Encore un moment…, Edgar Morin, Denoël, 2023
Un essai écrit à 102 ans par un philosophe, sociologue, docteur honoris causa de trente-huit universités à travers le monde, auteur de dizaines d’ouvrages qui abordent des sujets aussi variés que la politique, la science, l’anthropologie, l’enseignement; et surtout le créateur d’un concept épistémologique qui relie la science à la philosophie. C’est avec ce point de vue, démarche continue dans l’œuvre gigantesque d’un des plus grands penseurs de notre époque, qu’Edgar Morin revient ici comme pour satisfaire, encore une fois, sa mission d’éclairer sur la nécessité d’une pensée globale pour appréhender le salut de l’humanité.
Après quelques retours sur la deuxième guerre mondiale, revisitée après 80 ans, une réflexion éclairée par l’expérience d’autant d’années du communisme et du socialisme, il aborde des thèmes qui nous touchent tous en tant que Terriens. Il reviendra souvent sur la notion de la Terre-mère : « La mondialisation, avec ses chances et surtout ses périls, a créé une communauté de destin pour tous les humains. Nous devons tous affronter la dégradation écologique, la multiplication des armes de destruction massive, l’hégémonie de la finance sur nos États et nos destins, la montée des fanatismes aveugles, le retour de la guerre en Europe. »
Réfléchissant sur le « phénomène généralisé d’urbanisation qui d’après les prévisions actuelles, concernera soixante-dix pour cent de la population mondiale en 2050 », il préconise « de relier toutes les initiatives créatives diverses, dispersées sur la planète... Penser rue quand on pense ville… Il faut le bouillonnement de la rue, sa dimension piétonnière, badaude, commerçante… Il faut rétablir la convivialité urbaine.»
Lucide, il décortique nos réalités contemporaines scientifiquement avec son regard de philosophe, « Il nous faut abandonner la fausse rationalité. Les besoins humains ne sont pas seulement économiques et techniques, mais aussi affectifs et mythologiques. »
Un condensé d’expérience, de savoir, d’intelligence, de clairvoyance, de sagesse, d’observation du monde et d’introspection philosophique, dans lequel Edgar Morin demeure malgré tout confiant : « L’espérance se fonde sur les possibilités humaines encore inexploitées et elle mise sur l’improbable. Ce n’est plus l’espérance apocalyptique de la lutte finale. C’est l’espérance courageuse de la lutte initiale. Elle nécessite de restaurer une conception, une vision du monde, un savoir articulé, une éthique. Elle doit animer, non seulement un projet, mais une résistance préliminaire contre les forces gigantesques de barbarie qui se déchaînent. Ceux qui relèveront le défi viendront de divers horizons, peu importe sous quelle étiquette ils se rassembleront… »
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