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Entre Amnistie et Amnésie : Tala Zein

24/01/2025


Entre Amnistie et Amnésie ; où est passé le souvenir de la guerre civile.

A l’occasion des 50 ans de début de la guerre civile libanaise (1975- 1990), Entre Amnistie et Amnésie est une série d’articles publiée par l’Agenda Culturel comme une tribune pour exprimer des souvenirs, des ressentis et des blessures et cicatrices (pour certains encore ouvertes) de la guerre civile.

Les questions sont adressées à toute personne qui désire apporter son témoignage et ses réflexions dans une optique de partage et de message pour éviter de reprendre le chemin de la violence.


Témoignage de Tala Zein, 27 ans, Manager du Développement Commercial

 

 En repensant à la Guerre civile, quels souvenirs ou récits marquants vous viennent à l'esprit ? Qu'ils aient été vécus directement ou transmis par la famille et les amis, comment ont-ils façonné votre identité ?

Bien que je n’aie pas personnellement vécu la guerre civile, je la ressens encore aujourd’hui à travers la discrimination et la haine que les gens nourrissent les uns envers les autres. Je me souviens que, lorsque j’étais enfant, ma mère m’enseignait que si quelqu’un me demandait d’où je viens ou quelle est ma religion, je devais simplement répondre : "Je suis Libanaise." Elle a cultivé en nous cette idée que rien ne devrait nous diviser ni nous faire oublier qu’au bout du compte, nous sommes tous Libanais.

 

La Guerre civile a-t-elle laissé des traces dans votre vie aujourd’hui ? Si oui, lesquelles ?

Oui, je la ressens dans les divisions et la méfiance qui existent encore entre les gens, dans la manière dont certains jugent ou questionnent en fonction de l’appartenance religieuse ou régionale.

 

Dans vos moments de réflexion, comment exprimez-vous ou gérez-vous vos pensées et vos sentiments liés à la guerre ? Est-ce à travers des conversations, des œuvres artistiques, le silence ou d'autres moyens ?

Pendant l’année 2019, j’ai cru que le peuple s’était enfin uni contre toutes les religions et partis politiques. Je protestais chaque jour, sans exception. Nous avons été confrontés aux gaz lacrymogènes, battus par des soldats – même nous, les femmes, certaines d’entre nous ont été agressées. Pourtant, nous avions une vision, un rêve rempli d’espoir : celui de nous unir en tant que pays contre tout ce qui nous divise. Mais ce n’était pas le cas. Peu à peu, nous étions de moins en moins nombreux à descendre dans la rue. Les gens ont commencé à retourner à leurs croyances religieuses et aux partis politiques qu’ils soutenaient auparavant.

Mon dernier jour de protestation a été le 8 août 2020, juste après l’explosion de Beyrouth. Ce jour-là, on nous a tiré dessus avec des balles réelles. C’est à ce moment-là que j’ai compris que je ne voulais pas mourir pour rien. J’ai arrêté de manifester, et j’ai fini par partir. Après avoir déménagé dans un autre pays, l’une des manières pour moi de gérer tout cela a été de suivre une thérapie. Cela m’a aidée à comprendre et à vivre avec les séquelles émotionnelles de cette période.

 

Les guerres de 2006 et 2024 ont-elles fait resurgir des moments, des réflexes ou des émotions de la Guerre civile ?

Certainement !

 

Quand vous racontez vos souvenirs de la guerre aux jeunes générations, quel(s) message(s) voulez-vous leur transmettre ?

Quand je partage mes souvenirs et réflexions sur la guerre avec les jeunes générations, mon principal message est de leur rappeler l’importance de l’unité et du respect mutuel. Je veux qu’ils comprennent que les divisions religieuses, politiques ou régionales ne mènent qu’à la destruction, et que notre véritable force en tant que peuple réside dans notre capacité à nous rassembler autour d’une vision commune.

 

Aujourd’hui, trente-cinq ans après la fin de la guerre civile et plus de cinq années de crises violentes et éprouvantes, comment envisagez-vous l’avenir du Liban ? Quel rôle pensez-vous pouvoir jouer pour construire cet avenir ?

Je crois que le Liban a un potentiel immense, porté par sa jeunesse, sa résilience et sa diversité culturelle. Mais cet avenir ne pourra se construire que si nous tirons des leçons des erreurs du passé et refusons de répéter les mêmes schémas de division et de corruption.


Lire les autres témoignages ici.

Si vous désirez vous exprimer et témoigner, cliquez ici

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