Un récital de Boris Berezovsky est toujours un événement important et cette année c’est lui qui faisait l’ouverture du Festival Al Bustan, placé sous le thème d’une « aube nouvelle ».
Visiblement très à l’aise, il est ici chez lui, le tsar Boris n’hésite pas (c’est une de ses marques de fabrique) à réorganiser le programme à sa sauce par rapport à ce qui est annoncé. Mais il peut se le permettre ! Il commence en trombe (a-t-il un train à rattraper ?) avec la Sonate n° 21 de Beethoven dite Waldstein. Mais cette précipitation est assortie d’une telle précision, d’une vélocité et d’une virtuosité si extraordinaires, que tout est pardonné. Sous les doigts du Russe le piano devient orchestre. Puis vient le Scherzo n° 2 de Chopin, grand tube pianistique, dont il s’empare sans rien de tapageur. Son geste va droit à l’essentiel dans un formidable embrasement poétique.
La deuxième partie s’ouvre avec la redoutable et féroce Mephisto Valse n° 1 de Franz Liszt, pièce qui terrifie tous les pianistes par sa difficulté technique. Mais qu’à cela ne tienne, Berezovsky, d’une aisance incroyable, se déploie avec un équilibre parfait entre les moments de tension et de détente, ce qui atteste d’une compréhension intime de l’ouvrage. Puis vient une Rhapsodie hongroise de Liszt, livrée avec un souffle ardent, où l’étourdissante virtuosité témoigne de son art consommé du clavier. Il sait prendre des risques tout en se montrant narrateur. Enfin pour clôturer, deux études de Chopin menées tambour battant, mais dont le romantisme à fleur de peau rend l’interprétation passionnante.
Berezovsky, tsar du piano et roi des contrastes, est parvenu, encore une fois, avec sa conception de l’interprétation, qui n’appartient qu’à lui, à unifier les contraires et à nous rendre heureux. Merci le festival Al Bustan pour ces moments privilégiés. La saison s’annonce bien et l’aube nouvelle pleine de promesses.
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