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Flûte et piano pour les Musicales du Liban à Paris

29/05/2024|Zeina Saleh Kayali

Pour le lancement de la 6e édition des Musicales du Liban à Paris, Georges Daccache au piano et Ana Suheila à la flûte, offraient un récital hautement original, en la mairie du 5e arrondissement. Les deux instrumentistes avaient concocté un programme très inédit consacré à la musique savante libanaise, mais pas seulement. Car le but de ce festival fondé en 2019 est de mettre en lumière le patrimoine musical libanais mais aussi de le faire dialoguer avec d’autres cultures musicales. Ici en l’occurrence avec des œuvres de compositeurs américains.

 

Le récital s’ouvre sur Quatre pièces pour flûte et piano d’Abdallah El Masri (né en 1962), en création française. Ce compositeur libanais issu de l’école soviétique de musique, manie un langage musical contemporain aux contrastes prononcés et très percussif, sans pour autant basculer dans l’atonal. Puis vient Canzone de Samuel Barber (1910-1981) compositeur américain qui s’approche dans sa conception d’un certain orientalisme. Cette œuvre est en fait le mouvement lent de son Concerto pour piano, qu’il a déclinée de différentes façons, notamment pour flûte et piano. Le concert se poursuit avec une œuvre pour flûte solo, Miniatures from Phenicia, de Sami Seif (né en 1998), également en création française. Ce très jeune compositeur libanais qui vit aux Etats-Unis et récolte de nombreux prix à l’international dans différents concours de composition, s’inspire pour cette pièce de l’alphabet phénicien. Le langage de l’œuvre est très contemporain et utilise diverses techniques de souffles et d’attaques de la flûte. Autre création française qui constitue le point d’orgue du récital, les Quatre préludes pour flûte et piano de Naji Hakim (né en 1955), œuvre dont la création mondiale s’était déroulée en décembre 2023 au Liban. Toujours fidèle à son style notamment sur le plan rythmique, le compositeur fait sonner sa pièce dans un harmonieux alliage de l’élégance française et de la langueur orientale. L’avant dernière pièce du concert, est New-York Dreams pour piano solo de Bechara El Khoury (né en 1957). Cette œuvre contemplative, qui pousse à la méditation, constitue le lien entre les musiques libanaises et américaines mêlant accords jazzy et âme orientale. Ce moment musical d’exception se clôt avec le compositeur américain Samuel Zyman (né en 1956) et la création française (cela en fait quatre en tout !) de sa Sonate n° 2 pour flûte et piano, composée de deux mouvements, alliant classicisme et fougue rythmique, avec une touche orientalisante très nette.

 

La beauté de ce duo dont l’élégance lui confère une indiscutable autorité naturelle, régale les oreilles du public venu nombreux et qui se montre très enthousiaste. Le son est toujours homogène, la flûte chaleureuse, jamais métallique et son extrême virtuosité n’efface jamais la qualité mélodique. Le piano tout en poésie et délicatesse, s’avère d’une grande intensité expressive et reflète l’émotion tout en restant attaché à la beauté sonore. Le jeu de ces deux excellents interprètes est splendide et rayonnant.

 

Beau début pour les Musicales du Liban qui poursuivront leur édition du printemps avec un concert du compositeur et pianiste Wassim Soubra le dimanche 23 juin en la cathédrale Notre-Dame du Liban à Paris.



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