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Entre Amnistie et Amnésie : Carol Ward Sarraf

29/01/2025


À l’occasion des 50 ans du début de la Guerre civile libanaise (1975- 1990), « Entre Amnistie et Amnésie, où est passé le souvenir de la Guerre civile ? » est une série d’articles publiée par l’Agenda Culturel. Cette tribune offre un espace d’expression pour partager des souvenirs, des ressentis, ainsi que des blessures et cicatrices (parfois encore douloureuses) laissées par la Guerre civile. Les questions s’adressent à toute personne souhaitant partager son témoignage et ses réflexions dans un esprit de dialogue et de sensibilisation, afin de contribuer à prévenir tout retour à la violence.

 

Témoignage de Carol Ward Sarraf, 56 ans, basée à Lyon

 

En repensant à la Guerre civile, quels souvenirs ou récits marquants vous viennent à l'esprit ? Qu'ils aient été vécus directement ou transmis par la famille et les amis, comment ont-ils façonné votre identité ?

J’avais 7 ans quand la guerre a commencé. Je me souviens que c’était violent et grisant à la fois convivial et terrible aussi, la vie pouvait basculer d’une minute à l’autre comme ce jour où, à 14 ans je suis rentrée d’une belle journée de pic-nic avec des amis à Nahr Brahim, et j’apprends le meurtre de mon oncle et de ma cousine de 7 ans, j’en ai encore des frissons …

La Guerre civile a-t-elle laissé des traces dans votre vie aujourd’hui ? Si oui, lesquelles ?
Oui la guerre a eu un gros impact dans ma vie, positif et négatif à la fois. 
Elle m’a forgé et terrifiée en même temps. 

Je sais que rien n’est durable à part les relations profondes. 

 

Dans vos moments de réflexion, comment exprimez-vous ou gérez-vous vos pensées et vos sentiments liés à la guerre ? Est-ce à travers des conversations, des œuvres artistiques, le silence ou d'autres moyens ?

Ma relation avec le Liban est profonde et des fois violente.. je l’aime et le hais à la fois. Il coule dans mes veines. Un sentiment confus.. trop d’injustice qui m’ont rapproché de l’injustice de la Croix .. D’où ma foi qui me porte.

Les guerres de 2006 et 2024 ont-elles fait resurgir des moments, des réflexes ou des émotions de la Guerre civile ?
La guerre de 2006 a déchiré mes cicatrices. Mon mari et mes 4 enfants français qui eux n’ont pas connu la guerre, ont été surpris par l’impact que la guerre a eu sur moi, cet été douloureux où je n’ai été rassurée qu’une fois rentrée au Liban.
Cependant la guerre de 2024 était prévisible, la mort lente depuis le port de Beyrouth ainsi que les problèmes sociaux économiques et financiers se sont ajoutés à la corruption visible, ils ont préparé le terrain évident de l’implosion. 
Ma réaction était d’agir au niveau associatif, d’aider à lever des fonds, de continuer à envoyer des médicaments qui se comptent en tonnes depuis août 2020. Je préfère de loin travailler au développement économique du Liban comme je le faisais avant, que de mendier de l’aide.

Quand vous racontez vos souvenirs de la guerre aux jeunes générations, quel(s) message(s) voulez-vous leur transmettre ?
Quand je parle de la guerre à mes enfants et à mes amis c’est pour dire combien la vie est plus forte que tout et combien le Liban mille fois mort mille fois ressuscité, et plus de 70 fois cité dans la bible, est une terre sainte et éternelle. 
Et combien les libanais du monde sont les nouveaux missionnaires de notre époque en comparaison à Saint Paul dans les actes des apôtres. Que le Liban exporte des libanais qui, autant qu’ils peuvent reviennent pour se ressourcer et pour aider leurs pays.

Aujourd’hui, trente-cinq ans après la fin de la guerre civile et plus de cinq années de crises violentes et éprouvantes, comment envisagez-vous l’avenir du Liban ? Quel rôle pensez-vous pouvoir jouer pour construire cet avenir ?
Après 35 ans d’exil depuis juillet 1989, et depuis l’élection du nouveau président et du premier ministre, j’ai une humble certitude que le Liban va avoir de belles années devant lui. 
Je suis pleine d’espérance. 
J’ai investi au Liban où j’ai plein de projets. 
Je veux m’engager par tous les moyens pour l’aider à se relever. 
J’y crois plus que tout comme un palmier et un cèdre vigoureux 
J’ai énormément donné à la France, il est temps de revenir au Liban. Nous naviguerons désormais entre la France et le Liban.

Vive le Liban nouveau


Lire les autres témoignages ici.

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