Polo Anid revient au Monnot dans “Les femmes pardonnent mais n’oublient jamais”. Le rencontrer, c'est découvrir un artiste aux multiples facettes, profondément attaché à ses racines et à son métier. Après avoir conquis le public français et évolué avec succès dans les domaines du théâtre, du cinéma, et même de la photographie, Polo revient au Liban avec une passion intacte et une énergie débordante. Dans cet entretien, il partage avec nous son amour pour la scène, sa vision de l'évolution du théâtre libanais, et ce lien unique qui l'unit à son public d'ici. Pour lui, jouer devant un public libanais est une expérience inégalée, une véritable communion qui reflète la générosité et l'enthousiasme de ce peuple.
Pouvez-vous nous parler des différences que vous ressentez en jouant devant un public libanais comparé à un public français ?
Incomparable ! J'ai beaucoup joué à l'étranger sur divers projets, et évidemment en France toute l'année. Mais ce que le public libanais offre aux artistes est incomparable aux autres publics. Cette bienveillance, cette chaleur et cet enthousiasme. En fait, le public libanais est au théâtre comme ce peuple est dans la vie : généreux et unique. Il profite du moment présent, il est avec nous, et le reste est mis de côté le temps de la représentation. Quelle force, quoi demander de plus pour un artiste...
Vous avez joué au théâtre et au cinéma. Abordez-vous ces deux médiums différemment en tant qu'acteur, et si oui, comment ?
J'ai une relation unique avec le théâtre. C'est mon premier amour, car c'est lui qui m'a donné envie d'être comédien. Lui et ma professeur aux Cours Simon, Cécilia Word, qui m'a transmis cette passion pour la scène, la sincérité, le partage et je l'avoue, le plaisir immédiat. La scène est comme un refuge pour moi, je m'y sens bien, je ne pense à rien d'autre. Je me souviens être allé jouer le coeur brisé sans même pouvoir parler tant la peine était profonde. Et pourtant une fois le rideau levé, plus rien... J'ai alors relativisé : si j'ai pû oublier pendant une heure et demie, avec le temps j'oublierai tout court. C'est le "théâtre thérapie". Quand je ne joue pas le soir, je suis au théâtre comme spectateur, pour découvrir et apprendre. Mais bien entendu je prends aussi beaucoup de plaisir devant la caméra, qui demande un jeu minimal, en retenu mais avec tout autant de sincérité... Les deux sont très différents mais sont en revanche très complémentaires...
Quel conseil donneriez-vous aux jeunes acteurs qui aspirent à avoir une carrière multi-facettes comme la vôtre ?
Je ne suis pas sûr de pouvoir aider qui que ce soit mais dans le doute, appelez moi et on en parle avec grand plaisir ! J'ai été banquier pendant presque 12 ans avant de me rendre compte que ce n'était pas ma voie, que ce n'était pas moi. Alors mon conseil, bien qu'à prendre avec précaution car il s'applique à moi, mes enjeux et ma personnalité : il faut écouter l'enfant qui est en nous, la petite voix qui nous parle et qui rêve. Il est difficile d'être heureux et épanoui si on n'est pas à la bonne place...
Comment voyez-vous l’évolution de la scène théâtrale libanaise, et quel rôle aimeriez-vous y jouer dans l’avenir ?
Ce pays ne s'est jamais arrêté de sortir, de profiter, de rire et de vivre. Les gens sont en demande de culture, de moments entre amis et quoi de mieux qu'une évasion au théâtre pour nous réunir. Je vois de plus en plus de projets, que ce soit des artistes libanais ou internationaux qui viennent jouer au Liban. Il y a donc une demande croissante pour ça et devant ce public qui ne voudrait pas venir se produire...
Quant à moi, j'aimerais un jour jouer dans une pièce libanaise ! Peut-être pas en arabe car ça me demanderait des années de répétitions étant donné mon niveau ;) mais une pièce libanaise francophone ! Et bien que je sois un grand adepte de la comédie, jouer un drame, un rôle de manipulateur, de pervers narcissique serait très intéressant pour moi et à contre emploi je le précise hein ! Haha... Donc si quelqu'un a une idée je suis preneur ! Si en plus je peux jouer avec mon amie Josyane Boulos qui nous reçoit, ce serait un magnifique cadeau!
Un mot pour vos fans libanais qui attendent impatiemment de vous revoir sur scène ?
Merci merci merci pour ce soutien et cet enthousiasme. Et si le public a hâte, moi je compte les heures et les minutes...
J'arrive, en pleine forme et plein de surprises nous attendent. Je vais vous faire une confidence : je compte bien faire en sorte que vous n'oubliez pas votre soirée au théâtre Monnot !
Et un dernier mot : Ce pays est un héros. Il tombe 9 fois et se relève 10.
Mon Liban je t'aime.
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