidèle au poste, sera au rendez-vous du 4 au 23 décembre. Sa directrice Micheline Abi Samra se confie à l’Agenda Culturel.
Vous maintenez les concerts de Beirut chants ? Quel courage !
Oui, les défis sont immenses. Depuis 17 ans que le festival existe, nous avons fait face à de nombreuses difficultés, mais là c’est encore plus compliqué. Maintenir le festival est la preuve de notre résilience, de notre volonté d’être vivants malgré tout.
Vous offrez un espace de respiration aux Libanais malgré toutes les épreuves qu’ils traversent ?
La dignité de l’être humain réside dans l’art et la culture. C’est cela qui construit son identité. La musique transcende les difficultés, les concerts sont gratuits pour qu’aucun obstacle ne se dresse face à la musique et qu’elle soit mise à la disposition de tous. C’est un véritable moment de partage. Les portes des lieux de concerts, églises, universités, sont grandes ouvertes.
Vous pensez que l’âme du Liban réside dans sa culture ?
Absolument et je n’accepte pas qu’elle soit détruite. Je ne veux pas baisser les bras. Quand j’ai informé l’équipe du festival que nous allions continuer, il fallait voir leur joie ! Ce sont des bénévoles et ils sont convaincus que ce festival, si fédérateur, unit les cœurs, que la beauté peut fleurir au milieu du chaos.
Le projet El Sistema dont vous aviez déjà parlé dans ces colonnes continue ?
Plus que jamais ! les jeunes travaillent d’arrache-pied et cette transmission de la musique aux générations futures est essentielle. Ils donnent vraiment le meilleur d’eux-mêmes et se produiront à l’amphithéâtre de l’Alba.
Y aura-t-il des musiciens étrangers pour cette édition du festival ?
A ma grande surprise, oui. Quelques courageux comme le violoniste espagnol Francisco Fullana, la pianiste espagnole Alba Ventura, le pianiste belge Florian Noak, la violoncelliste belge Stéphanie Huang ont accepté de relever ce défi et ils seront parmi nous.
De nombreux musiciens libanais font également partie de la programmation ?
Bien sûr, ils sont la majorité et sont excellents. D’ailleurs l’ouverture du festival qui se tient le mercredi 4 décembre à l’église Saint Joseph et dont le programme est la Messe du couronnement de Mozart, sera interprété par le chœur de l’Université Antonine et par un orchestre composé d’instrumentistes libanais et de quelques étrangers, tous placés sous la direction du père Toufic Maatouk. Cette édition de Beirut Chants est très spirituelle, avec également de la musique byzantine, de la musique soufie et aussi bien sûr de la musique profane.
Tous les concerts n’auront pas lieu à Beyouth ?
Non, nous avons décidé de faire découvrir des lieux qui ne sont pas forcément connus, comme le Monastère Notre-Dame de Balamand qui date du 12e siècle et j’encourage les Beyrouthins qui ne connaissent pas ce superbe couvent, à arriver plus tôt pour visiter le musée adjacent. Un autre très beau lieu que nous aimerions faire découvrir est l’église du Christ Roi dont les mosaïques valent vraiment le détour. Cette décentralisation permettra aussi à Beirut Chants de renouveler son public.
Le mot de la fin ?
Tout d’abord ma gratitude va au-delà des mots aux partenaires et mécènes de cette édition, qui y ont cru envers et contre tout. Et puis, si le Liban est blessé et qu’il saigne, son âme, elle, chante encore.
Le programme complet est ici
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