L’Agenda Culturel a le plaisir d'accueillir Roda Fawaz, un comédien belge d'origine libanaise, pour parler de son spectacle "On the Road… A". Diplômé de l'IAD Théâtre en 2007, Roda Fawaz s'est forgé une réputation grâce à son talent unique et sa capacité à incarner une multitude de personnages. Dans "On the Road… A", il retrace avec humour et autodérision les grandes étapes de sa vie, interprétant à lui seul une vingtaine de personnages, de ses amis Mohamed et Dorothée à un père fantasmé, en passant par un professeur de religion islamique et ses familles d'ici et d'ailleurs. À travers ces multiples rencontres et aventures, Roda Fawaz nous invite à une introspection identitaire profonde, déconstruisant au passage de nombreux préjugés. Son spectacle s'adresse à tous, indépendamment des origines et des générations, qu'il s'agisse de ceux perdus dans la guerre, l'exil ou simplement en quête de leur place dans le monde. Par cette œuvre, il nous rappelle que l'acceptation de nos racines est souvent la première étape vers l'acceptation de soi.
Qu'est-ce qui vous a inspiré à créer ce spectacle autobiographique ?
« Les identités meurtrières » d’Amin Maalouf, est le livre qui a bouleversé mon adolescence et façonné ma vision de la notion d’ « identité ». Sans lui, la pensée du spectacle n’aurait pas existé. Mais c’est aussi le monde qui m’entoure qui m’a poussé à écrire mon histoire. Je vivais à Paris, et la notion d’identité faisait débat en permanence : identité nationale, intégration, le nom à donner à son enfant… Je n’en pouvais plus d’entendre des politiques, des chroniqueurs ou des pseudo-intellectuels parler de l’identité de manière théorique et si éloignée de l’humain. J’étais blessé par ce que j’entendais ou lisais. « On the Road…a » est né de ce désir d’aborder l’identité, cette notion universelle et intemporelle qui soulève tant de passion dans le débat sociétal, culturel, mais aussi philosophique. Loin des considérations sociales du « vivre-ensemble » et des pièges politiques, j’ai souhaité lui donner une approche plus personnelle, plus humaine –plus intime. Et cela, en me racontant…
Comment vous sentez-vous de jouer ce spectacle à Beyrouth, une ville si riche en histoire et en culture ?
Je suis très ému, car c’est mon pays d’origine et que je vais y jouer pour la première fois. J’ai toujours eu un regard critique, mais tendre sur le Liban. Dans le spectacle, il y a toute une partie où je parle de la première fois que je suis venu au Liban. Je suis assez curieux de voir comment le public va réceptionner cette partie. C’est d’ailleurs, une de mes préférées du spectacle.
Qu'espérez-vous que le public libanais retiendra de votre spectacle ?
Au-delà de la question des origines, ce spectacle défend une complexité identitaire propre à la sensibilité de chacun : un être ne se réduit pas à un pays, à une inclinaison politique ou sexuelle, ou plutôt il est la somme de toutes ces choses. Comme dit Amin Maalouf : « C’est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c’est notre regard aussi qui peut les libérer ». Le Liban a été marqué par des conflits. Il a été divisé. J’ai ce sentiment que cette division reste présente consciemment ou inconsciemment dans les esprits libanais. Si le spectacle pouvait rappeler que des mots comme musulmans, chrétiens, druzes…sont trop petits pour définir la complexité d’être libanais, je serais déjà content.
Quels défis avez-vous rencontrés en racontant votre propre histoire sur scène ?
Exposer une partie de mon intimité n’a pas été facile pour la personne réservée que je suis, mais cela a plutôt été une force. Le fait de raconter ma vie sur scène me permet d’aborder des sujets sensibles et de défendre mon point de vue sans que l’on puisse m’attaquer. Au final, personne ne peut contester ce que j’ai vécu et la manière dont je l’ai ressenti.
Quelle partie de votre histoire personnelle a été la plus difficile à mettre en scène ?
Le spectacle dans son entièreté. L’écriture s’est faite naturellement, mais sur scène, j’ai commencé à me demander si tout cela avait un intérêt. Une question tournait en boucle dans ma tête ; « En quoi ta vie intéressera les gens ? ». Mais mon metteur en scène m’a rassuré. Une autre difficulté était que mon metteur en scène voulait que je m’amuse avec mon histoire, que je la transmette au public avec légèreté. Pour moi, c’était compliqué, car je parlais de mes blessures et je voulais que les spectateurs soient conscients de cette blessure. Mais mon metteur en scène avait raison : la légèreté a permis aux spectateurs de recevoir la blessure.
A savoir
Théâtre Le Monnot
10-11-12-13-14 juillet 2024 à 21h00
Billets Antoine toutes branches ou en ligne
Réservations au théâtre 70626200
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