Alors qu’il est sur tous les fronts musicaux, directeur artistique du Festival Beirut Chant et vice-directeur général d’Abu Dhabi Festival, le père Toufic Maatouk raconte à l’Agenda culturel l’hommage qu’il a rendu au compositeur italien Giacomo Puccini (1858-1924) pour le centenaire de sa disparition, au festival de Torre del Lago.
Qu’est-ce que le festival de Torre del Lago ?
Il s’agit plus précisément du festival Puccini dans le village de Torre del Lago en Toscane qui chaque année attire près de 40.000 personnes et qui se déroule à une courte distance de la villa où a vécu et travaillé le compositeur Giacomo Puccini. Il y est d’ailleurs enterré. Cette année, pour sa 26e édition, le festival était spécial, car il célébrait le centenaire de la disparition du compositeur. Il commence chaque année le 29 novembre, date anniversaire de la mort de Puccini et se termine au nouvel an par une messe dans sa villa, suivie d’un concert. On y trouve également des expositions et des rencontres autour de l’œuvre de Puccini.
C’est dans ce contexte prestigieux que vous avez dirigé la célèbre Messa di Gloria ?
Oui, il s’agit là d’une œuvre de jeunesse de Puccini à quatre voix, pour chœur, orchestre avec trois solistes, ténor, baryton et basse. Bien qu’il avait à peine 20 ans quand il l’a composée, l’œuvre témoigne d’un talent précoce très ancré dans la tradition italienne mais qui annonce déjà un génie lyrique. N’oublions pas que le père de Puccini était organiste à l’église et que le jeune Giacomo lui-même a été choriste à San Martino. La musique sacrée est donc très ancrée en lui, mais l’opéra pointe ici et là. Cette oeuvre a été influencée par la dramaturgie que Verdi avait insufflée dans la tradition italienne.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
Le génie mélodique de Puccini est déjà là. Il réutilisera certains thèmes dans le domaine lyrique, notamment dans l’opéra Manon Lescaut. Et le langage musical est très contrasté entre les différents passages, comme le recueillement du Kyrie, la jubilation du Gloria dont la fugue est très ancrée dans la tradition sacrée ou la sérénité de l’Agnus Dei.
Ce n’est pas la première fois que vous dirigez cette œuvre. Quels en sont les principaux défis ?
En effet je l’ai déjà dirigée en 2015 au Carnegie Hall à New-York, puis en Albanie et bien sûr au festival Beirut Chants. Je constate à chaque fois qu’elle présente de grands défis musicaux, notamment la complexité chorale et vocale, l’équilibre entre l’orchestre et les voix qui doivent être soutenues par la masse orchestrale et non écrasées. Garder également l’équilibre entre l’esprit sacré et l’intensité est un défi. Je vous donne l’exemple du Credo qui commence à l’unisson, intériorisé, comme affirmation de la foi. Ensuite les voix se divisent, dès qu’il s’agit de la création de la terre, du visible et de l’invisible et tout devient théâtral et dramatique. Un peu à la manière de Verdi qui a traité son Requiem de façon théâtrale et opératique.
Quels sont vos projets ?
Beirut Chants bien sûr, ainsi que la clôture du Festival d’Abu Dhabi et l’annonce du programme de 2025 avant Noël. Le mois prochain je dirige l’orchestre et le chœur de la radio de Bucarest dans une version de concert de Cosi fan tutte de Mozart avec une distribution italienne et française de très haut niveau.
Lien pour écouter la Messa di Gloria dirigée par le père Toufic Maatouk (à partir de la 30e minute)
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